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Actualités - REPORTAGE

ArCHÉOLOGIE - Une cité romaine sur l’Euphrate présentée au musée de l’AUB Doura-Europos, une architecture grandiose en brique crue(PHOTOS)

Doura-Europos compte parmi les plus grands sites archéologiques de la Syrie. Cette cité fondée sur l’Euphrate a été fortifiée par les Séleucides et habitée par la suite à la période romaine. La synagogue et la maison chrétienne aux parois ornées de peintures murales qu’elle abritait ont donné à ce site une renommée internationale. Les deux missions, française et américaine, qui ont fouillé le site entre 1922 et 1938, ont dégagé le quart de sa superficie, donnant ainsi une image concrète de la ville romaine du IIIe siècle ap. J-C. Après des siècles d’existence et des périodes glorieuses, Doura-Europos est tombée dans l’oubli au lendemain de la conquête sassanide. De cette imposante cité antique, il ne reste plus que des ruines dans un état déplorable. Archéologue, spécialiste de la taille de la pierre sur ce site et membre de l’équipe chargée des fouilles, le Dr Jeanine Abdul-Massih a donné, au musée de l’AUB, une conférence à ce sujet intitulée : «La restitution de la maison romaine à Doura-Europos : décor et peintures». «La cité était construite avec de la brique crue, et la fragilité de ces matériaux face aux intempéries s’est traduite en pratique par la disparition de toutes les élévations en terre crue, a expliqué le Dr Abdul-Massih. Cependant, dans la rue du rempart occidental, le grand glacis romain élevé contre la muraille a permis la conservation de certains bâtiments sur plusieurs mètres de hauteur. Ces édifices ont livré de nombreuses fresques et des graffitis et sauvegardé des exemples de l’architecture et du décor (portes, fenêtres et niches…) dévoilant ainsi ce que pouvait être l’architecture antique aux confins du monde romain», souligne-t-elle. Cette l’équipe de fouille franco-syrienne, dont fait partie Mme Abdul-Massih, avait repris le site en main en 1986, après soixante ans d’abandon. L’état de dégradation avancé des vestiges a nécessité la mise en place, par cette équipe, d’un programme de conservation et de préservation du site, fondé sur l’étude des matériaux de construction. «Pour la reconstitution des murs, nous avons fait appel aux maçons locaux, héritiers des techniques antiques de construction en brique crue. La terre mélangée à la paille était laissée au repos pendant plusieurs jours, puis découpée en carreaux de quarante centimètres. Ils étaient utilisés dans la restitution des murs, comme ceux de “la maison chrétienne”», ajoute le Dr Abdul-Massih. Cette méthode de travail a permis aux archéologues d’obtenir une idée claire de la durée, du matériel et du nombre d’ouvriers nécessaires pour la construction d’une maison à l’époque romaine à Doura-Europos. Intertitre : Une synagogue aux parois ornées de peintures Dix-sept communautés religieuses coexistaient à Doura-Europos. D’où l’existence d’une synagogue dans la cité qui n’est plus aujourd’hui qu’un amas de briques. Le mur occidental dont la paroi était ornée de peintures a été découpé, puis reconstruit au musée national de Damas dans l’aile reproduisant la salle de prières de cette synagogue. Le fait que les parois d’une synagogue soient ornées de peintures peut sembler étrange, d’autant plus que les études artistiques comparatives ont montré que le même artiste les avait réalisées celles de «la maison chrétienne». Pour certains spécialistes, il s’agirait là d’une preuve que la tolérance religieuse prévalait à cette époque. Sur ce site, la beauté et la finesse des détailles ornementaux n’étaient pas réalisées avec de la pierre, mais avec de la brique. La pierre gypseuse, de mauvaise qualité, servait pour la construction des chapiteaux des colonnes, les linteaux et les encadrements des portes, alors que les murs, et même les colonnes, étaient en briques. Leur enduit était recouvert d’une peinture imitant l’aspect du marbre, selon le Dr Abdul-Massih. La mission a entrepris la construction d’un musée sur le site pour en faciliter la compréhension aux visiteurs de ce site archéologique. Il s’élève sur les fondations d’une maison romaine et son architecture est inspirée de celle du site. Toutes les informations sur les particularités de l’architecture, notamment en ce qui concerne les fonctions et l’importance des monuments de Doura-Europos seront mises à la disposition des touristes dans ce musée dont l’inauguration est prévue pour l’automne prochain. Joanne FARCHAKH
Doura-Europos compte parmi les plus grands sites archéologiques de la Syrie. Cette cité fondée sur l’Euphrate a été fortifiée par les Séleucides et habitée par la suite à la période romaine. La synagogue et la maison chrétienne aux parois ornées de peintures murales qu’elle abritait ont donné à ce site une renommée internationale. Les deux missions, française et...