Nan Goldin : mémoires sur pellicule(PHOTO)

La photographie est un art, on l’oublie parfois, qui a ses vedettes, ses fidèles et ses aficionados... Un art qui combat le temps, puisque grâce à lui l’instant est fixé en image... Comme tout art, la photo aussi a ses vedettes. Moins connues que celles du clavier ou de la peinture, elles ne réussissent pas moins des œuvres capitales. Nan Goldin, Américaine installée à Paris, fait partie de ces grands de l’objectif, sachant parer l’instant d’une valeur qui échappe au regard furtif des profanes. Depuis une trentaine d’années, elle fixe l’image de son univers. Amis, passants, scènes intimes ou mouvements de foule, paysages ou moments intenses sont captés par un objectif insatiable qui dresse une fresque de la vie contemporaine. Le Centre Georges Pompidou lui a consacré cet automne une exposition majeure. «Tout a commencé quand j’avais 14 ans, confie-t-elle à la presse. J’habitais à Washington et j’étais partie de chez moi pour aller vivre dans une communauté hippie. On m’a donné un Polaroid et, comme j’étais très timide, j’ai trouvé là un moyen de communiquer avec les autres... Cet appareil me donnait un moyen de communiquer avec le monde tout en étant sûre que rien de ce que je vivais ne serait déformé puisqu’il y avait la preuve de la photo...», confie-t-elle aujourd’hui. Nan Goldin photographie les gens qu’elle aime et partage alors, de son propre aveu, des moments de communications très forts. Nan Goldin reconnaît à la photo une dimension quasi mystique. «Ça n’a rien à voir avec la religion, précise-t-elle. Êtres et objets parlent à la fois de douleur et de plaisir, de mort et de vie... Trente ans durant, je suis sortie toutes les nuits jusqu’à l’aube. Dormir me semblait une impardonnable perte de temps». Nan Goldin est considérée aujourd’hui, à 47 ans, parmi les plus célèbres photographes des États-Unis. L’immense succès de ses clichés semble lui donner raison de combattre le sommeil avec autant de conviction...