Liban-Syrie - Promesse de poursuite, « à tous les niveaux », entre les deux pays Pour Assad, cinq heures à Beyrouth dont cent minutes de tête-à-tête avec Lahoud(photos)

Escorté par deux hélicoptères, l’avion du président syrien a atterri hier à 10 heures 30, à la base militaire de l’aéroport de Beyrouth. Venu coprésider avec son homologue libanais, le général Émile Lahoud, la quatrième réunion du Conseil supérieur de coopération libano-syrien, Bachar el-Assad était accompagné du Premier ministre syrien Moustapha Miro, du ministre des Affaires étrangères Farouk el-Chareh, du président de l’Assemblée du peuple (Parlement), Abdel Kader Kaddoura, et du chef des services de renseignements syriens au Liban, le général Ghazi Kanaan. C’est la première visite officielle que M. Assad effectue au Liban depuis qu’il a succédé à son père, Hafez el-Assad, en juillet 2000. C’est également la troisième fois qu’un chef d’État syrien visite officiellement le Liban, depuis 1943, année de l’indépendance. En 1947, le président Choucri Kouatli s’était rendu à Beyrouth. Et en janvier 1975, le président Hafez el-Assad avait rencontré, à Chtaura, son homologue libanais, Sleiman Frangié. Annoncée samedi en soirée, la visite surprise de cinq heures de M. Assad au Liban intervenait à quelques semaines du sommet arabe de Beyrouth, prévu les 27 et 28 mars. Elle a permis aux deux présidents de discuter de la situation au Proche-Orient dans le cadre des contacts nécessaires, avant la réunion, de tous les chefs d’État de la Ligue arabe. Au cours de sa courte visite au Liban, le président Assad s’est entretenu, à huis clos, durant 1 heure 40 minutes, avec le général Lahoud. Les deux chefs d’État ont ensuite coprésidé la réunion du Conseil supérieur libano-syrien, qui a regroupé, du côté syrien, MM. Miro, Chareh et Kaddoura, et, du côté libanais, le président de la Chambre Nabih Berry, le chef du gouvernement Rafic Hariri, le vice-Premier ministre Issam Farès, et le secrétaire général du Conseil conjoint, Nasri Khoury. C’est M. Khoury qui a donné lecture ensuite du communiqué commun libano-syrien qui réclame une paix israélo-arabe fondée sur toutes les résolutions des Nations unies, «une paix juste, globale et permanente, conforme au cadre de la conférence de Madrid». Ambiance décontractée à l’AIB Hier à 9 heures 30, la garde présidentielle répétait sa parade sur le tarmac de l’aéroport, et les officiels, ministres, députés et ambassadeurs arabes commençaient déjà à affluer au salon d’honneur de l’AIB. C’est dans une ambiance décontractée que responsables libanais et diplomates arabes attendaient l’arrivée du président Assad. Négib Mikati, ministre des Travaux publics et des Transports, ne tient pas en place. Après avoir fait les cent pas au salon d’honneur, il décide de sortir prendre le soleil. Il cherche son collègue, le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi. «Il est avec le ministre Murr», lui indique-t-on. Le ministre de l’Intérieur Élias Murr ne s’est pas attardé au salon d’honneur. Il est sorti se promener sur le tarmac de l’aéroport, loin des officiels. À 10 heures, les officiels libanais rassemblés au salon d’honneur décident de sortir pour prendre leurs places officielles. En marchant vers la tribune, le nouveau président du Conseil supérieur de la magistrature, Nasri Lahoud, salue chaleureusement ses connaissances et amis. Et avec Lahoud, les serrements de main ne sont pas de mise. Il ouvre les bras, serre contre lui le procureur général de la République Adnane addoum, se retourne ensuite vers le ministre de l’Information, Ghazi Aridi, lui tapote le visage en signe d’affection. Dans un éclat de rire, le groupe continue son chemin. Le ministre des Finances, Fouad Siniora, est de loin le plus discret. En attendant l’arrivée du président de la République, Émile Lahoud, les ministres engagent des conversations à bâtons rompus. Le ministre de la Culture, Ghassan Salamé, lance une gentille pointe au ministre de l’Énergie et de l’Eau, Mohammed Youssef Beydoun, en évoquant le dossier chaud des compteurs d’électricité. Négib Mikati raconte à ceux qui veulent l’entendre, notamment aux ministres Michel Pharaon, Karam Karam et Fouad es-Saad, que «le bâtiment neuf situé juste en face n’est autre que le nouveau salon d’honneur, qui sera prêt dans peu de temps». Pour le ministre de l’Industrie, Georges Frem, le soleil est trop fort. Faisant fi du protocole, il sort un mouchoir de poche blanc et se couvre le crâne. Un autre ministre ignore superbement toutes les mesures de sécurité observées normalement à proximité d’une piste d’atterrissage. Une dizaine de minutes avant l’arrivée du président Assad, le ministre baassiste, Nazih Beydoun, allume tranquillement une cigarette. Le général Lahoud s’approche des ministres présents, qui relèvent l’importance de «cette visite historique». Le ministre des Déplacés, Marwan Hamadé, repasse en revue les visites des chefs d’État syriens au Liban. Il évoque également la rencontre de Nasser, alors président de la République arabe unie, avec le président Fouad Chéhab dans une baraque érigée spécialement pour l’occasion à Masnaa. 10 heures 30, l’avion du président Assad atterrit et 21 coups de canon retentissent dans le ciel de Beyrouth. Au pied de la passerelle, le général Lahoud, le Premier ministre Hariri, le chef du Parlement Nabih Berry et le vice-président de la Chambre Élie Ferzli attendent. Après avoir passé en revue la garde d’honneur, le chef d’État syrien accompagné par son hôte libanais gagne immédiatement le palais de Baabda. Le convoi qui suit la voiture de la présidence libanaise est – entre autres – formé d’une cinquantaine de Mercedes noires, dont la moitié porte des plaques d’immatriculation syriennes. Une minute de silence Au palais présidentiel, une réunion à huis clos se tient entre MM. Assad et Lahoud ; la délégation syrienne attend avec les responsables libanais dans la salle réservée anciennement aux réunions du Conseil des ministres. Elle est directement suivie par la réunion du Conseil supérieur de coopération libano-syrien, qui dure, elle, 1 heure 50 minutes. À la demande du président Lahoud, elle est entamée par une minute de silence en mémoire du président syrien Hafez el-Assad, qui «a jeté les bases du Conseil supérieur libano-syrien», indique-t-on au palais de Baabda. Entourés des Premiers ministres et des chefs du Parlement libanais et syrien, les deux présidents ratifient les diverses décisions, économiques notamment, du Conseil supérieur. Au salon des ambassadeurs, les deux chefs d’État échangent les décorations. Le général Lahoud remet l’Ordre du Mérite libanais, du grade extraordinaire (la plus haute distinction de la République) à son homologue syrien, alors que le président Assad décore le président libanais du grand cordon de l’Ordre des Omeyyades. Avant de prendre part au déjeuner donné en son honneur, le président syrien signe le registre d’or du palais. Il souhaite «la prospérité et le bonheur au peuple libanais». Il promet également «la poursuite de la coopération, à tous les niveaux, entre les deux peuples frères». Souriant, il pose un petit moment devant les objectifs des photographes. Alors que les hauts responsables libanais et syriens prennent part au déjeuner, le secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien donne lecture du communiqué conjoint, mais ne répond pas aux questions de la presse. Le président Assad a regagné Damas par la route, accompagné par le général Lahoud jusqu’à la frontière. Pour le passage du convoi, la circulation a été interdite le long des 55 km menant du palais présidentiel jusqu’à Masnaa. Trois hélicoptères militaires syriens survolaient à basse altitude la région de Chtaura, avant l’arrivée du cortège. Patricia KHODER Hors-d’œuvre libanais et poulet à l’orientale Le déjeuner donné au palais de Baabda a regroupé, tout comme la quatrième réunion du Conseil supérieur libano-syrien, neuf personnes : les deux chefs d’État, Émile Lahoud et Bachar el-Assad, les Premiers ministres Rafic Hariri et Moustapha Miro, les chefs de Parlement, Nabih Berry et Abdel Kader Kadoura, les vice-Premiers ministres, Issam Farès et Farouk el-Chareh (également ministre syrien des Affaires étrangères), et le secrétaire général du Conseil supérieur, Nasri Khoury. Au menu figuraient des hors-d’œuvre libanais, du saumon arrosé de sauce à l’orange et une salade exotique aux crevettes. Un seul plat principal : un poulet au riz à l’orientale. Le dessert était composé de «ossmaliyé», et de fruits libanais. Suivis, au choix, de café ou de thé. Les personnalités présentes à l’AIB La majorité des officiels libanais étaient présents hier pour accueillir le président syrien Bachar el-Assad, à son arrivée à l’Aéroport international de Beyrouth. Le président Assad a été reçu par le président de la République, le général Émile Lahoud, le Premier ministre Rafic Hariri, le président de la Chambre Nabih Berry, le vice-Premier ministre Issam Farès et le vice-président de la Chambre Élie Ferzli. Deux enfants en costume folklorique se sont ensuite approchés de lui pour lui offrir une gerbe de fleurs. Le chef de l’État syrien a ensuite salué les personnalités présentes, dont : les ministres Khalil Hraoui, Élias Murr, Fouad Siniora, Ghazi Aridi, Mahmoud Hammoud, Négib Mikati, Ghassan Salamé, Bassel Fleyhane, Pierre Hélou, Marwan Hamadé, Michel Pharaon, Assaad Diab, Jean-Louis Cardahi, Abdel-Rahim Mrad, Samir Jisr, Fouad es-Saad, Sleimane Frangié, Georges Frem, Ali Abdallah, Mohammed Abdel-Hamid Beydoun, Karam Karam, Bahige Tabbarah et Michel Moussa. Également présents : les ambassadeurs arabes, le président du Conseil supérieur de la magistrature, Nasri Lahoud, le procureur général près la Cour de cassation, Adnan Addoum, le directeur général de la Sûreté, le général Jamil Sayyed, le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleiman, le directeur des services de renseignements de l’armée, le général Raymond Azar, et le secrétaire général p.i. du ministère des Affaires étrangères, Nagi Abi Assi.