INSOLITE - Les « Menus-Pièges » de Daniel Spoerri À voir et à manger

Il y aura à voir et à manger, avec l’exposition et les dîners que le Suisse Daniel Spoerri, champion du «Eat-art» des années 60, met en «(s)cène» à la Galerie du Jeu de Paume à Paris, jusqu’au 2 juin. D’abord, à manger. Parce que l’artiste transforme le premier étage du Jeu de Paume en Restaurant Spoerri, du 19 au 28 avril, pour dix dîners très spéciaux de 150 couverts (réservation obligatoire) au prix de 85 euros chacun. «J’aime faire des boulettes» et «Pommes de terre à la Christo» figuraient ainsi au menu du premier dîner de Spoerri, le 19, consacré à l’Art Digestible, précédés évidemment de la très célèbre soupe à la tomate Campbell. Signataire du manifeste des Nouveaux Réalistes en 1960, courant fondé sur l’omniprésence de certains éléments de la vie urbaine – détritus, affiches, voitures, palissades – un menu célèbre, le 22, les compressions de César, les Ballons de Tinguely et le Tir de fléchettes de Niki de Saint-Phalle. Après un «dîner cannibale» de Claude et Franxois-Xavier Lalanne, et un autre, intitulé «Les œufs sont faits», où les convives pourront gagner ou perdre des plats, place sera faite, le 30, à «Menus-Pièges», l’exposition. Elle présente des œuvres historiques de Daniel Spoerri, né en 1930 en Roumanie, mime et danseur à l’origine et qui lança ses dîners «Eat-art» le 2 mars 1963 à Paris, à l’occasion de l’exposition «723 ustensiles de cuisine». On y verra ainsi ses «tableaux-pièges», où les reliefs de repas ont été fixés à la table (ou sur le support du moment) où ils ont été consommés, sorte de réflexion sur le mouvement et la fixité, la vie et la mort. La célèbre «Collection d’épices» sortira pour la première fois du Moderna Museet de Stockholm et voisinera avec le coin du Restaurant Spoerri (ouvert en 1968 à Düsseldorf), mais aussi des œuvres produites par Arman, Beuys, ou Morellet... pour la Eat-art Gallery inaugurée en 1970 au-dessus du Restaurant Spoerri.