Proche-Orient - Six Palestiniens et un soldat israélien tués dans les Territoires Rencontre Arafat-Burns, la Nativité théâtre de combats intenses

Le président palestinien Yasser Arafat a rencontré hier le secrétaire d’État adjoint américain Williams Burns dans son QG assiégé de Ramallah, tandis que six Palestiniens et un soldat ont été tués en Cisjordanie et à Gaza. Dans la bande de Gaza, l’armée a tué trois Palestiniens, un homme qui tentait apparemment de s’infiltrer dans une colonie juive et deux policiers. En Cisjordanie, deux activistes du mouvement islamiste Hamas et un soldat israélien ont été tués dans un accrochage, et un autre Palestinien a été tué près de Naplouse. Lors de ses entretiens avec M. Burns, M. Arafat a réaffirmé «la nécessité d’un retrait total d’Israël de toutes les villes, de tous les villages et camps de réfugiés palestiniens» en Cisjordanie, a déclaré son conseiller Nabil Abou Roudeina. Gidéon Méir, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, a indiqué que le Premier ministre Ariel Sharon entendait maintenir M. Arafat «isolé». M. Sharon a annoncé dimanche la fin de la «première phase» de l’offensive militaire en Cisjordanie, lancée le 29 mars, qui a coûté la vie à quelque 200 Palestiniens et trente soldats israéliens, mais affirmé que la lutte d’Israël «contre le terrorisme» se poursuivrait sous une nouvelle forme. L’armée s’est retirée dimanche de Naplouse et Ramallah, mais continue d’encercler le QG de M. Arafat dans cette ville. Pour desserrer l’étau de M. Arafat, elle exige la reddition de cinq Palestiniens recherchés pour le meurtre du ministre israélien Rehavam Zeevi et celle d’un sixième accusé de trafic d’armes. En outre, dix militants étrangers propalestiniens, dont huit Français, sortis volontairement du QG assiégé de M. Arafat à Ramallah, ont été interpellés par l’armée israélienne et devaient être ensuite expulsés. Les soldats, qui occupent toujours la ville de Bethléem, maintenaient un strict blocus autour de la basilique de la Nativité où les 200 assiégés palestiniens, dont 30 recherchés par Israël qui exige leur reddition et leur jugement en Israël ou l’exil, commençaient à manquer de vivres. En soirée, des Palestiniens armés retranchés dans la basilique ont échangé des tirs nourris durant près de 45 minutes avec les forces israéliennes qui les assiègent. L’armée israélienne a affirmé que les Palestiniens avaient ouvert le feu «depuis plusieurs positions dans l’enceinte de la basilique, y compris de l’édifice lui-même» sur des soldats qui se trouvaient à l’extérieur. Les combattants palestiniens, à l’intérieur de l’édifice religieux, ont accusé les soldats d’avoir tenté de prendre d’assaut la basilique, en l’enveloppant dans un premier temps d’un grand nuage de fumée blanche. Un des Palestiniens, contacté par téléphone, a confirmé que les tirs étaient échangés entre des soldats israéliens et des combattants retranchés et rapporté que les militaires avaient lancé une grenade lacrymogène dans l’enceinte de l’église. Un autobus a pris feu près de l’église Sainte-Catherine, adjacente à la basilique, et un incendie s’est également déclaré non loin de là. Une pièce du couvent orthodoxe dans le complexe de la Nativité a également pris feu, selon ce Palestinien joint dans l’église. De son côté, le ministre palestinien de l’Information, Yasser Abed Rabbo, a accusé M. Sharon de préparer l’assassinat de M. Arafat. «Nous savons qu’il y a des discussions parmi les Israéliens sur la façon de donner l’assaut au complexe sans faire de mal au président, mais je ne vois pas comment ils pourraient le faire sans lui porter atteinte», a-t-il indiqué. «Nous avons envoyé un mémorandum à tous les pays pour leur dire que la prochaine phase du plan de Sharon est d’assassiner le président Arafat», a ajouté M. Abed Rabbo. La presse israélienne a rapporté dimanche que des responsables de sécurité étudiaient les moyens d’entrer dans le bâtiment où M. Arafat est encerclé avec une poignée de fidèles. Mais M. Sharon, qui a répété récemment «regretter» de ne pas avoir «liquidé» M. Arafat à Beyrouth en 1982 lors de l’invasion israélienne, a réaffirmé son engagement auprès du président américain, George W. Bush, de ne pas porter «atteinte physiquement» au président palestinien. Par ailleurs, la garde à vue de Marwan Barghouti, le chef du Fateh en Cisjordanie, arrêté le 15 avril par l’armée israélienne à Ramallah, a été prolongée de 25 jours hier sur ordre d’un juge militaire, a rapporté l’agence israélienne Itim. Projet de résolution anti-Arafat à la Chambre des représentants US La Chambre des représentants au Congrès américain pourrait avoir à se prononcer dès aujourd’hui sur une résolution accusant le président palestinien Yasser Arafat de «soutenir et coordonner le terrorisme», a-t-on appris de source parlementaire. Cette résolution exprime «la solidarité avec Israël» des parlementaires américains, alors que ce pays «prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de son peuple en démantelant l’infrastructure terroriste dans les zones palestiniennes». Elle accuse par ailleurs Yasser Arafat de «soutenir continuellement et de coordonner le terrorisme», et met en doute le fait qu’il puisse encore être qualifié de «partenaire pour la paix». Cette résolution non contraignante bénéficie d’un soutien au sein des deux partis démocrate et républicain, selon des sources parlementaires. Le Congrès, largement favorable à Israël, met une pression certaine sur l’Administration Bush pour qu’elle adopte une ligne dure contre M. Arafat. La police expulse des familles palestiniennes à Jérusalem-Est La police israélienne expulsait lundi tard dans la soirée neuf familles palestiniennes résidant dans des maisons réclamées par des colons juifs à Jérusalem-Est, selon des sources concordantes policières et palestiniennes.