EXPOSITION - « Textes et toiles », jusqu’au 29 mars au CCF De l’art des costumes de théâtre selon Claude Mabélé(PHOTO)

Claude Mabélé est une artiste française qui a travaillé pendant des années sur le costume de théâtre. «Particulièrement sur la teinture, la patine, la peinture et l’impression au pochoir des tissus des costumes de scène», souligne-t-elle. Aujourd’hui, retirée du métier de costumière (peintre-teinturière), elle n’en garde pas moins un profond amour pour cet alliage de «textes et toiles» dans lequel elle a baigné si longtemps. «Le costume au théâtre “honore” le texte, dans le sens où le texte et le metteur en scène vont être “les capitaines” de toute sa fabrication. Le travail se fait sur base de documents, de peintures, pour essayer de reproduire le costume de l’époque choisie, explique-t-elle. Un cadre de scène est comme le cadre d’un tableau. On y propose des images qui sont liées à la peinture, parce qu’il y a de la couleur, de la lumière et des personnages. Si en plus on peint un costume, on lui donnera une dimension picturale beaucoup plus sensible, plus vivante, qu’un tissu acheté prêt». Claude Mabélé s’est attelée dernièrement à un travail de mémoire sur son métier, en élaborant des bannières, par assemblage d’échantillons de tissus teints qu’elle a conservés précieusement de ses années au théâtre. Elle présente au Centre culturel français (rue de Damas), jusqu’au 29 mars, une quinzaine de ses «tableaux en puzzle de tissus», réalisés donc à partir d’un support en toile de lin peint et patiné, sur lequel elle a cousu d’autres bouts de tissus et appliqué des perles de verre, des bijoux anciens, des pampilles, du bois flotté… Dont un panneau réalisé avec les bouts de tissus de deux robes portées par Sylvia Montfort dans la pièce Britannicus en 1993. Parallèlement à ces «mosaïques en textile» du plus bel effet, Claude Mabélé expose quatre des costumes qu’elle a réalisés pour Esther de Racine et Ismen de Yannis Ritsos : une longue cape et un grand manteau aux tissus peints et ornés de dorures en patine, ainsi qu’une écharpe en velours avec impression au pochoir et une robe en «plissé Fortuni» (du nom d’un artiste décorateur vénitien du XIXe siècle, et qui rappelle la technique du créateur japonais Issey Miyake). Ces pièces, qui lui ont été prêtées pour l’occasion par les réserves de l’Opéra junior de Montpellier et de la compagnie «Art théâtre» d’Avignon, offrent de beaux exemples du travail à la fois artistique et artisanal du peintre-teinturier de théâtre. Quelques photographies apportent également un certain éclairage sur les différentes étapes de la création (de la teinture des textiles à la coupe et couture) des costumes de théâtre. Une exposition qui intéressera certainement les amateurs de belles étoffes, mais aussi surtout les étudiants décorateurs, stylistes et de théâtre. D’autant que Claude Mabélé va animer jusqu’au 21 mars un «atelier d’initiation au costume de théâtre» qui leur est adressé, et à l’issue duquel les maquettes de costumes qu’ils auront réalisées feront l’objet d’une exposition au Théâtre de Beyrouth. À suivre donc. Z.Z.