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Actualités - REPORTAGE

Denniyé - Sous la présidence de Nasri Lahoud, la Cour de justice a repris l’interrogatoire des inculpés Zaarour et ses compagnons entendaient combattre Israël au Liban-Nord

Le sort semble s’acharner sur les 26 inculpés dans l’affaire de Denniyé. Les faits se sont produits en décembre 1999, le procès s’est ouvert un an plus tard devant la Cour de justice et au bout de deux ans, on en est encore à l’interrogatoire du second inculpé. Entre-temps, les événements du 11 septembre n’ont pas arrangé les choses, radicalisant l’opinion publique contre les islamistes surtout liés de près ou de loin à Ben Laden. La nouvelle Cour de justice présidée par le magistrat Nasri Lahoud a pourtant fait de son mieux pour rassurer les inculpés qui ont vite pris leurs aises, réclamant une pause pour la prière et une autre pour manger... Tout le monde attendait le nouveau président du CSM – qui est aussi le président de la Cour de justice – pour déceler, à travers sa façon de diriger l’audience, les nouvelles orientations de la justice. Mais la voix enrouée, le président Lahoud n’est pas beaucoup intervenu, laissant le magistrat Ralph Riachi et le procureur Adnane Addoum occuper le devant de la scène. Après l’appel des inculpés, l’interrogatoire de Abdel Meneem Zaarour entamé au cours de la dernière audience reprend. Dans ses déclarations préliminaires, Zaarour avait fait de graves révélations. Il avait raconté comment, avec certains de ses compagnons, il participait à un camp dit «de prières et de méditations», mais avec des armes, sous le commandement de Bassam Kenj, alias Abou Aïcha, un des membres présumés d’el-Qaëda, selon les listes américaines. 24 heures avant le déploiement de l’armée dans la région, Kenj aurait reçu un coup de fil de Mouazzam Chaabane, le fils de Saïd Chaabane du Mouvement de l’unification islamique, pour l’alerter. Abou Aïcha aurait aussitôt donné l’ordre de se retirer vers une station de radio à Assoun, appartenant à Daiyat al-islam Chahhal. C’est là que le commandant Naddaf et le sergent qui l’accompagnait sont tombés dans une embuscade et ont été pris en otages par les éléments armés. Zaarour a raconté devant le juge d’instruction Hatem Madi comment, sur ordre de Kenj, ils se sont repliés vers la vallée avec leurs armes et leurs otages avant de se rendre toujours sur l’ordre de Kenj au village (chrétien) de Kfarhabou où ils ont investi deux maisons, faisant plusieurs victimes civiles dont une femme enceinte. Devant la cour et selon un scénario devenu très classique, Zaarour revient sur ses précédentes déclarations, affirmant avoir parlé sous la contrainte devant les enquêteurs militaires, mais aussi devant le juge d’instruction. Addoum lui fait remarquer que devant le juge il avait un avocat et l’inculpé précise que ce dernier lui a dit de se rétracter devant la cour. Addoum relève encore que les deux dépositions de l’inculpé ne sont pas identiques devant les SR et devant le juge, essayant de comprendre pourquoi ces derniers se seraient amusés à modifier les versions, s’ils avaient, comme le prétend l’inculpé, inventé le dossier. Mais il se heurte à un mur, Zaarour refusant de répondre. Selon lui, avec ses compagnons, ils ne formaient pas un groupe organisé, structuré et militarisé. «À quoi donc servaient les armes ? deman de la cour. «À combattre Israël». «Au Liban-Nord ?» «Là où on peut le trouver, pourquoi pas ?». Donc, selon sa version, il n’était pas armé, il n’a pratiquement rien vu et Abou Aïcha n’était pas le chef, même si ce sont ses ordres qui ont été exécutés. Comment sont donc mortes les femmes de Kfarhabou, ? «Ce sont les soldats de l’armée et les habitants du village qui les ont tuées, en voulant nous atteindre». À l’en croire aussi, les 17 membres du groupe, dont Abou Aïcha, qui s’est réfugié à Kfarhabou n’avaient pas l’intention de forcer les maisons du village, ils voulaient simplement demander aux villageois la possibilité de soigner les blessés et un peu de nourriture parce qu’ils avaient à peine mangé depuis 3 jours. Ils arrivent donc vers minuit à la première maison, frappent à la porte et comme on ne leur ouvre pas, ils entrent de force. Selon l’acte d’accusation, ils auraient lancé une grenade à l’intérieur, mais Zaarour nie ce fait, affirmant que la grenade est venue de l’intérieur... Dans les rangs de la partie civile, les proches des victimes bouillonnent. L’inculpé nie aussi appartenir au courant salafite (les sunnites extrémistes) «Je suis musulman». «Je le suis aussi, rétorque Addoum, mais tu dois avoir un rite quelconque. Es-tu sunnite ou chiite ?». «Je suis musulman», s’obstine Zaarour. Mais avec beaucoup de patience, Addoum s’ingénie à démontrer l’absurdité de ses propos. L’interrogatoire se poursuivra le 5 avril. Scarlett HADDAD
Le sort semble s’acharner sur les 26 inculpés dans l’affaire de Denniyé. Les faits se sont produits en décembre 1999, le procès s’est ouvert un an plus tard devant la Cour de justice et au bout de deux ans, on en est encore à l’interrogatoire du second inculpé. Entre-temps, les événements du 11 septembre n’ont pas arrangé les choses, radicalisant l’opinion publique...