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Actualités - OPINION

La détente, en attendant l’entente

Retour de son rendez-vous hebdomadaire à Baabda, le président Nabih Berry se frotte les mains de satisfaction : il n’y a pas, il n’y a plus, d’eau dans le gaz dans ses rapports avec le chef de l’État. Tout heureux, il s’est empressé de faire part de cette extraordinaire bonne nouvelle aux députés qu’à son tour il recevait en audience de semaine. En soulignant que les difficultés notables du moment requièrent une attitude positive, loin des zizanies habituelles qui nuisent tant au moral, et à la poche, des Libanais. Le chef du Législatif a dans son élan neuf pressé les commissions parlementaires de mettre les bouchées doubles dans l’examen des dossiers qui leur sont soumis. Pour que l’Assemblée puisse faire passer dans les meilleurs délais les projets de l’Exécutif. Il a indiqué aux députés que, juste après le sommet arabe, ils devront déployer un zèle printanier pour légiférer en matière de privatisations. En insistant encore une fois sur la nécessité d’une coordination-coopération renforcée entre les institutions comme entre les pouvoirs. Pour mieux lutter contre les ravages de la récession économique (et sociale). Cela étant, et comme justement une hirondelle ne fait pas le printemps, force est de constater que le climat politique ne se fonde pas sur les seuls rapports au sein de la troïka. On sait ainsi que de nombreuses polémiques ont fleuri ces derniers temps entre loyalistes et opposants, bien entendu, mais aussi entre diverses composantes de la société civile, dont les instances économiques, et l’État. Ces prises de bec, et de position, s’accompagnent souvent de fâcheux, d’inquiétants relents confessionnalistes. Cette vague, qui semble avoir culminé avec les propos amènes publiquement tenus par le chef du gouvernement, ne date cependant pas de la dernière pluie. Elle remonte en fait à l’époque estivale où l’on tabassait des jeunes, tout en préparant le douteux partage de fromage que constitue le train à multiples wagonnets des nominations-promotions-permutations-évictions administratives. La flambée sectaire, faut-il le rappeler, peut se facilement se relier au plan historique aux mentalités comme aux pratiques qui ont pris corps après Taëf. Tout le monde, les loyalistes compris, s’accorde en effet à reconnaître, ou à avouer, que jamais le pays n’avait connu des clivages confessionnels aussi marqués, même pendant la guerre dite civile. Les tensions d’hostilité ont une double cause initiale évidente : la discrimination qui frappe certaines parties, convaincues d’avoir été vaincues, et les luttes entre gagnants pour se partager le butin (de guerre). Une agitation absurde, pour ne pas dire suicidaire, car tout le monde est embarqué à bord de la même galère. Comme tous les dirigeants se plaisent à le répéter depuis des années, sans en tenir effectivement compte ! Côté comptes, justement, l’ardoise s’alourdit chaque jour, comme le prouve cette histoire de milliards de dollars en eurobonds. La priorité économique saute aux yeux. Mais, remarquent des sources proches de la Rencontre de Kornet Chehwane, il est illusoire de penser qu’on peut stabiliser le pays et lui redonner confiance, ce qui est indispensable pour le redressement de ses finances, sans le sortir d’abord de sa dépression nerveuse politique. En d’autres termes, la détente au sein de la troïka ne suffit pas. Il faut aussi, il faut surtout, réaliser l’entente. Nationale s’entend. En arrêtant, pour commencer, de prendre l’Est pour bouc émissaire comme on l’a toujours fait depuis 1975. Et en cessant d’imputer au camp chrétien, contre toute logique, la responsabilité de la dégradation économique, en l’accusant de mettre des bâtons dans les roues du pouvoir pour en provoquer l’échec. Ces sources rappellent en substance que «nous sommes, pour le moins, une partie organique de la patrie. Tout ce qui lui nuit nous fait mal. Nous sommes logés à la même enseigne que tous nos frères. Aussi, nous sommes avant tout demandeurs de dialogue. Pour une entente nationale authentique. En base de l’application de Taëf dont des clauses-clés restent en suspens. En base aussi de l’appartenance identitaire du Liban, nul ne devant oublier l’apport décisif des chrétiens libanais à la renaissance arabe, au début du siècle dernier. Nul ne doit oublier non plus que les chrétiens libanais ont été et demeurent le fer de lance de la lutte contre Israël et les défenseurs de toutes les justes causes arabes. Nous n’avons aucun intérêt, bien au contraire, à empoisonner le climat politique ambiant. Car cela torpillerait les chances de ce dialogue pour lequel nous nous battons. Sans compter que les tensions aggravent la crise économique qui nous frappe autant, sinon plus, que les autres composantes du pays». Philippe ABI-AKL
Retour de son rendez-vous hebdomadaire à Baabda, le président Nabih Berry se frotte les mains de satisfaction : il n’y a pas, il n’y a plus, d’eau dans le gaz dans ses rapports avec le chef de l’État. Tout heureux, il s’est empressé de faire part de cette extraordinaire bonne nouvelle aux députés qu’à son tour il recevait en audience de semaine. En soulignant que les...