Kornet Chehwane va souffler sa première bougie chez Sfeir Un anniversaire célébré dans des transes électorales

Rendez à César ce qui est à César : c’est à Bkerké, autour de Mgr Sfeir, que les membres de Kornet Chehwane vont célébrer le premier anniversaire de leur groupe à la fin du mois en cours. Une occasion solennelle de faire le point, sinon un premier bilan. Mais aussi de tenter de dissiper les vapeurs que dégage le chaudron des prochaines élections partielles du Metn. Vapeurs qui altèrent la visibilité ambiante en termes de positions, ou d’intérêts, des différentes composantes de la Rencontre. Qui ne sont pas tout à fait sur la même longueur d’onde (de choc) électorale. Il faudra donc voir si les assises de cette coalition vont s’en trouver ébranlées. Ou si, au contraire, grâce sans doute aux sages conseils du patriarcat, l’épreuve va permettre une meilleure cimentation d’un club qui a maintes fois retenti de dissonances notables. Ainsi, l’un des pôles majeurs de l’alliance souligne qu’à plusieurs reprises un camp déterminé proche du pouvoir a tenté d’effriter la Rencontre en jouant sur des contradictions épisodiques. Ces pièges, ajoute la personnalité, Kornet Chehwane a pu les déjouer assez facilement en se référant aux constantes sur lesquelles se fonde son existence même. Mais il n’y avait pas alors d’enjeu vraiment tangible. Par exemple, explique cette source, ceux qui avaient tendance à dévier de la ligne choisie parce qu’ils rêvaient d’un portefeuille ont vite compris que l’Est restait blackboulé par les décideurs et que leurs espoirs étaient infondés. Ils ont donc battu leur coulpe pour revenir à l’orthodoxie opposante. Cette fois par contre, orthodoxie tout court oblige, il y a en jeu un strapontin à la Chambre. Bien évidemment, il y a peu d’appelés pour la bataille directe. Mais les forces de téléguidage ou de soutien sont nombreuses. Chaque turfiste, ou collectif de joueurs, espère faire gagner son poulain. Ou, à tout le moins, aboutir à un bazar avantageux pour retirer ses billes. On est donc en pleines tractations et les enchères, autant que les surenchères négociatoires, se multiplient, au détriment de l’harmonie d’ensemble de l’orphéon. Cette atmosphère légèrement délétère va être au centre de la réunion cyclique que la Rencontre tient ce jeudi même. Sur le plan concret, il va falloir analyser le soutien jumelé de MM. Amine Gemayel et Nassib Lahoud à M. Gabriel Murr. La prise de position des deux leaders a été jugée hâtive. Et hier, le député Farès Souhaid a donné des agapes de premières explications à son domicile, en conviant MM. Gemayel et Lahoud ainsi que nombre de personnalités de Kornet Chehwane. Que va décider la Rencontre ? «Nous ne sommes pas un parti pour nous sentir obligés d’adopter une position unifiée», répond la personnalité citée. Qui avoue ainsi à mi-mot l’existence de tiraillements sous la cendre. Des heurts feutrés qui risquent d’éclater au grand jour, si jamais l’un des membres de la Rencontre se portait lui-même candidat. Et demandait à ses pairs de le soutenir comme représentant du groupe lui-même, ce qui serait logique. Mais pratiquement irréalisable car la règle intérieure prévoit que les décisions se prennent à l’unanimité, ce qui ne saurait être le cas en l’occurrence après les engagements de MM. Gemayel et Lahoud. Alors, la discorde au bout du chemin électoral ? «Ce n’est pas sûr, réplique le pôle mentionné. Certes une figure de proue aussi éminente que M. Gébrane Tuéni peut être tentée par l’aventure de la députation. Et a priori il semble légitime que l’on s’étonne de la précipitation manifestée par MM. Gemayel et Lahoud qui se sont rangés aux côtés de M. Murr (Gabriel) sans trop consulter autrui. Mais il faut comprendre que ces deux leaders sont dans leur région même et qu’ils ont des impératifs qui les motivent directement. De plus, les délais pour faire campagne sont courts. Alors il leur a fallu réagir, pour agir, sans prendre ni de temps ni de gants. En principe, les autres membres de la Rencontre doivent faire montre de compréhension. L’important, n’est-ce pas, reste que M. Murr frère est tout à fait proche de notre propre ligne opposante». Ce témoin soutient ensuite que M. Tuéni n’a pas fait état, du moins devant MM. Gemayel et Lahoud, de son désir d’être candidat. Il faut donc attendre de voir ce que M. Tuéni va proposer à la Rencontre ce jeudi. Les observateurs s’attendent que pour limiter les remous, le groupe laisse la pleine liberté à ses membres, du moment que, n’étant pas un parti, il n’a pas de consignes électorales à leur donner. De son côté, le bâtonnier Antoine Klimos, secrétaire général du Bloc national, indique qu’en matière d’élections, ce parti obéit aux directives de son comité exécutif et fait lui-même ses propres choix, sans s’en remettre à la Rencontre. Me Klimos ajoute que la question va être étudiée aujourd’hui même au parti qui ne prendrait toutefois aucune décision définitive, son chef, M. Carlos Eddé étant en voyage. Philippe ABI-AKL