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Actualités - OPINION

Le discours de Lahoud au sommet devrait orienter les débats

Comme on le sait, les Américains ont célébré le semestre du 11 septembre en se lançant dans une double campagne diplomatique au Moyen-Orient. D’abord, à chaud, le général Anthony Zinni est réexpédié par le président Bush pour imposer un cessez-le-feu, calmer le jeu, réamorcer les négociations entre Israéliens et Palestiniens. Afin de résorber le mécontentement et l’agitation arabes, en permettant à Arafat de participer au sommet de Beyrouth. Perspective que Washington apprécie dans la mesure où la proposition avancée par le prince Abdallah d’Arabie a des chances de passer. De son côté, à froid, le vice-président US, M. Dick Cheney, vient effectuer une tournée. Pour disposer les pions en vue de la deuxième phase de la guerre contre le terrorisme et contre «l’axe du mal». Et voir s’il est possible d’obtenir des Arabes sinon de cesser de protester contre une éventuelle frappe lourde visant l’Irak, du moins de ne pas confirmer leur position lors de leur sommet. Sous prétexte que le conflit irako-koweïtien persiste et qu’il vaut mieux ne pas en faire état, pour préserver l’unité des rangs. Cependant, tout comme aux échecs, les blancs ont l’avantage du premier coup dit de l’initiative, c’est au chef de l’État libanais, M. Émile Lahoud, de donner le ton et le la à l’ouverture de la conférence qu’il doit présider. En effet, il lui appartient de définir dans son discours inaugural le cadre des thèmes à débattre, leur plafond politique. Loin du jeu des axes et des tiraillements, pour promouvoir une véritable solidarité et faire du rendez-vous de Beyrouth un événement historique. Durant les débats, le président-hôte aura sans nul doute à cœur d’assumer un rôle actif de conciliateur, parfois même d’arbitre si les protagonistes concernés y consentent. Il s’efforcera de faciliter de la sorte la coordination entre les différentes délégations, à l’image ou à l’exemple de la coopération qui existe entre le Liban et la Syrie. En principe, le but recherché est de parvenir à ce que les résolutions du sommet soient adoptées à l’unanimité. Tant pour ce qui est de la cause palestinienne que par rapport à l’Irak. Pays taxé de terrorisme par les USA, accusation que les Européens rejettent, comme les Arabes. L’an dernier, le sommet d’Amman, pour éviter les heurts frontaux, s’était contenté d’évoquer «le cas irako-koweïtien». Mais les donnes ont changé et l’on ne peut désormais ignorer les lourdes menaces américaines ciblant Bagdad. Il ne serait pas étonnant dès lors que le sommet arabe y réponde, par une condamnation sans appel de toute guerre que les États-Unis lanceraient contre l’Irak. Car, au-delà des principes moraux, une telle opération risquerait de semer l’anarchie dans l’ensemble de la région, de mettre plusieurs pays en péril d’éclatement. Au profit de l’émergence de mini-États ethniques ou confessionnels, ce qui ferait le jeu d’Israël. C’est ce que souligne le roi Abdallah II de Jordanie, pour qui une attaque contre l’Irak constituerait une vraie catastrophe menaçant la sécurité comme la stabilité de toute la région. De leur côté, les présidents Hosni Moubarak d’Égypte et Bachar el-Assad de Syrie refusent une guerre qui ne serait pas justifiée. Or Bagdad soutient de son côté qu’il ne dispose pas d’armes de destruction totale, qu’il est prêt à accepter le retour des inspecteurs de l’Onu et que le tandem anglo-américain use de faux prétextes pour l’attaquer. Ajoutant qu’il est temps que des efforts arabes et européens sensibles soient déployés pour la levée de l’embargo qui le frappe. Pour leur part, la plupart des pays européens soutiennent la position arabe. Surtout que la CIA elle-même a reconnu que l’Irak n’a jamais fourni d’armes chimiques ou biologiques à Ben Laden, qu’il n’a pas été complice des attentats du 11 septembre. Même le Premier ministre britannique, M. Tony Blair, a estimé que la guerre totale contre l’Irak ne peut pas se justifier s’il n’est pas clairement impliqué dans ces attentats. Le ministre allemand des Affaires étrangères, M. Joschka Fischer, a indiqué de son côté qu’il existe, pour contrer l’Irak, d’autres stratégies que l’option militaire. Même position pour la Russie, qui invite Bagdad à se conformer aux injonctions de l’Onu en réprouvant les projets US qui disloqueraient en définitive toute la région. Le sommet arabe de Beyrouth se retrouve donc confronté à des tests majeurs. Il lui faut prendre position par rapport au conflit arabo-israélien dans son ensemble, par rapport à la confrontation israélo-palestinienne et par rapport aux visées US concernant l’Irak. En tenant compte de la poussée de fièvre au niveau de la rue arabe. Et en préservant l’unité de ses rangs. Émile KHOURY
Comme on le sait, les Américains ont célébré le semestre du 11 septembre en se lançant dans une double campagne diplomatique au Moyen-Orient. D’abord, à chaud, le général Anthony Zinni est réexpédié par le président Bush pour imposer un cessez-le-feu, calmer le jeu, réamorcer les négociations entre Israéliens et Palestiniens. Afin de résorber le mécontentement et...