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Actualités - REPORTAGE

OPPOSITION - Mouvement rapide et organisé pour réclamer « le retour de la souveraineté » Sit-in du courant aouniste contre les « crimes de la Syrie au Liban » (PHOTOS)

Une centaine de militants du Courant patriotique libre (CPL-aouniste) ont organisé hier, devant le Forum de Beyrouth (Dora), un sit-in symbolique contre «l’occupation syrienne et les crimes commis par les forces syriennes au Liban» depuis les années 70. Le courant aouniste a également réclamé la libération des détenus libanais dans les geôles syriennes et la création d’une commission d’enquête pour déterminer les responsables des différents crimes commis au Liban. Des «cercueils» en carton ont été montés sur place par les manifestants, sur lesquels ils ont posé des écriteaux portant les noms de plusieurs figures politiques libanaises et internationales de premier plan assassinées au Liban. Le sit-in, rapide, parfaitement organisé, dans le style des actions ciblées que mènent généralement des ONG activistes comme Greenpeace, s’est déroulé sous la surveillance de plusieurs centaines d’agents des FSI, des services de renseignements en civil libanais et non libanais, et de plusieurs militaires, notamment de l’unité d’intervention spéciale. Dès 10h, le périmètre du Forum de Beyrouth est quadrillé par les forces de l’ordre alors qu’une dizaine de aounistes seulement sont sur les lieux. Ils se positionnent derrière des grilles de métal installées là pour contenir le mouvement. Sous la pluie, ils attendent l’arrivée des autres militants, surveillés par les SR en civil. «Beaucoup d’entre eux ont reçu des appels téléphoniques anonymes les menaçant d’un accident physique s’ils participent au sit-in», affirme l’un des responsables du CPL à L’Orient-Le Jour. Deux hélicoptères survolent l’espace aérien au-dessus du Forum. Un officier des FSI s’approche de la poignée de jeunes, pour la plupart des écoliers, qui guettent l’arrivée de leurs camarades et les invite fermement «à quitter les lieux immédiatement». «Les rassemblements ne sont pas permis aujourd’hui», lance-t-il. «Quittez les lieux, cela vaut mieux pour vous», ajoute-t-il, avant de rejoindre le cordon de sécurité. Ce n’est que près d’une demi-heure plus tard que les aounistes commencent à affluer, avec des parents de détenus libanais dans les prisons syriennes. La sœur d’un détenu brandit le portrait de son frère, Ali A., disparu en 1982. Elle a des informations selon lesquelles son fils se trouverait prisonnier en Syrie. L’un des SR en civil, muni d’un appareil photo, commence à prendre des clichés. Certains aounistes rigolent, d’autres prennent carrément la pose pour la photo : ce genre de procédés ne les effraie plus. Silence de mort, pas un slogan n’est scandé. Il ne s’agit jusqu’à présent que d’un attroupement. Les SR pris au dépourvu À 11h, la centaine de militants présents se replient soudain sur la gauche, à la surprise des forces de l’ordre. Ils reviennent quelques minutes plus tard, de grands cartons noirs et de petits écriteaux à la main. Les agents de l’ordre ne comprennent pas ce qui se passe. Ils se contentent de filmer et d’attendre. Dix minutes plus tard, la mise en scène se précise. Les cartons noirs, alignés les uns derrière les autres, deviennent des cercueils. Sur lesquels sont bientôt placés un nom et une date : «Dany Chamoun – 21/10/90, Kamal Joumblatt – 17/03/77…». Même chose pour cheikh Sobhi Saleh, l’éditorialiste d’al-Hawadeth, Sélim Laouzi, l’ancien président de l’Ordre de la presse, Riad Taha, les présidents Béchir Gemayel et René Moawad, le mufti de la République Hassan Khaled, le député Nazem Kadri, et les ambassadeurs français Louis Delamare et américain Francis Melloy. Des noms de massacres aussi, ceux de Kaa, Bab el-Tebbané, Bsous, Bdedoun, Hadeth, Damour, Kahalé, de l’Unesco, le 14 mars 1989, de Deir Acheich, Zahlé, Beit-Méry… la liste est longue… Cinq calicots sont brandis par les aounistes : «150 000 tués, 17 000 disparus, les victimes de l’initiative fraternelle syrienne», «La Syrie dehors, et tout de suite», «Nous réclamons une commission internationale d’enquête pour déterminer les responsables de ces crimes et les sanctionner», «Meurtres, arrestations, voitures piégées, dynamitages, enlèvements, disparitions : le Liban est le cobaye et la victime du terrorisme syrien» et «Libérez immédiatement les détenus libanais dans les prisons syriennes». Les manifestants se couvrent la bouche ou les yeux d’un foulard noir, signe de deuil, et accrochent autour du cou des pancartes avec des noms de Libanais détenus en Syrie, avec la date de leur disparition. La scène dure une vingtaine de minutes, dans un silence absolu et sous le regard des SR, sidérés, pris au dépourvu et qui ne savent pas quoi faire. Sinon photographier et filmer un par un toutes les personnes présentes. L’un des responsables aounistes s’adresse en catimini aux journalistes : «Il s’agit de dire aux dirigeants arabes et au monde entier que le peuple palestinien n’est pas le seul peuple occupé et réprimé dans le monde. Il en est de même pour les Libanais, qui sont sous le joug de l’occupation syrienne». «Il s’agit aussi de montrer les effets du terrorisme syrien au Liban ces vingt dernières années», ajoute-t-il. Puis, la pose photo terminée, le message passé, les membres du CPL remballent tout leur matériel et rentrent chez eux, par petits groupes, sous le regard des forces de l’ordre, qui n’ont eu à intervenir à aucun moment. Une action rapide et bien préparée, dans le style pacifique «à la Gandhi» que le courant aouniste entend donner à toutes ses actions contre la présence syrienne au Liban. Michel HAJJI GEORGIOU
Une centaine de militants du Courant patriotique libre (CPL-aouniste) ont organisé hier, devant le Forum de Beyrouth (Dora), un sit-in symbolique contre «l’occupation syrienne et les crimes commis par les forces syriennes au Liban» depuis les années 70. Le courant aouniste a également réclamé la libération des détenus libanais dans les geôles syriennes et la création...