Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

ENQUÊTE Les formations palestiniennes divisées sur la réactivation du front du Liban-Sud

L’ouverture d’un front au Liban-Sud sert-elle la cause palestinienne ou plutôt les intérêts d’Israël ? Cette question, plusieurs fois posée, est plus que jamais à l’ordre du jour, plus exactement depuis le début de la campagne militaire israélienne contre les territoires autonomes. Exprimée par une «rue arabe» en ébullition et un peuple palestinien en exil qui ne demande qu’à voler au secours de ses compatriotes, cette requête est devenue source d’inquiétude pour les Libanais, qui craignent un nouvel embrasement sur la frontière sud. L’implication récente du Front populaire de libération de la Palestine – Commandement général, d’Ahmad Jibril ( FPLP-CG) dans l’attaque sur le mont Hermon n’a fait que raviver les craintes d’un retour au «Fateh Land». Unis dans le malheur et soudés autour de leur chef Yasser Arafat qui a réussi à restituer son image emblématique, les formations palestiniennes se disent aujourd’hui plus fédérées que jamais. Sauf peut-être sur la question du réchauffement du front à la frontière libano-israélienne, un sujet qui continue de diviser les responsables palestiniens à l’intérieur des camps de réfugiés au Liban. Le FPLP-CG se prononce ainsi«pour l’ouverture de tous les fronts arabes à la résistance nationale» (comme l’a indiqué le porte-parole de cette formation Abou Rouchdi à L’Orient-Le Jour du jeudi 18 avril). Il est rejoint par le Jihad islamique qui estime que le réchauffement du front le long de la ligne bleue ne peut que se répercuter positivement sur la situation dans les territoires occupés, dans la mesure où il «allège la pression sur les Palestiniens de l’intérieur». Quant au Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), d’Ahmad Saadad (successeur de Georges Habache), il se démarque totalement des deux premières formations, en dénonçant toute forme de résistance palestinienne «qui ne prend pas sa source en Palestine même». Rejoignant le poète palestinien Mahmoud Darwiche qui disait il y a quelques jours encore au stade de la Cité sportive que «la libération des territoires occupés passe inéluctablement par la Palestine», Marwan Abdel Aal, membre du bureau politique du FPLP, souligne la position de sa formation : «Toute stratégie palestinienne doit se fonder sur la détermination du champ du conflit aussi bien que sur ses objectifs. Nous estimons que ce champ se trouve en Palestine et nulle part ailleurs», dit-il. Estimant que «le déplacement du champ de bataille de l’extérieur sur la scène intérieure a constitué une victoire en elle-même pour la cause palestinienne», M. Abdel Aal souligne que l’intifada menée sur le sol même de la Palestine est venue se substituer aux combats qui se déroulaient sur la scène libanaise dans les années quatre-vingt, amorçant ainsi un changement politique radical au niveau du mouvement palestinien. Pour le FPLP, la stratégie actuelle de l’État d’Israël est de pousser le Liban à alimenter la guerre sur son front. «Nous n’offrirons pas à l’ennemi cette récompense sur un plateau d’argent, dit-il, à savoir un conflit déclenché de l’extérieur. Nous sommes clairement opposés à une lutte à partir de l’exil». Abou Imad Rifaï, responsable du Jihad islamique au Liban, se prononce, lui, en faveur d’une «résistance globale», non seulement à partir du Liban-Sud, mais de toutes les frontières arabes. «Nous aspirons à ce que tous les fronts s’ouvrent face à l’ennemi», dit-il, surtout que ce dernier ne peut comprendre autre chose que le concept de guerre totale», lance Abou Imad. En raison de la passivité d’un monde arabe «incapable de faire face à l’occupation, aussi bien politiquement que militairement» pour arrêter cette guerre, «tous les fronts doivent être ouverts pour soulager les Palestiniens de l’intérieur et atténuer la pression exercée sur eux», poursuit-il. Le peuple palestinien en exil doit défendre ce qu’il qualifie de «forteresse de la cause arabe», incarnée par la question palestinienne, devenue la cause de l’ensemble du monde arabe et musulman. Et Abou Imad d’ajouter, en faisant allusion au siège de la basilique de la Nativité : «Il s’agit d’une guerre menée contre les musulmans et les chrétiens avec tout ce que la Palestine recèle comme sites sacrés propres aux deux religions». Reconnaissant toutefois qu’aucune décision unifiée n’a été prise au sujet d’un éventuel front au Liban-Sud, au niveau des formations palestiniennes «à cause de toutes les complications issues de la présente situation», Abou Imad Rifaï affirme que si «les agressions contre le peuple palestinien se poursuivent, toutes les possibilités sont à envisager et non seulement à la frontière libanaise». Jeanine JALKH
L’ouverture d’un front au Liban-Sud sert-elle la cause palestinienne ou plutôt les intérêts d’Israël ? Cette question, plusieurs fois posée, est plus que jamais à l’ordre du jour, plus exactement depuis le début de la campagne militaire israélienne contre les territoires autonomes. Exprimée par une «rue arabe» en ébullition et un peuple palestinien en exil qui ne demande...