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Actualités - ANALYSE

Conférence de presse de Fayçal, Hammoud et Moussa Le plan Abdallah pour montrer au monde que les Arabes veulent la paix

«Comme aujourd’hui est loin d’hier». En lançant cette phrase, le ministre saoudien des Affaires étrangères fait allusion à l’atmosphère pessimiste qui régnait mercredi dans les coulisses du sommet. Pour lui, ainsi que pour les ministres Hammoud et Salamé et pour le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, le sommet de Beyrouth est finalement entré dans l’histoire. Il a adopté à l’unanimité le plan Abdallah assaisonné à la sauce arabe, permettant aux pays de la Ligue d’affirmer leur volonté de paix en s’adressant directement à la population israélienne et il a vu une spectaculaire réconciliation entre l’Irak et le Koweït. Gérer deux mille journalistes excités et pressés de s’emparer du micro pour obtenir le maximum d’informations, mais aussi souvent pour donner leur opinion, est un immense défi. Dans leur désir de protéger l’émir Séoud el-Fayçal à l’inégalable prestance et à l’air visiblement exténué (il est grippé), les ministres Salamé et Hammoud s’emportent d’ailleurs un peu contre les journalistes, alors que Amr Moussa se réfugie dans un humour parfois ironique. Mais la conférence de presse finale est une tradition indispensable et, c’est finalement avec philosophie que les dirigeants s’y plient. À qui donner la parole dans cette marée de personnes gesticulant pour attirer son attention, le dilemme de Salamé est terrible. Mais il réussit à s’en sortir. Le plan Abdallah étant désormais une initiative arabe, c’est Amr Moussa qui procède à sa lecture, mais Séoud el-Fayçal se déclare prêt à répondre à toutes les questions qui s’y rapportent. Il évite toutefois soigneusement tout ce qui sort du cadre strict de ce plan. Malgré les tentatives de Hammoud et de Salamé d’orienter les questions vers la réconciliation entre l’Irak et le Koweït, celles-ci portent pour la plupart sur le plan de paix. Selon le ministre des Affaires étrangères libanais, le refus de l’implantation dans les pays arabes ayant des particularités ne signifie pas qu’elle aura lieu dans les autres. Cette mention est destinée à donner un surplus de garanties contre l’implantation, mais le communiqué final appelle à une solution juste, qui ne sera jamais imposée. «N’oubliez pas que cette initiative est destinée à protéger les droits des Arabes. Si les dirigeants arabes n’en étaient pas convaincus, ils ne l’auraient jamais adoptée à l’unanimité». Si Israël rejette cette initiative, les Arabes ont-ils des moyens de pression ? «Cette initiative s’adresse à Israël, répond le ministre saoudien. S’il veut la sécurité et la paix, elle lui indique la voie à suivre. Si Israël veut la sécurité, il doit se retirer et accorder aux Palestiniens leurs droits légitimes». Fayçal critique ensuite ceux qui font de la surenchère et souhaitent que les Palestiniens se battent jusqu’au dernier. «Nous avons senti cela au cours des derniers mois, alors que la courageuse intifada faisait chaque jour des dizaines, voire des centaines de milliers de victimes. Les dirigeants arabes connaissent leurs responsabilités et les attentes de leurs peuples». En réponse à une autre question, le prince saoudien répond que l’initiative est un tout indissociable et que ses termes sont très clairs : le retrait, une solution juste, la naissance d’un État palestinien et les pays arabes estimeront que le conflit israélo-arabe est réglé. Que feront les pays arabes si Israël augmente ses agressions dans les Territoires ? Hammoud rappelle qu’il est facile de faire de la surenchère, mais qu’il faut aussi agir politiquement et diplomatiquement en multipliant les contacts. «Tout doit être pris en considération et nous devons coopérer tous ensemble, politiciens, journalistes et simples citoyens pour défendre notre cause». Le prince saoudien confirme une prochaine rencontre entre l’émir Abdallah et le président Bush qui portera bien sûr sur la situation dans la région. À la question de savoir comment les Arabes comptent exécuter le point du communiqué final portant sur la relance du Bureau de boycott d’Israël, alors que les 4 pays arabes ayant des relations avec l’État hébreu ont boycotté le sommet, Fayçal répond qu’aucun pays n’a boycotté le sommet. «Mais je ne réponds qu’aux questions portant sur l’initiative de paix». Si Israël accepte le plan, qui sera son interlocuteur ? «Ceux qui sont les plus concernés : la Syrie, le Liban et la Palestine», répond Hammoud. De son côté, Amr Moussa insiste sur la campagne mensongère dont sont actuellement victimes les Arabes. «Cette initiative est destinée à montrer au monde que nous voulons la paix et que nous ne sommes pas des terroristes. Quand Israël prétend vouloir la paix et lutter contre le terrorisme, il ment. Il s’agit de l’occupation militaire par des étrangers israéliens de territoires arabes et de la lutte pour leur libération. Nul n’a le droit de s’en mêler, mais en parallèle les procédés diplomatiques et politiques continuent à être lancés et nous n’adressons pas seulement un message au monde, mais aussi à l’intérieur d’Israël pour prouver que ce que disent les dirigeants israéliens au sujet des Arabes est faux». Selon Moussa, au sujet du boycott d’Israël, il n’y a rien de nouveau. Certains pays arabes veulent rompre tout lien avec l’État hébreu et d’autres non. Chacun agit à sa manière, mais tous ont adopté le plan de paix. Une question à Hammoud sur le fonds d’aide au Liban, tant promis et si peu exécuté, et le ministre répond que le Liban doit préparer un projet expliquant le mécanisme de fonctionnement de ce fonds et les projets qu’il est destiné à financer. Une journaliste se lance alors dans une diatribe sur la renaissance arabe, saluée par un lapidaire «C’est tout un communiqué» de la part de Amr Moussa alors que la correspondante de CNN demande à l’émir saoudien ce qu’il peut dire maintenant aux proches des victimes de Netanya : «Il faut trouver une solution et c’est pourquoi ils doivent pousser à l’adoption de notre plan». La conférence se termine dans la cacophonie, mais l’air est nettement plus léger. Malgré les difficultés, les journalistes sont conscients d’avoir couvert un événement important, un tournant dans la vie de la région. Scarlett HADDAD
«Comme aujourd’hui est loin d’hier». En lançant cette phrase, le ministre saoudien des Affaires étrangères fait allusion à l’atmosphère pessimiste qui régnait mercredi dans les coulisses du sommet. Pour lui, ainsi que pour les ministres Hammoud et Salamé et pour le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, le sommet de Beyrouth est finalement entré dans...