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Actualités - CHRONOLOGIE

Les USA, la Turquie et le Koweït… principaux bénéficiaires du pétrole irakien

La Turquie et le Koweït, mais aussi les États-Unis, sont depuis un peu plus de cinq ans les principaux bénéficiaires des exportations pétrolières de l’Irak, dont le régime est aujourd’hui dans la ligne de mire de Washington. À l’heure où le président américain George W. Bush se montre plus résolu que jamais à contrer l’Irak – qui figure sur la liste des pays de «l’axe du mal» aux côtés de l’Iran et de la Corée du Nord –, la situation du régime des sanctions visant ce pays n’est pas à un paradoxe près. «Au cours des onze phases du programme pétrole contre nourriture mis en place en décembre 1996, les exportations de brut irakien ont totalisé quelque 52 milliards de dollars. 18 milliards (soit 35 % seulement) ont effectivement profité à l’Irak en raison des contraintes imposées par l’Onu», affirme Jean-François Seznec, professeur à la Georgetown University de Washington. Sur cette période, l’Irak a ainsi exporté 3 milliards de barils, soit une moyenne de 1,8 mb/j, a précisé cet expert lors d’un colloque mardi au Centre d’études et de recherches internationales (CERI) sur le thème : «L’Irak après le 11 septembre». Curiosité pour un pays qui risque d’envoyer ses «marines» dans les prochains mois pour abattre le régime de Saddam Hussein : «Les États-Unis sont le principal client de l’Irak» à qui ils achètent plus de 40 % de son brut, a indiqué M. Seznec. Le marché américain enlève 700 000 b/j des quelque 1,71 million de barils que l’Irak a exportés en février, bien devant la Russie, a-t-il précisé. «On serait étonné du nombre de véhicules américains qui circulent avec du carburant irakien», a affirmé un diplomate français d’un ton amusé. Dans un contexte de guerre psychologique de plus en plus marqué, un sénateur américain, Larry Craig, a accusé mardi ses concitoyens de soutenir le dirigeant irakien chaque fois qu’ils font le plein d’essence. «Si vous avez mis de l’essence dans votre voiture ce matin (...) vous avez participé à l’activité de terreur de Saddam Hussein», a affirmé Larry Craig, membre républicain de la commission sénatoriale sur l’énergie. L’Irak est le deuxième fournisseur de la région du Golfe des États-Unis, après l’Arabie saoudite, mais devant le Koweït. Quelque 30 % des importations pétrolières américaines proviennent du Golfe. Paradoxalement, «le système de sanctions va à l’encontre des intérêts des États-Unis», ces derniers accusant l’Irak de développer les armes de destruction massives, souligne M. Seznec. L’Irak a accepté le 1er décembre le renouvellement pour six mois (jusqu’à fin mai) du programme pétrole contre nourriture mis en place à l’origine pour réduire l’impact des sanctions à la suite de son invasion du Koweït en 1990. Autre bénéficiaire du programme pétrole contre nourriture : le Koweït qui a tiré 10 milliards de dollars au titre des indemnités auquel il a droit, selon M. Seznec. Alliée des États-Unis, «la Turquie a, quant à elle, touché 961 millions de dollars» en droits de transit sur son territoire du pétrole irakien. Afin d’accroître ses revenus, le régime irakien a de plus en plus recours depuis des années à la contrebande ou aux ventes «semi-légales», note encore Jean-François Seznec. Les chiffres sont impressionnants : les revenus illégaux de Bagdad se montent à 2,5 milliards de dollars par an et depuis 1996 «représentent 12 % du montant total vendu», précise-t-il. Ces revenus proviennent notamment «des surcharges, du remplissage excessif des cargos, des ventes aux pays du Golfe et à la Syrie», pays accusé par les Américains de violer les règles de l’Onu qui avait seulement autorisé Damas de «tester» un oléoduc syro-irakien. «Voilà deux ans qu’ils “testent”, avec pour résultat que l’Irak exporte quelque 250 000 b/j à la Syrie», affirme-t-il. Or, dernier paradoxe, la Syrie est depuis décembre membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Onu.
La Turquie et le Koweït, mais aussi les États-Unis, sont depuis un peu plus de cinq ans les principaux bénéficiaires des exportations pétrolières de l’Irak, dont le régime est aujourd’hui dans la ligne de mire de Washington. À l’heure où le président américain George W. Bush se montre plus résolu que jamais à contrer l’Irak – qui figure sur la liste des pays de...