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Actualités - CHRONOLOGIE

Commémoration - Manifestations estudiantines aujourd’hui pour réclamer le départ des forces syriennes Mobilisation aouniste dans un climat d’intimidation

Voilà treize ans, jour pour jour, que le général Aoun avait déclaré la guerre contre les forces syriennes présentes au Liban. C’est cette journée que les aounistes entendent désormais commémorer tous les ans pour renouveler leur foi en une série de revendications, à leur tête le retrait des troupes syriennes du Liban. Aujourd’hui ce sont plusieurs centaines, peut-être même des milliers d’étudiants qui répondront à l’appel du Courant patriotique libre de se joindre à un rassemblement qui doit en principe mener jusqu’aux différentes positions syriennes. Certains estiment que les étudiants ont mal choisi le timing de leur mouvement, les priorités devant aller à la crise économique, au problème palestinien et à ses séquelles régionales, ainsi qu’au sommet arabe, et que par conséquent il est maladroit de s’aventurer dans une telle manifestation. D’autres considèrent même que la visite de Bachar el-Assad à Beyrouth a été porteuse d’espoir, notamment sur le plan des relations libano-syriennes. Que pensent certains membres du CPL de ce nouveau contexte politique ? «Voilà déjà douze ans que l’on nous parle de timing, en nous affirmant que nous choisissons toujours le mauvais moment. Tantôt c’est le Liban qui s’effondre, tantôt c’est la situation régionale qui est dans l’impasse totale. Qu’on nous dise seulement ce qu’ils considèrent être un bon timing», a tranché un haut responsable au sein du mouvement aouniste. Pour les partisans du général Aoun, il existe une constante au sein du mouvement qui est précisément la revendication de la levée de «l’emprise militaire, politique, sécuritaire, et, par conséquent économique, syrienne sur le Liban, a ajouté la source précitée. Tant que les raisons objectives existent toujours, les revendications se poursuivront. «Rien n’a changé depuis l’annonce du redéploiement faite il y a six mois et qui s’est avérée être de la poudre au yeux. Sur le terrain, les positions syriennes n’ont pas bougé d’un iota». «De même, dit-il, que la visite du président Assad n’a rien apporté de nouveau en ce qui nous concerne. Il n’a même pas été fait mention d’un retrait militaire». Pour cet interlocuteur, la référence en la matière continue d’être, jusque-là, la fameuse entrevue accordée au quotidien ach-Charq al-Awsat de février 2001 dans laquelle Bachar el-Assad précise sa véritable intention vis-à-vis du Liban en affirmant que la présence militaire syrienne est justifiée par les nécessités du conflit régional. Interrogé sur le fait que, contrairement aux aounistes, certains opposants chrétiens tels que le chef du PNL, Dory Chamoun ou Pierre Amine Gemayel, ont considéré que la visite du chef de l’État syrien comportait certains aspects positifs, le responsable aouniste a répondu que cela n’a pourtant pas empêché les deux partis (PNL et la base Kataëb) de soutenir, à travers un communiqué, le rassemblement d’aujourd’hui. Seront-ils pour autant présents parmi les aounistes ? «On verra bien», s’est contenté de répondre le responsable. Ce militant ainsi que ses deux collègues, assis auprès de lui, n’ont pourtant aucun doute sur le succès que connaîtra la manifestation. Non seulement auprès des jeunes mais aussi auprès des «mères de famille». «Dernièrement, nous recevions plusieurs appel de femmes désespérées de la situation économique. Elles nous contactaient pour manifester à nos côtés et nous signifier leur dégoût de ce qui se passe sur le plan social», affirme ce militant qui avance des arguments sur les effets de la présence syrienne sur la crise économique. «Saviez-vous par exemple que le problème de la pollution due au mazout dont nous souffrons est causée non pas par les moteurs dits “diesel”, mais plutôt par la qualité de la substance qui nous est imposée par la Syrie ? Alors que nous pouvons tout simplement importer du diesel normal qui aille avec ces moteurs ?» Et cet interlocuteur de commenter également la réduction de 50 % sur la facture d’électricité qui a été «gracieusement octroyée» au gouvernement libanais lors de la visite de M. Assad à Beyrouth, en expliquant qu’il s’agit d’un «bluff» car «les prix auxquels a souscrit le Liban pour payer son électricité à la Syrie sont au départ trois fois plus chers». À quoi faut-il s’attendre aujourd’hui ? À un durcissement de la part des services de sécurité ou au contraire à un assouplissement relatif d’autant plus qu’à quelques jours du sommet arabe, l’image de marque du Liban est en jeu ? Les responsables au sein du CPL ne sont guère confiants sur le comportement des autorités. «Nous nous attendons certes à des intimidations et à des altercations comme il se doit, commente l’un d’eux. Depuis quelques jours, plusieurs étudiants qui ont participé à l’organisation de ce rassemblement ont reçu des menaces par téléphone. Ceux-là ne dorment plus chez eux depuis près d’une semaine». Le ministère de l’Intérieur, lui, a fait publier un communiqué dans lequel il demande aux responsables du mouvement de présenter une demande d’autorisation de manifester «afin que les forces de l’ordre puissent leur assurer une protection». «Nous avons refusé de nous soumettre pour la simple raison que nous sommes convaincus que ce ne sont certainement pas les forces de l’ordre qui vont assurer notre sécurité. Nous en avons déjà eu l’expérience en août dernier», précise, non sans une pointe d’ironie, la source aouniste. Entre-temps, l’Université libanaise a déjà annoncé qu’elle fermerait ses portes, «histoire de boycotter le mouvement», affirme le militant aouniste, alors que les autres institutions universitaires semblent jusque-là appuyer le mouvement. Reste à savoir si l’État aura appris quelque chose des expériences précédentes. Jeanine JALKH
Voilà treize ans, jour pour jour, que le général Aoun avait déclaré la guerre contre les forces syriennes présentes au Liban. C’est cette journée que les aounistes entendent désormais commémorer tous les ans pour renouveler leur foi en une série de revendications, à leur tête le retrait des troupes syriennes du Liban. Aujourd’hui ce sont plusieurs centaines, peut-être...