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Actualités - CHRONOLOGIE

Sommet arabe - Lahoud à l’émissaire de Saddam Hussein : L’isolement d’un pays arabe, néfaste pour toute la région L’Irak met en garde contre l’affaiblissement de « l’axe de résistance » Bagdad-Beyrouth-Damas(photos)

Le Liban et l’Irak jugent nécessaire, pour le monde arabe, que le sommet de Beyrouth débouche sur des positions unifiées qui mettront en évidence une solidarité arabe, indispensable, aujourd’hui plus que jamais, pour pouvoir faire face aux événements successifs dans la région. Délégué du président irakien Saddam Hussein, le vice-président du Conseil de commandement de la révolution Ezzat Ibrahim a discuté avec les dirigeants libanais des principaux sujets à l’ordre du jour du sommet, notamment le dossier israélo-palestinien et les menaces d’une frappe américaine contre l’Irak «qui accentuera les pressions sur le monde arabe». Le chef de l’État, le général Émile Lahoud, a fait savoir à son hôte que le Liban s’oppose formellement à toute attaque contre l’Irak, accusé par Washington de développer des armes de destruction massive et qu’il n’est pas dans l’intérêt des Arabes que Bagdad soit isolé. M. Ibrahim, qui représentera son pays au sommet de Beyrouth, a remis au général Émile Lahoud un message de son homologue irakien Saddam Hussein. Selon des personnalités qui ont pris part aux trois entretiens du responsable irakien avec le président Lahoud et les chefs du gouvernement Rafic Hariri et de la diplomatie Mahmoud Hammoud, le président irakien estime que le Liban, la Syrie et l’Irak forment un axe de résistance «dont l’affaiblissement minera l’ensemble des pays arabes», laissant ainsi entendre que les Arabes se doivent de former un front uni contre les Américains et de rejeter à l’unanimité toute opération militaire contre Bagdad. L’Irak, comme le Liban, place énormément d’espoir dans le sommet arabe : les deux pays espèrent aboutir à une position arabe unifiée concernant deux dossiers principaux : le conflit palestino-israélien et les menaces de frappes contre Bagdad, a-t-on indiqué de mêmes sources. À sa sortie de Baabda, M. Ibrahim a confirmé que ce dernier point sera examiné par les dirigeants arabes. «Un des sujets à l’ordre du jour du sommet porte sur les menaces contre la sécurité de la nation arabe. Les menaces contre l’Irak sont dirigées contre cette sécurité», a-t-il dit. Une couverture arabe pour l’intifada Selon les mêmes sources, le président Saddam insiste sur trois points essentiels : la solidarité arabe, le souhait de Bagdad de se replacer sur l’échiquier international en tant que pays membre de la Ligue arabe et l’appui à l’intifada. Pour lui, il est indispensable que le sommet arabe n’adopte pas de résolutions de nature à isoler l’Irak et il est tout aussi impératif de donner à l’intifada palestinienne «une couverture et une légitimité arabes». Celle-ci, estime-t-il aussi, doit se poursuivre, même si les pourparlers israélo-arabes reprennent. M. Ibrahimi, a-t-on ajouté de mêmes sources, a exposé à ses interlocuteurs les pressions exercées sur l’Irak et leur a fait savoir, au nom du président irakien, que Bagdad ne craint pas une attaque américaine mais que les participants au sommet de Beyrouth doivent réaliser que toute frappe contre l’Irak affectera l’ensemble de la région et accentuera les pressions exercées sur elle, notamment sur les pays voisins, en particulier le Koweït. Il leur a expliqué que l’Irak est «prêt, sur le double plan humain et militaire, à affronter toute attaque». Notons au passage que le vice-président du Conseil irakien de commandement de la révolution a fait part aux autorités libanaises de la volonté du président Saddam Hussein d’accroître le volume de la coopération commerciale avec Beyrouth et d’aider le Liban sur le plan économique. Le chef de l’État a réaffirmé devant le délégué présidentiel que Beyrouth refuse que l’Irak soit isolé ou qu’il soit la cible d’une opération militaire irakienne. L’entretien s’est déroulé en présence des chef de la diplomatie libanais Mahmoud Hammoud et irakien Naji Sabri Hadithi, de M. Béchara Merhej, ministre d’État, qui a reçu la délégation irakienne à son arrivée à la frontière libano-syrienne et de plusieurs responsables irakiens. Le président Lahoud a en outre indiqué que le sommet de Beyrouth doit «déboucher sur des positions unifiées qui affermiront la confiance dans la capacité des pays arabes à participer à la prise de décisions internationales, surtout que quelques-uns se contentent de prendre acte de ces décisions». Pour lui, la réunion du 27 mars sera aussi une occasion «pour confirmer les choix stratégiques fondées sur l’application des résolutions internationales». Le général Lahoud a en outre estimé que l’affaiblissement d’un État arabe est néfaste pour l’ensemble des pays de la région, affirmant que les Arabes sont des partisans de la paix, mais qu’ils ne peuvent pas garder les bras croisés devant ce qui se passe (dans les Territoires notamment) sans essayer d’œuvrer pour faire prévaloir la justice. Dans une déclaration à la presse à sa sortie de Baabda, M. Ibrahim a indiqué que «les États-Unis détestent le peuple arabe, et il n’y a pas d’espoir qu’ils se comportent d’une façon censée envers les Arabes». En ce qui concerne le contentieux irako-koweïtien, le délégué irakien a déclaré que son pays «souhaite l’indépendance, la paix, la liberté et la sécurité pour le Koweït». «Nous n’avons pas de problèmes avec le Koweït. C’est le Koweit qui en crée», a-t-il estimé. M. Ibrahim, qui préside une délégation irakienne officielle de quarante personnes, comptant parmi ses membres le ministre irakien des Affaires étrangères Naji Sabri Hadithi, a eu par la suite un entretien avec le chef du gouvernement à l’hôtel Phoenicia où il réside. L’entrevue s’est déroulée en présence de MM. Hadithi, Merhej et du chargé d’affaires irakien. M. Hariri a offert un déjeuner, à Koraytem, en l’honneur du chef de la délégation irakienne qui a été reçu ensuite, au palais Bustros, par le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud pour un entretien centré également sur le sommet arabe et les menaces de frappes contre l’Irak. Rappelons que M. Ibrahim se trouve au Liban dans le cadre d’une tournée arabe qui l’a déjà mené en Jordanie et en Syrie, en prévision du sommet qui s’ouvrira dans quatorze jours dans la capitale.
Le Liban et l’Irak jugent nécessaire, pour le monde arabe, que le sommet de Beyrouth débouche sur des positions unifiées qui mettront en évidence une solidarité arabe, indispensable, aujourd’hui plus que jamais, pour pouvoir faire face aux événements successifs dans la région. Délégué du président irakien Saddam Hussein, le vice-président du Conseil de commandement de...