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Actualités - OPINION

L’après

Le Pen et second tour : deux termes dont la juxtaposition sonne comme un cauchemar. Mais passé le choc des résultats du premier tour de la présidentielle française, il est urgent de tirer les leçons d’un vote qui a un sens. À l’échelle individuelle, il est grand temps de se souvenir que la démocratie n’est pas un acquis. Elle se conquiert, se mérite, s’entretient et requiert de chacun de nous qu’il se conduise en citoyen responsable. Responsable des conséquences de son vote, responsable des conséquences de son abstention. À ce titre, le Timor-Oriental vient de nous donner une belle leçon en matière de démocratie : plus de 86 pour cent de participation lors de la première élection organisée par la toute jeune nation et le civisme de Francisco Xavier do Amaral qui, malgré le plébiscite attendu et constaté de Xanana Gusmao, a décidé de se présenter pour offrir à ses concitoyens un scrutin réellement démocratique. Une leçon administrée par une toute jeune nation du quart-monde dont la naissance officielle n’est prévue que le 20 mai prochain. Pour les Timorais, la France doit certainement représenter un but à atteindre, en termes d’opulence, de développement, de respect des droits de l’homme. Et pourtant, la France est malade. Derrière la richesse, les avantages sociaux considérables et le confort de vie se cache un véritable malaise. Une société des plus riches n’accepte plus de croiser un clochard à chaque coin de rue ou dans chaque rame de métro. Les habitants d’une des plus grandes puissances mondiales refusent légitimement d’avoir peur de se promener la nuit dans les rues de Paris, et les forces de l’ordre de risquer leur peau à chaque sortie dans une cité. Ce mal-être, ce mal de vivre en France nous a été craché au visage par près de 5 millions de Français, 5 millions d’électeurs qui ont choisi l’extrême droite pour se faire entendre. Les 20 pour cent d’électeurs de Le Pen et de Mégret ne sont pas tous des fascistes en puissance. Si quelques-uns le sont effectivement, il faut espérer que la majorité d’entre eux ne souhaite que lancer un avertissement à ceux qui les gouvernent. Des dirigeants qui, de leurs ministères ou palais, n’ont pas su entendre l’inquiétude de leurs administrés, ou du moins en ont sous-estimé la portée. Si la responsabilité de ce résultat électoral doit être assurément endossée, pour une part, par la classe politique, les électeurs n’en sont pas exempts. La colère ne justifie aucun des raccourcis faciles et racistes sur les causes de ce mal-être. La déception et le ras-le-bol ne peuvent affranchir les citoyens de leurs responsabilités. Il y a eu un avant-premier tour, il y aura un après. Un après que politiciens républicains et citoyens doivent construire ensemble. Le choc a été réel, il faut maintenant espérer que le message est passé. La société française doit sortir grandie de ce séisme et retrouver son civisme, car à trop jouer avec le feu... Émilie SUEUR
Le Pen et second tour : deux termes dont la juxtaposition sonne comme un cauchemar. Mais passé le choc des résultats du premier tour de la présidentielle française, il est urgent de tirer les leçons d’un vote qui a un sens. À l’échelle individuelle, il est grand temps de se souvenir que la démocratie n’est pas un acquis. Elle se conquiert, se mérite, s’entretient et requiert de...