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Les Quinze en état de choc

Les hommes politiques européens redoutent les conséquences de la percée sans précédent du dirigeant d’extrême droite Jean-Marie Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle française, véritable coup de tonnerre dans le ciel de l’Union européenne (UE). Les dirigeants des pays voisins de la France se sont réveillés hier en état de choc au lendemain du résultat historique du Front national, premier parti d’extrême droite à gagner sa place pour le second tour d’une élection en France. Le Premier ministre suédois Goeran Persson a été l’un des premiers chefs de gouvernement européens à réagir en estimant dès dimanche soir que ces résultats, ainsi que le taux record d’abstention, représentaient «un échec pour les deux principaux candidats», Jacques Chirac et Lionel Jospin. Hier, les réactions se sont multipliées, allant de l’inquiétude à la condamnation pure et simple. Le succès de M. Le Pen est «plus qu’une faute de goût», a déclaré le chancelier autrichien Wolfgang Schuessel, qui gouverne pourtant son pays depuis deux ans avec l’extrême droite (FPOE) de Joerg Haider. Cette alliance avait valu à l’Autriche de subir des sanctions de l’Union européenne. En Italie, pays voué aux gémonies par une partie de la classe politique française après l’arrivée au pouvoir du magnat des médias Silvio Berlusconi, la droite s’est surtout félicitée de la déconfiture de la gauche. «La gauche européenne est en crise et n’apparaît plus en mesure de gouverner», s’est réjoui Adolfo Urso, ministre délégué à l’Industrie et membre de l’Alliance nationale (postfasciste). Un constat repris en partie par un dirigeant de la gauche italienne pour qui le vote français «confirme que la poussée de la droite se consolide en Europe» : «l’unique exception est la Grande-Bretagne de Tony Blair», a déclaré Vannino Chiti, un des responsables des Démocrates de gauche (DS). Le Premier ministre britannique a justement tenté de rassurer les Européens en se déclarant confiant que les Français rejetteront «toute forme d’extrémisme». Mais cela n’a pas empêché le président travailliste de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des communes, Donald Anderson, de reprendre à son compte un constat largement partagé en Europe : le message du scrutin de dimanche en France est que «les hommes politiques dans leur ensemble doivent se reconnecter (au pays) et se mettre à l’écoute», a-t-il averti. Cette remise en question apparaît aussi comme une nécessité en Allemagne, où le Parti social-démocrate (SPD) du chancelier Gerhard Schröder a enregistré une défaite sévère dimanche lors d’un scrutin régional. «Le chiffre des voix de l’extrême droite est alarmant», a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, estimant que cette élection donnait «beaucoup à réfléchir». Un sentiment partagé en Espagne, où le ministre de l’Intérieur Mariano Rajoy a estimé que «les circonstances ayant permis à un parti d’extrême droite d’obtenir le soutien qu’il a recueilli doivent faire réfléchir non seulement le Parti socialiste, perdant des élections, mais nous tous». Le président du Parlement européen, Pat Cox, dresse le même constat, soulignant que les résultats du premier tour de l’élection présidentielle française auront probablement des implications «pour toute la classe politique européenne». D’autres dirigeants ont appelé à «la vigilance» contre l’extrême droite, à l’instar du Premier ministre grec socialiste Costas Simitis, ou du président polonais Aleksander Kwasniewski qui a demandé aux «forces démocratiques, proeuropéennes, ouvertes et libérales» de relever le «défi» de cette «vague de nationalisme et d’une certaine xénophobie».
Les hommes politiques européens redoutent les conséquences de la percée sans précédent du dirigeant d’extrême droite Jean-Marie Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle française, véritable coup de tonnerre dans le ciel de l’Union européenne (UE). Les dirigeants des pays voisins de la France se sont réveillés hier en état de choc au lendemain du résultat historique...