David et Goliath ; Sharon et Arafat

Bienheureux les artisans de paix ! L’histoire, dit-on, est un éternel recommencement, mais on dit aussi que l’histoire ne remet jamais ses pas dans les pas de l’histoire. Paradoxe ? Non ! Simple nuance ! On recommence, mais pas de la même façon. Jadis, un peuple guerrier, agressif, voire arrogant, toisait du haut de sa grandeur et de sa puissance un peuple en apparence faible, revenu d’un long exil pour s’implanter dans ce qu’il appelait «la Terre promise». Les Philistins, ancêtres des Palestiniens, occupaient le territoire et ne voulaient pas de ces nouveaux venus qu’étaient les Hébreux. Un combat symbolique allait les opposer : David, l’Hébreu, terrasse avec un lance-pierre Goliath le géant philistin, armé jusqu’aux dents. Auparavant, Samson l’Hébreu détruisit le temple sur lui-même et sur les Philistins. Finalement, c’est le faible qui triomphe et le fort qui est défait. David assoit un royaume appelé à durer de longues années et dont toute la splendeur allait éclater avec Salomon le sage. Aujourd’hui que se passe-t-il ? David est devenu Goliath et il s’appelle peut-être Sharon, et Goliath est devenu David et c’est peut-être un peu Arafat. Les Hébreux devenus les Israéliens occupent la Palestine. Ils sont armés jusqu’aux dents et paraissaient, il y a encore à peine trois ans, invulnérables. Les Philistins, devenus les Palestiniens, sont démunis, ils n’ont que des pierres à jeter aux Israéliens et le Samson de jadis est devenu le kamikaze d’aujourd’hui qui n’hésite pas à détruire sur lui et sur les autres, non pas un temple, mais des temples, d’innombrables temples, rendant ses coups pratiquement imparables malgré toutes les vociférations, les rodomontades et les menaces car, contre ceux qui sont décidés à mourir pour une cause, aucune force au monde ne peut rien, et on peut occuper un territoire, on ne peut occuper un peuple ! La sagesse consiste donc à voir aujourd’hui les réalités en face et à tirer les leçons de l’histoire. Une histoire qui n’est jamais à sens unique, qui ne couronne pas toujours les mêmes vainqueurs et qui sait parfaitement faire la part des choses pour rétablir un équilibre sans cesse menacé. Les opprimés d’aujourd’hui seront peut-être les maîtres de demain et le sang des innocents ne cessera de crier vengeance. «Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent !». «L’avenir, l’avenir mystère ! Gloire et fortune militaire ne sont sur nous posées que comme l’oiseau sur nos toits» (V. Hugo)... Bienheureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu !... Georges KHADIGE