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Actualités - OPINION

Économie - L’Est continue à contre-critiquer le Premier ministre Réactions mi-figue mi-raisin des professionnels

Les cercles économiques, peu économes d’éloges qui ne coûtent rien et peuvent beaucoup rapporter, applaudissent des deux mains le «courage» du Conseil des ministres. Qui a bien voulu tenir compte de leurs remarques, pour amender le projet de compte de gestion de la dette publique. Afin d’en resserrer le contrôle, en veillant à ce que les entrées soient bien déterminées, avant que le gouverneur de la Banque centrale ne puisse gérer ce compte. En base de mécanismes, de critères, désormais mieux définis. Prolongeant le coup de chapeau au magicien de service, les professionnels lui concèdent volontiers une volonté bien arrêtée de traiter rapidement la crise financière dans laquelle le pays, Trésor en tête, se débat. Ils estiment qu’à tout prendre, le gouvernement est sur la bonne voie, qu’il est béni du fait même qu’il agit, comme le veut l’adage local. Et ils espèrent que par ses initiatives, il saura redonner confiance à l’étranger, pour attirer aides, prêts et capitaux d’investissement. Un souhait conforté par le récent satisfecit que l’ambassadeur américain a décerné aux autorités libanaises en matière de redressement économique. En précisant toutefois, pour faire écho au Fonds monétaire international comme à la Banque mondiale, que le cheminement doit nécessairement passer par les privatisations. Auxquelles des compagnies US pourraient éventuellement participer… Pour en revenir aux organismes locaux, ils se déclarent éminemment satisfaits de voir que M. Rafic Hariri se remet à les consulter avant de décider. Ce qu’il n’avait fait ni pour la TVA ni, surtout, pour la levée de la protection des agences commerciales exclusives. Reprenant donc ses bonnes vieilles habitudes, le président du Conseil a conféré quatre heures durant avec les pôles du secteur privé, avant le dernier Conseil des ministres. La pénultième grande séance d’échanges de vues remonte à cinq pleines années. On se souvient en effet qu’en 1997, les organismes concernés lui avaient soumis un mémoire détaillé, qu’il avait promis de prendre en considération. Aujourd’hui, oublieux de ses précédents oublis, il répète que son gouvernement est tout ouïe pour ce que les cercles concernés peuvent avoir à dire. En s’efforçant de la sorte de désarmer l’opposition virtuelle de ces milieux influents. Mais il n’y réussit qu’à moitié. Car les intéressés avouent en privé que tout compte fait, ils ont eu la pénible impression d’être engagés dans un dialogue de sourds. Ils soulignent que la rupture antérieure de la communication, assortie des mesures prises ex abrupto par le gouvernement, a brouillé les cartes en même temps que les fréquences radio. C’est-à-dire que la confusion a régné, les uns voulant que l’on fasse d’abord table rase de ces mesures, ou à tout le moins qu’on en rediscute. Alors que visiblement les officiels souhaitaient passer outre, demandant qu’on accepte le fait accompli, pour se focaliser sur ce qu’il reste à faire. Cependant, en définitive, les organismes économiques sont contents que le dialogue ait repris, même si les résultats n’y sont pas, car l’essentiel reste à leurs yeux que la confiance mutuelle soit rétablie. Pour ce qui est du compte de gestion de la dette publique, les instances du privé ne se privent pas d’y voir une disposition insuffisante, pour positive qu’elle paraisse. Les pôles en question insistent, comme le souligne le président de l’Association des industriels M. Jacques Sarraf, sur les éternelles nécessités premières, que le pouvoir continue à ignorer superbement. Des priorités thérapeutiques évidentes, comme la réforme de l’administration, l’éradication de la corruption, du népotisme, du trafic d’influence, du parasitisme et du gaspillage tous azimuts. Ainsi que la réorientation des dépenses publiques après leur compression. En d’autres termes, il ne sert à rien de créer un compte de gestion si l’hémorragie doit se poursuivre. Les professionnels relèvent que l’exemple de M. Ghazi Aridi, ministre de l’Information, qui a tenté de dégraisser sa part du mammouth en mettant sur la touche le personnel surnuméraire, n’a pas du tout été suivi. De son côté l’Est politique, qui n’a pas encore digéré les attaques de M. Hariri, continue à contre-critiquer sévèrement le chef du gouvernement. Selon les politiciens de ce bord, le président du Conseil aurait dû, dans sa fameuse intervention télévisée, dresser un franc état des lieux à l’adresse des Libanais. Sans fuir en avant en imputant aux chrétiens la responsabilité des entraves auxquelles se heurte son plan de redressement économique. À leur avis, il aurait mieux fait de révéler pour quelles raisons au juste il n’arrive toujours pas à engager la réforme administrative. Et de dire qui lui a mis des bâtons dans les roues, par exemple, dans l’affaire de la MEA. Ou dans celle des Conseils, qu’il n’arrive pas à supprimer et qui sont de véritables tonneaux des Danaïdes. Plus globalement, ajoutent ces opposants, M. Hariri aurait dû nommer toutes les choses par leur nom, parler des parties qui s’opposent au renvoi du personnel excédentaire dans l’administration et à l’épuration effective des mœurs politiciennes. Dénoncer en somme ceux qui, en haut ou en bas, interdisent qu’on touche au corps malade pour le soigner. En le mettant d’abord à la diète, pour réduire le déficit budgétaire comme le service de la dette. Sans attendre de solutions-miracles en provenance de l’étranger. Car l’oracle dit depuis toujours aide-toi, le ciel t’aidera. Philippe ABI-AKL
Les cercles économiques, peu économes d’éloges qui ne coûtent rien et peuvent beaucoup rapporter, applaudissent des deux mains le «courage» du Conseil des ministres. Qui a bien voulu tenir compte de leurs remarques, pour amender le projet de compte de gestion de la dette publique. Afin d’en resserrer le contrôle, en veillant à ce que les entrées soient bien déterminées,...