« Préoccupation » US, mais pas d’« avertissement » à Beyrouth

Le secrétaire d’État américain Colin Powell a adressé aux dirigeants libanais qu’il a rencontrés hier un message clair dont il ressort que «l’escalade dans le secteur des fermes de Chebaa ainsi que les violations de la ligne bleue (tracée par l’Onu à la suite du retrait israélien en mai 2000) doivent cesser». C’est ce qu’ont indiqué hier soir des sources ministérielles à la suite de la rencontre que le chef du gouvernement Rafic Hariri a tenue au Grand Sérail avec M. Powell en présence de six ministres, Mahmoud Hammoud, Élias Murr, Ghassan Salamé, Marwan Hamadé, Fouad Siniora et Khalil Hraoui. Les sources en question ont souligné sur ce plan que M. Powell ne s’est pas trop attardé sur cette question et n’a pas tenu à obtenir un engagement de Beyrouth à ce sujet, convaincu sans doute que la clé du problème se trouve plus en Syrie qu’au Liban. Il reste que le secrétaire d’État a exprimé franchement sa préoccupation concernant une éventuelle action militaire que le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, pourrait lancer contre le Liban si l’escalade se poursuit à la frontière avec le Liban. Les sources ministérielles susmentionnées ont toutefois minimisé la portée de la «préoccupation» exprimée par M. Powell, affirmant qu’il ne s’agissait là nullement d’un «avertissement» ou d’un «ultimatum» transmis au pouvoir par le chef de la diplomatie américaine. Il n’en demeure pas moins que le secrétaire d’État n’a pas manqué de souligner qu’il avait besoin de «rétablir un climat de calme, non seulement en Palestine, mais aussi le long de la ligne bleue entre Israël et le Liban» afin que ses efforts en vue d’aboutir à un règlement entre Israéliens et Palestiniens soient couronnés de succès. Les sources ministérielles précitées – qui relèvent que les six ministres qui ont participé à la rencontre du Grand Sérail n’ont pas placé un mot lors de la réunion – ajoutent que M. Powell a exprimé sa «compréhension» concernant le refus du gouvernement d’envoyer l’armée libanaise au Sud, mais il a cependant insisté sur le fait que les autorités devraient tout mettre en œuvre afin de rétablir le calme à la frontière. M. Powell a soulevé ce point aussi bien à Baabda qu’au Grand Sérail. «Le président Bush est soucieux de voir le calme rétabli et de mettre un terme aux violations le long de la ligne bleue», a déclaré le secrétaire d’État. Ce à quoi le président Lahoud et M. Hariri ont rétorqué en rappelant que les forces régulières ont appréhendé les éléments incontrôlés qui tentaient de lancer des roquettes en direction du nord d’Israël. En tout état de cause, les sources ministérielles en question soulignent qu’indépendamment de la teneur des discussions à Baabda et au Grand Sérail, la visite de M. Powell à Beyrouth constitue en soi un développement positif pour le Liban. Khalil FLEYHANE