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Actualités - OPINION

Le jeu dangereux des ripostes graduées Avertissements européens feutrés aux autorités libanaises

Les formes (diplomatiques) y sont, mais l’avertissement est clair : le Liban officiel doit respecter les engagements pris à l’égard des USA, de l’Union européenne et de l’Onu de faire respecter le calme au Sud. C’est ce que répète à l’envi un ambassadeur européen, qui précise que le pouvoir de ce pays doit intercepter tout pêcheur en eau trouble, tout contrevenant au dispositif d’ordre dans la région frontalière. Tandis qu’Israël, de son côté, est tenu de ne pas transgresser la ligne bleue. Il n’empêche qu’imperturbables les responsables du cru continuaient à soutenir, hier en matinée, que la résistance lit bien les donnes. Qu’elle sait ce qu’elle fait et ce qu’elle ne doit pas faire, en termes de volume, de timing et de localisation de ses opérations. Selon les officiels, la résistance ne doit pas faire mettre en question la crédibilité de l’État, à travers le test sur le terrain au Sud. Le président Lahoud a toujours soutenu et défendu la résistance, refusant qu’on la classe comme terroriste. Il en attend aujourd’hui qu’à son tour, elle se tienne aux côtés de l’État, et il se soucie avant tout de l’intérêt national supérieur qui interdit toute surenchère. Le président de la République, ajoutent ces sources, sait quand il faut agir sur le terrain et quand il convient de recourir à la voie diplomatique. Ce qui semble être le cas aujourd’hui, la majorité écrasante du pays étant opposée à l’ouverture d’un front au Sud. D’autant que, la peur au ventre, les Libanais voient s’amonceler de lourds nuages au Sud. Et se demandent, inquiets : mais qui a donc intérêt à ouvrir ce front ? La résistance libanaise ? Des groupes palestiniens qui n’ont plus rien à perdre ? Ne serait-ce pas plutôt Israël ? Naviguant sur la crête des nuances, le Liban officiel répète donc qu’il est pour le maintien du calme dans la région frontalière. Mais que la résistance garde un droit relatif de s’exprimer par les armes dans l’enclave toujours occupée de Chebaa. En tout cas la volonté ferme de ne pas amorcer la bombe a été communiquée aux États-Unis via leur ambassadeur, M. Vincent Battle, ainsi qu’à l’Onu et à la Finul par le truchement de leurs délégués. Les autorités libanaises ont démontré leur détermination en capturant des éléments palestiniens qui avaient tiré des roquettes ou des obus de mortier à travers la frontière comme sur la zone de Chebaa. Pour provoquer sans doute une riposte israélienne d’envergure contre le Liban. Ce qui allégerait le poids des attaques et des pressions subies par leurs compatriotes des Territoires. Selon les officiels libanais, la situation ferait l’objet d’une étroite coordination avec les forces partisanes présentes sur le terrain. Afin de la garder sous contrôle, le Liban ne pouvant aller à la confrontation directe avec Israël que dans le cadre d’un plan arabe concerté. Qui n’existe pas, comme nul ne l’ignore. Ces responsables répètent que les tentatives de débordements palestiniennes ne servent qu’à mettre en péril ce pays, son infrastructure et son économie. En une formule concise, ces officiels, qui ont l’air de croire que la résistance partage leur avis, soulignent que Chebaa n’est pas plus précieux que le Liban. Tout comme le Golan n’est pas plus précieux que la Syrie. C’est-à-dire que les actions au Sud devraient rester limitées à Chebaa, et limitées également dans leur intensité. Pour se prémunir d’une réaction disproportionnée. Mais aussi, ou peut-être surtout, pour préserver l’union intérieure. Ce qui est vital pour un pays qui a traversé tant d’épreuves, tant de guerres. Un pays qui a tant payé pour les Arabes ou pour les Palestiniens pendant 15 ans. Les Libanais se sont tous rangés derrière la résistance pour la libération du Sud et l’application de la 425. Mais aujourd’hui, ils sont loin d’être tous d’accord en ce qui concerne la lutte armée pour Chebaa. En tout cas, et en principe, il n’est pas du droit d’une fraction ou d’un parti d’imposer une nouvelle guerre au pays qui n’est pas encore rétabli de ses précédentes blessures. Toute position au sujet du Sud doit être étayée par une forte majorité populaire. La résistance, qui a le Hezbollah pour fer de lance, est-elle bien du même avis ? La question reste posée. Émile KHOURY
Les formes (diplomatiques) y sont, mais l’avertissement est clair : le Liban officiel doit respecter les engagements pris à l’égard des USA, de l’Union européenne et de l’Onu de faire respecter le calme au Sud. C’est ce que répète à l’envi un ambassadeur européen, qui précise que le pouvoir de ce pays doit intercepter tout pêcheur en eau trouble, tout contrevenant...