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Actualités - CHRONOLOGIE

CLANDESTINS - La justice italienne arrête 5 membres de l’équipage du bateau Parti du Liban, le « Monica » arrive en Sicile avec son millier de Kurdes…(PHOTOS)

Une triste histoire comme il y en a tant désormais dans un monde de plus en plus hostile aux pauvres et aux miséreux. Près d’un millier de clandestins kurdes ont embarqué au début de la semaine dernière à bord du navire marchand le Monica à partir de Saïda, en quête d’un avenir meilleur en Europe et plus particulièrement en Allemagne où réside une importante communauté kurde. Repéré par la marine française, le navire a été arraisonné par la marine italienne au large de la Sicile et les passagers transférés dans un centre d’accueil. Quel sera leur sort ? C’est l’Europe qui décidera, mais une fois de plus, le Liban se retrouve au cœur d’un circuit d’immigrants clandestins et la Sûreté générale est appelée à renforcer son contrôle. L’histoire ressemble à un scénario un peu usé, mais toujours tragique. Malheureux, sans réelle perspective d’avenir, les Kurdes sont à la recherche d’une terre d’accueil un peu plus clémente que la leur, partagée entre plusieurs États, la Turquie, l’Irak, la Syrie et l’Iran. Ils sont donc constamment à la merci de passeurs qui leur promettent une traversée vers le bonheur, moyennant des milliers de dollars. Ces passeurs les prennent en charge dans le pays où ils se trouvent et les escortent à travers la Syrie, passage obligé. Ils embarquent ensuite à bord d’un bateau, soit à partir de la Syrie même, soit à partir du Liban, à travers des circuits clandestins. Destination ultime, l’Europe et particulièrement l’Allemagne qui abrite la plus importante communauté kurde d’Europe. Pour mettre toutes les chances de leur côté, les clandestins sont sommés de dire à ceux qui les arrêtent qu’ils sont originaires d’Irak, l’Union européenne et le Haut-Comité pour les réfugiés relevant des Nations unies étant toujours plus cléments à l’égard de cette communauté en raison des mauvais traitements que lui fait subir le régime de Saddam Hussein. Parfois l’équipage du navire qui les transporte les débarque à Chypre, leur affirmant qu’il s’agit des côtes européennes et parfois il les emmène réellement à destination. Terminus : la Sicile Pour les passagers du Monica, battant pavillon de Sao Tomé, l’aventure s’est terminée au port de Catane, en Sicile, sur la côte de la mer Ionienne. Embarqués il y a une semaine à partir d’une crique dans la région de Saïda, les passagers du Monica ont passé plusieurs jours en haute mer, avant d’être interceptés par un navire de la flotte française. Celle-ci a ensuite alerté la flotte italienne qui a escorté le Monica jusqu’au port de Catane, en Sicile. L’arraisonnement ne s’est pas fait sans problème, les 8 membres de l’équipage (dont certains seraient Libanais) ayant d’abord refusé d’obtempérer, craignant d’être encore dans les eaux internationales et, donc, d’être interdit d’entrer dans les eaux territoriales italiennes. Après s’être assurés qu’ils étaient tout près des côtes de Sicile, les membres de l’équipage ont saboté les moteurs du cargo et se sont fondus parmi les passagers dans l’espoir de passer inaperçus. Quant aux passagers, dont 300 enfants et 200 femmes, ils ont menacé de jeter les enfants par-dessus bord au cas où ils seraient refoulés vers le Liban. Mais conformément aux lois en vigueur, les autorités italiennes ont arraisonné le navire et les passagers ont été orientés vers un centre sportif de Catane, en attendant d’être transférés vers un centre d’accueil, le temps pour les autorités de statuer sur leur sort. Entre-temps, une femme a accouché d’une petite fille à bord du bateau, assistée par un médecin militaire et elle a été ensuite transportée, ainsi que deux autres femmes enceintes et 23 passagers en mauvaise santé, dans un hôpital de Catane. L’histoire du Monica pose une fois de plus le problème de l’immigration clandestine, qui embarrasse grandement l’Europe. D’autant que depuis 1997, lorsqu’un bateau transportant 1 223 Albanais avait accosté en Italie, c’est le plus important débarquement d’immigrés clandestins en Europe. Interrogés par la police italienne, les Kurdes clandestins ont révélé avoir payé entre 2 000 et 4 000 dollars par passager aux passeurs et la police a arrêté 5 membres de l’équipage dont une femme, alors que le navire a été mis sous séquestre par la justice italienne. Les autorités italiennes espèrent que les révélations des membres de l’équipage leur permettront de remonter toute la filière et de démanteler le réseau, considéré comme faisant partie de la criminalité internationale. Le Liban mis à contribution À ce sujet, les autorités libanaises sont mises à contribution et une source autorisée à la Sûreté générale libanaise reconnaît que le Liban fait partie des plaques tournantes de l’immigration clandestine, la côte servant de point de départ aux bateaux clandestins. Selon cette source, le Monica, comme bien d’autres bateaux avant lui, n’est pas parti d’un port régulier. Ils utilisent simplement les voies secrètes de la contrebande, d’abord pour faire passer les clandestins à travers la frontière syrienne et ensuite pour les embarquer à bord de navires en situation irrégulière. La Sûreté générale lutte contre tous les réseaux de contrebande, qu’il s’agisse de cigarettes, de drogue ou de personnes. Certaines de ces dernières ne parviennent même pas à prendre une embarcation et restent au Liban, jusqu’à ce que les ONG qui s’occupent des réfugiés politiques se chargent d’elles, d’autres sont arrêtées et rapatriées et d’autres encore périssent dans l’anonymat et l’indifférence générale. Pour le Liban, comme d’ailleurs pour les pays européens, lutter contre ce phénomène nécessite beaucoup de moyens et c’est l’un des plus grands défis actuels, les réseaux étant bien rodés et implantés. De plus, le Liban n’étant pas la destination finale des clandestins, il n’est concerné que dans la mesure où les pays européens lui demandent d’empêcher ce trafic à partir de son territoire. Entreprise difficile puisque jusqu’à présent, la contrebande à partir de la frontière syrienne n’a jamais pu être enrayée, malgré les efforts déployés depuis quelques années. En tout cas, pour les passagers du Monica, la traversée s’est plutôt bien passée. Surtout lorsqu’on pense à la tragédie de la semaine dernière, lorsque 50 passagers clandestins sont morts pendant le naufrage de l’embarcation qui les emmenait vers l’Italie. Car le plus terrible est encore les conditions dans lesquelles les clandestins font le voyage qui, espèrent-ils, va changer leur vie. Ils traversent d’abord pendant plusieurs jours des kilomètres et des kilomètres de montagne, pour franchir des frontières souvent inaccessibles aux voitures, montent ensuite dans des embarcations en mauvais état (c’est notamment le cas du Monica qui a fait une escale à Chypre) où ils sont parqués dans les cales, avant d’être, quand ils ont de la chance, débarqués à bon port. Pour les 928 passagers du Monica, l’aventure n’est en tout cas pas finie. En Italie, la polémique est déjà engagée, des partis de droite exigeant leur rapatriement dans un délai de 24 heures. L’affaire se politise et si les débats s’enveniment, le gouvernement de droite dirigé par Silvio Berlusconi pourrait bien céder aux pressions. Certains clandestins seraient envoyés en Allemagne s’ils parviennent à prouver qu’ils y ont de la famille, mais les autres, tous les autres devront se contenter de leurs rêves brisés…
Une triste histoire comme il y en a tant désormais dans un monde de plus en plus hostile aux pauvres et aux miséreux. Près d’un millier de clandestins kurdes ont embarqué au début de la semaine dernière à bord du navire marchand le Monica à partir de Saïda, en quête d’un avenir meilleur en Europe et plus particulièrement en Allemagne où réside une importante...