Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Bosnie Un rapport néerlandais atténue les responsabilités des soldats bataves à Srebrenica (PHOTO)

Un rapport officiel publié hier aux Pays-Bas sur le massacre de Srebrenica en 1995 met l’incapacité du bataillon néerlandais à défendre la population de l’enclave sur le compte de l’empressement des autorités néerlandaises à se lancer dans une «mission impossible». En juillet 1995, plus de 7 500 musulmans de Srebrenica ont été portés disparus, présumés tués par les forces serbes de Bosnie qui s’étaient emparées de cette enclave, officiellement zone de sécurité de l’Onu depuis 1993. Intitulé «Srebrenica, une zone de “sécurité” – Reconstruction, antécédents, conséquences et analyses de la chute d’une zone de sécurité» –, ce rapport détaille les événements qui ont conduit à ce massacre tout en analysant les responsabilités à l’origine du drame. Établi par l’Institut néerlandais de documentation sur la guerre (NIOD) à la demande du gouvernement des Pays-Bas, il conclut après plus de cinq ans de recherche que «les considérations humanitaires et les ambitions politiques ont poussé les Pays-Bas à se lancer dans une mission de paix irréfléchie et pratiquement irréalisable». Par négligence, «un grand nombre de tenants de cette politique ont pris une lourde responsabilité», dit le rapport, citant la classe politique néerlandaise et la hiérarchie militaire. Le NIOD montre également du doigt les médias, à qui il reproche d’avoir donné l’impression que les soldats néerlandais étaient indifférents au sort de la population musulmane. Le NIOD blâme surtout le mandat de l’Onu confié aux soldats, facteur «d’enlisement» de leur mission et cause indirecte du massacre. Peu nombreux (200 hommes), faiblement armés, pris entre deux feux adverses, contraints à l’impartialité et à ne riposter que s’ils étaient directement pris pour cible, plongés dans «l’illusion de la zone de sécurité», les soldats néerlandais étaient restreints dans leur marge de manœuvre, affirment les auteurs. Ceux-ci rejettent toute accusation de «collaboration» – selon un terme employé par un Casque bleu néerlandais – du bataillon avec l’assaillant serbe. Reconnaissant que le général Ratko Mladic, chef militaire des Serbes de Bosnie, a décidé de prendre la totalité de l’enclave «face au manque de résistance armée» des Casques bleus néerlandais, les auteurs estiment cependant que toute action des Néerlandais pour tenter de défendre Srebrenica était «contraire aux instructions de l’Onu». Pour contrer les Serbes, le bataillon comptait sur une intervention aérienne, ce qui avait été exclu par les responsables de la Forpronu (Force de protection de l’Onu). Le NIOD rejette à ce propos l’hypothèse selon laquelle le général Bernard Janvier, chef de la Forpronu, aurait conclu un accord de non-intervention aérienne avec le général Mladic, en échange de la libération d’otages français détenus par les Serbes de Bosnie. Pour le NIOD, les forces aux ordres du général Mladic sont les premiers responsables du massacre. Il indique n’avoir pas trouvé d’indications selon lesquelles Belgrade aurait ordonné ou soutenu les tueries. Quant au «tri» de la population auquel les soldats néerlandais ont participé, le NIOD le qualifie «d’allant de soi, même si dans les faits c’était une participation à la purification ethnique» vu la «menace d’épidémie et la volonté des musulmans eux-mêmes de partir au plus vite». D’autre part, «le commandement du bataillon ne pouvait pas se douter que cela aboutirait aux massacres, même s’il avait conscience de l’avenir incertain des hommes», estiment les auteurs. Le manque d’initiative politique de La Haye à l’heure du massacre est mis sur le compte d’une mauvaise communication avec la hiérarchie militaire néerlandaise. Selon les auteurs du rapport, l’état-major néerlandais aurait diminué la gravité des faits pour ne pas ternir l’image de l’armée.
Un rapport officiel publié hier aux Pays-Bas sur le massacre de Srebrenica en 1995 met l’incapacité du bataillon néerlandais à défendre la population de l’enclave sur le compte de l’empressement des autorités néerlandaises à se lancer dans une «mission impossible». En juillet 1995, plus de 7 500 musulmans de Srebrenica ont été portés disparus, présumés tués par...