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Actualités - ANALYSE

La droite et la gauche appellent à voter pour le président sortant afin de faire échec à Le Pen Un front républicain se constitue autour de Chirac

Au lendemain de la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l’élection présidentielle, un front républicain s’est ébauché en faveur de Jacques Chirac et des manifestations contre l’extrême droite ont été organisées à Paris et en province. La France a connu dimanche un séisme électoral, avec un taux d’abstention record de 28,07 %, une forte poussée des extrêmes et un assèchement de la gauche plurielle, notamment du Parti communiste, sorti laminé des urnes. Pour le second tour entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen le 5 mai, les premiers sondages d’intentions de vote ne laissent apparemment aucun doute sur la réélection du président sortant à une écrasante majorité, avec près de 80 % des voix. Jacques Chirac part pourtant à la bataille avec un socle de premier tour de 19,88 % des voix, le plus faible score d’un président sortant de la Ve République. Jean-Marie Le Pen, qui a obtenu 16,86 % des voix et dont la présence au second tour n’était pas pronostiquée par les sondeurs, affirme croire en ses chances au second tour. Jacques Chirac, qui, jusqu’à tard dimanche soir, n’a pas voulu croire à l’élimination du Premier ministre socialiste Lionel Jospin, s’est rapidement posé en «rassembleur» de la nation et a appelé les électeurs à un «sursaut démocratique». Il a reçu le soutien naturel des deux principaux autres candidats de droite, éliminés au premier tour, l’UDF François Bayrou et le DL Alain Madelin, qu’il a reçus à son siège de campagne, au Tapis rouge. Les dirigeants de la gauche n’ont pas tardé à appeler au réflexe républicain face à l’extrême droite. Noël Mamère, candidat vert, avait appelé dès dimanche soir à «organiser la riposte pour faire barrage» à Jean-Marie Le Pen. François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, encore sous le choc du score de 16,14 % réalisé par Lionel Jospin, l’a fait à contrecœur lundi en début d’après-midi. «Bien sûr, Jacques Chirac est notre adversaire dans le cercle de la démocratie. Mais Jean-Marie Le Pen est un danger pour la République. Dès lors, notre choix sera forcément celui de la République», a-t-il dit après un bureau national du PS. «Quand vous votez contre Jean-Marie Le Pen, vous votez forcément pour le candidat qui reste (...) Entre deux bulletins Le Pen ou Chirac, nous votons Jacques Chirac», a-t-il précisé. François Hollande a cependant tenu à réaffirmer, comme tout au long de la campagne du premier tour, que pour le PS, Jacques Chirac avait été un «mauvais président». «Je voterai Jacques Chirac mais ce n’est pas un vote d’adhésion à Jacques Chirac, a-t-il souligné. C’est un choix purement républicain». «Le comité exécutif et la présidence (du Parti communiste) appellent à utiliser le bulletin de vote Chirac pour faire en sorte que le candidat Le Pen soit le plus bas possible», a annoncé de son côté Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF. Cette position sera soumise au Conseil national, le «Parlement du parti», qui doit se réunir mardi et vendredi pour tirer les leçons de l’échec historique du premier tour, où Robert Hue a obtenu 3,4 % de suffrages, derrière deux candidats trotskistes, Arlette Laguiller (LO) et Olivier Besancenot (LCR). Encore sous le coup de la «divine surprise» du premier tour, Jean-Marie Le Pen a affiché sa confiance. «Nous allons au second tour battre une armée en déroute», a-t-il lancé en arrivant à son siège de campagne lundi matin. Il a appelé les «patriotes, les souverainistes et les républicains authentiques» à voter pour lui le 5 mai «pour s’opposer à l’Europe technocratique de Bruxelles et créer une véritable force populaire de défense de l’indépendance nationale et d’opposition au mondialisme». Il a aussi appelé les abstentionnistes du premier tour à le rejoindre au second tour avant de s’en prendre à Jacques Chirac qu’il a qualifié d’«homme de l’établissement, du Medef, des HLM de Paris, de la mairie de Paris, de Jean-Marie Messier et de quelques autres lieux découverts à marée basse». Jean-Marie Le Pen s’est dit prêt à débattre avec le président sortant mais a précisé qu’aucun contact n’avait encore été pris. «Il semble qu’on soit réticent, il semble qu’on se prenne pour un dieu de l’Olympe, qu’on ne veuille pas discuter avec un simple mortel», a-t-il ironisé. Roselyne Bachelot, porte-parole du candidat Chirac, est revenue lundi sur le principe d’un débat Chirac-Le Pen dans l’entre-deux tours, soulignant que le président sortant n’avait guère d’«appétit» pour une telle rencontre. Jean-Marie Le Pen a précisé qu’il tiendrait deux grands meetings d’ici au second tour, à Marseille et à Lyon. Jacques Chirac, qui a rencontré en fin d’après-midi les parlementaires de l’actuelle opposition RPR-UDF-DL, à Paris, tiendra mardi soir un meeting à Rennes. Tandis que la gauche éclatée se retrouve sans leader – Lionel Jospin ayant confirmé son retrait de la vie politique –, c’est dans la rue que s’est exprimé le rejet du Front national. Des manifestations, principalement le fait de lycéens, se sont déroulées dans plusieurs villes de France. L’association Ensemble contre la peine de mort, qui proteste contre le projet de Jean-Marie Le Pen de rétablir la peine capitale en France, a décidé d’organiser dès lundi soir des rassemblements quotidiens, avec pour slogan «Le Pen, c’est l’anti-France». Le véritable test aura lieu le 1er mai, la gauche politique et syndicale ayant décidé de ne pas laisser la rue à Jean-Marie Le Pen, qui organise chaque année, le jour de la fête du Travail, un défilé en l’honneur de Jeanne d’Arc.
Au lendemain de la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l’élection présidentielle, un front républicain s’est ébauché en faveur de Jacques Chirac et des manifestations contre l’extrême droite ont été organisées à Paris et en province. La France a connu dimanche un séisme électoral, avec un taux d’abstention record de 28,07 %, une forte poussée des...