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Actualités - ANALYSE

Une droite affaiblie, une gauche en miettes et un parti d’extrême droite en pleine expansion Le paysage politique français bouleversé, les perspectives paraissent confuses

Le paysage politique français apparaît totalement bouleversé au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, avec une droite affaiblie, une gauche en miettes et un parti d’extrême droite en pleine expansion. Et si la victoire du président de droite sortant Jacques Chirac face au candidat du Front national Jean-Marie Le Pen ne fait aucun doute, lors du second tour de l’élection présidentielle le 5 mai, personne ne se risque à un pronostic pour les législatives de juin. Les Français se sont divisés dimanche presque à égalité en quatre groupes : les abstentionnistes (27,6 %), les extrémistes de gauche (10,3 %) et de droite (environ 20 %), la gauche de gouvernement (environ 30 %) et la droite parlementaire (environ 30 %). Pour tous les commentateurs, ces résultats traduisent une grave crise du système politique français avec une atomisation des forces politiques qui risque d’aboutir à une situation de blocage institutionnel. Jacques Chirac va bénéficier, fait sans précédent, du ralliement d’une énorme partie de la gauche qui a annoncé sa volonté de faire barrage à l’extrême droite. Les trois principales composantes de la gauche plurielle au pouvoir depuis 1997 – socialistes, communistes et écologistes – ont toutes appelé lundi à voter pour le président sortant. Le Parti socialiste du Premier ministre sortant Lionel Jospin a notamment appelé à «faire barrage» à Jean-Marie Le Pen, «un danger pour la République». M. Chirac sera plébiscité le 5 mai, selon les premières études d’opinion, mais cette victoire ne lui assure pas les moyens de diriger le pays. La droite parlementaire comme la gauche de gouvernement sortent de ce scrutin affaiblies, divisées et décrédibilisées avec pour perspective des élections législatives très rapprochées, les 9 et 16 juin, leur donnant très peu de temps pour se remettre en ordre de bataille. À droite Jacques Chirac, un homme discrédité par les affaires politico-judiciaires, n’a obtenu que 19,6 %, le plus faible score pour un président sortant. Son allié de la droite libérale (DL) Alain Madelin est en perte de vitesse à 3,6 %. Seul François Bayrou du centre-droit (UDF) tire son épingle du jeu avec 6,9 %. À gauche la situation est bien plus grave. Le Parti socialiste au pouvoir depuis cinq ans est désavoué avec les 16 % remportés par M. Jospin. Le Parti communiste, allié le plus à gauche, signe son avis de décès avec 3,4 %. Les Verts, un mouvement qui était marginal, limitent les dégâts avec 5,3 %. La candidature de l’ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement, qui a remporté 5,3 %, aggrave la défaite de la gauche au pouvoir tandis que le bon score de l’extrême gauche à 10,3 % confirme un fort refus de la gauche gestionnaire dans l’électorat de gauche. Mais comment des partis aussi divisés vont-ils pouvoir reconstruire une dynamique pour les élections législatives si proches : c’est la question que tous les commentateurs et analystes se posaient lundi. Le PS a toutefois commencé hier à se mettre en ordre de bataille derrière son premier secrétaire François Hollande pour vaincre la droite aux législatives de juin. Paradoxalement, à droite, l’incertitude règne sur les possibilités de gagner les législatives, même après la victoire attendue de Jacques Chirac le 5 mai, qui lui donneraient les moyens de gouverner. «Le résultat du premier tour de la présidentielle, que personne ne prévoyait, oblige en effet à envisager un scénario tout aussi incroyable : après la victoire de Jacques Chirac, l’arrivée de la gauche à Matignon suite à un succès législatif», écrit lundi le quotidien de droite Le Figaro. Les trois principales formations de droite RPR (parti de M. Chirac), l’UDF et DL vont devoir «s’imposer la règle de la candidature unique à droite» pour battre la gauche, souligne le journal. « Pas de commentaire » à Washington Les États-Unis ne feront pas de commentaire sur le succès du candidat d’extrême droite Jean-Marie Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle en France, a déclaré un responsable du département d’État sous couvert d’anonymat. «Nous n’avons pas l’intention de faire de commentaires sur Le Pen», a-t-il déclaré. «La France est un bon ami et un allié. Nous suivons leur politique avec intérêt, mais il s’agit d’une affaire intérieure», a-t-il ajouté. Le porte-parole du département d’État (ministère des Affaires étrangères) Richard Boucher devait se faire l’écho de cette position au cours de son point de presse dans la journée. Les lycéens dans la rue « contre la haine » Des milliers de lycéens ont manifesté hier dans toute la France contre le candidat d’extrême droite Jean-Marie Le Pen. Dans l’Est de la France, ils étaient 1 500 lycéens à Lyon, selon la police, 900 à Chaumont, 600 à Reims, un millier à Besançon. Dans l’Ouest, ils étaient 600 à Rouen, plusieurs milliers à Rennes. Dans le Sud, plus de 1 500 jeunes ont manifesté «contre la haine» à Marseille, plusieurs centaines à Toulouse, un millier à Carpentras, 500 à Toulon et 600 à Avignon. Enfin, ils étaient près d’un millier au sud de Paris et près de 3 000 à Angers. Les manifestants, qui ont «séché» leurs cours pour défiler dans les rues, ont crié des slogans tels que «F comme fasciste, N comme nazi», «Nous sommes tous des enfants d’immigrés» ou bien «Le Pen, facho, le peuple aura ta peau», «Le Pen t’es foutu, le peuple est dans la rue». À Paris, une manifestation de jeunes a eu lieu au cours de la nuit de dimanche à lundi, rassemblant, selon la police, 15 000 personnes. Des incidents, notamment des bris de vitrines, ont émaillé cette manifestation. Deux policiers ont été légèrement blessés et trente contrôles d’identité effectués.
Le paysage politique français apparaît totalement bouleversé au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, avec une droite affaiblie, une gauche en miettes et un parti d’extrême droite en pleine expansion. Et si la victoire du président de droite sortant Jacques Chirac face au candidat du Front national Jean-Marie Le Pen ne fait aucun doute, lors du second tour de...