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Actualités - CHRONOLOGIE

Opposition - Une manifestation antisyrienne sans heurts ni tension La marche des étudiants aounistes a rassemblé la majorité des courants de l’opposition (photos)

Plus d’un millier d’étudiants aounistes se sont rassemblés hier à Sin el-Fil, en début d’après-midi, pour manifester contre la présence syrienne au Liban. Sortis en deux groupes de deux points de rassemblement, la faculté des sciences de l’Université libanaise à Fanar, et la nouvelle université de La Sagesse, à Furn el-Chebback, les manifestants, massivement encadrés par les FSI, l’armée, et les brigades antiémeutes, ne se sont pas heurtés aux forces de l’ordre. L’année dernière, pour la commémoration du 14 mars, l’anniversaire de la «guerre de libération», proclamée par le général Michel Aoun en 1989 – et pour le même événement – l’armée et les gendarmes avaient bloqué les artères de Beyrouth et de sa banlieue est. Cette année, la marche et les divers sit-in observés dans plusieurs campus, notamment à Huvelin et à Balamand, se sont tenus dans le calme sans tension apparente entre les forces de l’ordre d’une part, et les organisateurs de l’événement et les manifestants de l’autre. Plusieurs courants de l’opposition, notamment le PNL, les FL, la base Kataëb et le Bloc national ont pris part à la marche qui devait s’achever devant un barrage ou une position de l’armée syrienne, non loin du Futuroscope à Sin el-Fil. Mais l’armée libanaise et ses commandos qui se sont déployés au rond-point de Mekalles, les camions de pompiers qui ont bloqué la route, et les brigades antiémeutes ont empêché les étudiants d’atteindre leur but. Beaucoup de jeunes brandissaient des banderoles appelant à l’indépendance, à la souveraineté et à l’application de la 520, tandis que d’autres avaient sorti des images de toutes les personnes qui représentent, ou qui ont représenté, l’opposition. Des posters de Michel Aoun, de Samir Geagea, de Béchir Gemayel, de Dany et de Camille Chamoun se côtoyaient. Les drapeaux du Liban, du PNL, des FL et des Kataëb (la base du parti) flottaient ensemble… Pour une heure donc, un millier d’étudiants portant banderoles antisyriennes, drapeaux libanais et plusieurs images des personnalités du passé, et encadrés par les forces de l’ordre ont scandé des slogans antisyriens, ont entonné des chants nationaux et donné lecture de leur message destiné à la Syrie et son armée déployée au Liban. Muni d’un grand haut-parleur, Tony Harb, responsable du comité estudiantin du Courant patriotique libre (CPL), a indiqué, au nom de tous les étudiants présents hier entre les ronds-points Mekalles et Hayeck, que «nous ne célébrons pas aujourd’hui l’anniversaire de la guerre, mais nous rappelons simplement l’hégémonie syrienne au Liban, nous appelons donc à l’indépendance et à la souveraineté». «Nous soutenons la Syrie qui lutte pour récupérer le Golan, nous sommes également solidaires de l’armée syrienne qui œuvre contre l’ennemi israélien», a-t-il dit. Et de poursuivre : «Vous ne nous faites pas peur, nous voulons tout simplement, et nous vous invitons – fraternellement – à rentrer chez vous». Tony Harb a également interpellé l’armée libanaise présente sur les lieux. «Ce sont les citoyens libanais, nos familles, qui paient vos salaires, vous devez donc nous protéger», a-t-il dit. Il a ensuite remercié les étudiants de divers courants qui ont pris part à la manifestation. Les images du passé La faculté des sciences de Fanar formait l’un des deux points de rassemblement de la manifestation. Les directions d’autres facultés de l’UL avaient décidé de fermer les portes de leur campus pour décourager – en vain – les étudiants de prendre part au rassemblement. Tôt le matin, déjà les jeunes scandaient «liberté, souveraineté, indépendance» dans la cour de la faculté des sciences. Tout comme leurs aînés à Baabda, il y a un peu moins de treize ans, ils ont dansé la dabké, au son des mêmes chansons patriotiques. Trop jeunes, ne se rappelant probablement pas tous les événements de la «guerre de libération», ils étaient présents hier au rassemblement pour défendre l’idée qu’ils ont d’un Liban idéal, un État qui devrait être, selon eux, «souverain et indépendant». «Un pays laïc, protégeant tout le monde», indique l’un. «Un pays pour les chrétiens», note un autre… Un troisième n’espère plus rien. «Je pars définitivement en voyage, je quitte à jamais le Liban», relève-t-il désabusé. Mais qu’importe, hier il s’était drapé aux couleurs du Liban et il avait collé un sticker du mouvement aouniste sur le front… Venus des facultés de droit, de gestion, des lettres de l’UL, de la LAU, de plusieurs lycées du Metn, du Kesrouan et de Jbeil… tous se sont rassemblés pour une marche pacifique contre la présence syrienne au Liban. Tout au long du chemin, ils étaient filmés par les caméras vidéos des forces de l’ordre et des services de renseignements. À Furn el-Chebback Dès onze heures, des centaines d’étudiants, partisans et indépendants, de l’Université Saint-Joseph (USJ), de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et de l’Université libano-américaine (LAU) commencent à affluer, de leur côté, à l’Université de La Sagesse, à Furn el-Chebback, face aux cinémas Abraj. L’établissement est ceinturé par les unités de l’armée qui se sont positionnées tout autour et par les membres des services de renseignements en civil. Ceux-ci n’empêchent cependant pas les étudiants de pénétrer sur le campus. À l’intérieur de l’université, les étudiants sont accueillis par leurs camarades de La Sagesse, des partisans du courant aouniste, du Parti national libéral (PNL) et de la base Kataëb massés aux portes du campus. Les slogans fusent de partout : «Liberté, souveraineté, indépendance», «La Syrie, dehors», «Nous ne voulons que l’armée libanaise au Liban». Les hurlements des manifestants sont interrompus par des enregistrements de chants patriotiques interprétés entre autres par Pascale Sakr et Magida el-Roumi, que diffuse une installation sonore de fortune. Des portraits du général Michel Aoun, de l’ancien président de la République défunt, Camille Chamoun, du président assassiné Béchir Gemayel et de l’ancien leader du PNL assassiné, Dany Chamoun, sont également brandis côte à côte. Les drapeaux de la base Kataëb et du PNL font bon ménage avec le drapeau libanais. Vers 13h, les responsables du CPL présents sur le terrain annoncent que c’est la position syrienne près du Futuroscope qui sera l’objectif du mouvement de protestation. À 13h30, environ 800 personnes prennent très lentement le chemin du Futuroscope, quadrillées par un dispositif de sécurité démesuré : plusieurs unités des Forces de sécurité intérieure (FSI) et de l’armée se rassemblent rapidement derrière et tout autour des étudiants qui avancent à pas très lents. Cette lenteur répond à la volonté des meneurs de la manifestation, les cadres du CPL, de maintenir l’ordre dans les rangs des étudiants. Bientôt, l’artère menant du rond-point Chevrolet au Futuroscope est complètement bloquée aux automobilistes, ce qui provoque un bouchon interminable. Plusieurs voitures resteront ainsi bloquées au soleil jusqu’à ce que la manifestation prenne fin. Du côté opposé, les automobilistes qui descendent vers le rond-point Chevrolet sympathisent avec les étudiants. Certains d’entre eux vont même jusqu’à klaxonner le «tarata tata» traditionnel, code de ralliement du courant aouniste. Les étudiants scandent des slogans hostiles à «l’occupation syrienne du Liban». «Nous ne voulons pas que nos FSI protègent l’armée syrienne», scandent-ils à l’adresse du cordon de sécurité qui les entoure. Sur l’autoroute qui les mène au Futuroscope, les étudiants passent devant trois casernes, reprennant à chaque fois de plus belle : «Nous ne voulons que l’armée libanaise au Liban» et chantant la chanson de Pascale Sakr «Ô armée du Liban (Ya Jaych Lebnan)». Mais bientôt, les FSI et les camions de la Défense civile renforcent le cordon de sécurité à l’avant comme à l’arrière de la marche, et les étudiants se retrouvent incapables de progresser pour retrouver la deuxième manifestation en provenance de Fanar. Les FSI disparaissent brusquement et laissent la place aux commandos de l’armée et aux très nombreux services de renseignements en civil, qui se retrouvent face à face avec le mouvement, devant la faculté de médecine de l’UL. Les forces de l’ordre veulent à tout prix éviter la fusion des deux manifestations. Les étudiants, dans un mouvement tactique très rapide, à l’initiative des meneurs, se replient sur leur droite et foncent à travers la pinède aux abords de la troisième caserne de la police militaire. Surpris, les militaires se lancent à leur poursuite, mais c’est peine perdue : les deux cortèges deviennent un à quelques centaines de mètres du Futuroscope, la position syrienne la plus proche des manifestants… Patricia KHODER Michel HAJJI GEORGIOU
Plus d’un millier d’étudiants aounistes se sont rassemblés hier à Sin el-Fil, en début d’après-midi, pour manifester contre la présence syrienne au Liban. Sortis en deux groupes de deux points de rassemblement, la faculté des sciences de l’Université libanaise à Fanar, et la nouvelle université de La Sagesse, à Furn el-Chebback, les manifestants, massivement...