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Actualités - CHRONOLOGIE

CONFÉRENCE - « Le Liban doit devenir un modèle de référence pour ne pas disparaître » Moawad : « Les ministres de Hariri, généreux avec eux-mêmes mais avares avec les Libanais »

«Le Liban a-t-il un rôle spécifique à jouer dans les changements de l’après 11 septembre ?» C’est à cette interrogation qu’a tenté de répondre la députée Nayla Moawad, au cours d’une conférence-débat hier soir à la faculté des sciences humaines de l’USJ. Conférence qui s’est déroulée sous le signe de la modération et de l’ouverture mais qui n’a pas manqué de critiques pour le moins acerbes à l’égard de la politique du gouvernement, devant un important parterre de personnalités diplomatiques, politiques et universitaires. «Devenir un modèle de référence ou être voué à disparaître», tel est le choix auquel notre pays, le Liban, est actuellement confronté, lance Nayla Moawad à l’assistance. Tout d’abord, faudrait-il «cimenter notre pluralisme politique à travers une véritable pratique démocratique, mais aussi poser les fondements d’une vision économique moderne, adaptée aux changements imposés par la mondialisation». Les grandes lignes du rôle que le pays était appelé à jouer, reprend la députée, le regroupement de Kornet Chehwane les a clairement formulées, lançant sur cette base un appel aux chrétiens et aux musulmans du Liban et du monde arabe, à la Syrie, mais aussi au «pouvoir, ce monstre à trois têtes et à je ne sais combien de poches, pour travailler ensemble à rejeter le recours à toute forme de guerre religieuse telle que prônée par les extrémistes, pour parvenir à un compromis et tourner la page d’un passé chargé de conflits, pour travailler ensemble à une réconciliation nationale». Mais Nayla Moawad précise à ce sujet que le pouvoir a refusé la main tendue par les Libanais. «Car le pouvoir a préféré l’affrontement. Un affrontement politique, par le biais des moukhabarats et services armés, cherchant à museler l’opposition, mais aussi la société», accuse-t-elle, dénonçant les atteintes aux droits de l’homme et aux libertés essentielles. Quant à l’autre affrontement, celui d’ordre économique et social, «un racket en tous genres, il consiste à faire payer à la grande majorité des Libanais le prix des erreurs et malversations commises par une poignée de dirigeants qu’ils n’ont même pas choisis». Qualifiant de très graves, de ridicules et de dangereux les propos du Premier ministre, lundi soir, qui accusait les chrétiens de négativisme, Mme Moawad lance un appel à tous les Libanais, leur demandant de ne pas «tomber dans le piège de la confessionnalisation du débat économique». Et la députée de lancer un appel au Premier ministre pour le «ramener à la pratique d’une éthique élémentaire que se doit de respecter tout responsable dont les actes et les propos ont des répercussions sur l’ensemble de la population». Une fondation nationale pour la réflexion et le dialogue Face aux changements survenus depuis le 11 septembre, elle appelle, ensuite, à une réflexion commune sur le rôle que le Liban pourrait jouer, sur le message qu’il pourrait transmettre et sur les moyens d’y parvenir. Une réflexion qui vise à faire du Liban, «que nous voulons souverain et indépendant , le vecteur d’une voie arabe vers la modernité». Une réflexion qui entend faire de notre pays «un partenaire privilégié de l’Europe, pour faire de la Méditerranée une zone de convivialité et de rapprochement». Une réflexion qui ferait du Liban «le promoteur d’un véritable dialogue islamo-chrétien pour éviter que l’affrontement ne s’exprime en termes religieux». Cette réflexion se doit finalement d’étudier le rôle que le Liban peut et doit jouer dans les changements imposés par la mondialisation. Un rôle qui développerait les ressources humaines, qui donnerait la priorité absolue à l’éducation. Aussi Mme Moawad propose-t-elle la création d’une fondation nationale pour la réflexion, la recherche et le dialogue, qui définirait un nouveau projet de société. Au terme de la conférence, l’assistance a adressé à Nayla Moawad des questions sur son alliance avec Omar Karamé, sur la réconciliation nationale qui doit, selon ses propos, respecter les blessures et les spécificités de chacun, sur la visite du président syrien qu’elle a qualifiée de positive, sur le comité de défense des libertés des étudiants, mais aussi sur le rôle de la femme. Le père Sélim Abou, recteur de l’USJ, est également intervenu, regrettant que la critique adressée au Premier ministre ait été aussi caricaturale. Remarque aussitôt suivie d’une question dans l’assistance sur les reproches que la députée pourrait adresser à Hariri. «J’ai exprimé en peu de mots ce que je ressens. Je lui reproche sa compromission politique», lance tout de go Mme Moawad. «Je ne lui reproche pas d’avoir reconstruit le centre-ville et l’aéroport. Je lui reproche d’avoir abusé de la confiance des Libanais et d’avoir plongé le pays dans une dette de 30 milliards de dollars, alors que seuls 6 à 7 milliards, selon les propos de certains ministres, ont été utilisés pour développer l’infrastructure. Je reproche à ses ministres d’avoir été généreux avec eux-mêmes et avec leur entourage, mais avares avec les Libanais». Anne-Marie EL-HAGE
«Le Liban a-t-il un rôle spécifique à jouer dans les changements de l’après 11 septembre ?» C’est à cette interrogation qu’a tenté de répondre la députée Nayla Moawad, au cours d’une conférence-débat hier soir à la faculté des sciences humaines de l’USJ. Conférence qui s’est déroulée sous le signe de la modération et de l’ouverture mais qui n’a pas...