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Actualités - CHRONOLOGIE

Drogue - Murr annonce que sa décision est irrévocable et qu’il n’a subi aucune pression Cinq millions de mètres carrés de pavot appelés à disparaître (photos)

Une vaste campagne de destruction des cultures de drogue, notamment de pavot, a été lancée hier par les forces de l’ordre dans les régions de Baalbeck, Hermel et Deir el-Ahmar (Békaa). L’objectif est d’éradiquer ces cultures qui s’étendent sur une superficie de quelque cinq millions de mètres carrés. Ce sont les Forces de sécurité intérieure (FSI) et la brigade antistupéfiants, assistés par l’armée, qui ont entamé cette opération sous les ordres du ministre de l’Intérieur, Élias Murr, sans rencontrer de résistance de la part des agriculteurs. M. Murr a tenu hier une conférence de presse pour annoncer le lancement de cette campagne qu’il avait prévue quelques semaines plus tôt dans l’une de ses déclarations. Il a affirmé plusieurs fois que sa décision était irrévocable, qu’il allait poursuivre sans relâche les trafiquants de drogue et qu’il n’était soumis à aucune pression, agissant «pour le bien de la société libanaise, où l’héroïne cause bien de problèmes». «Les superficies cultivées dans ces régions atteignent les cinq millions de mètres carrés, si l’on ne compte pas les terres encore recouvertes par la neige, et qui devraient faire l’objet d’une seconde campagne après la fonte de celle-ci», a-t-il déclaré. M. Murr a précisé que «les forces de l’ordre ont réussi à détruire aujourd’hui (hier) environ un million et demi de mètres carrés de pavot». «Il en reste autant pour conclure la première étape de notre travail, a-t-il ajouté. Mais cette opération devrait durer jusqu’au 15 avril environ, afin que la fonte des neiges nous permette d’arriver aux derniers terrains concernés.» «Nous allons éradiquer ce problème une fois pour toutes et partout, a assuré le ministre de l’Intérieur. Je répète que la culture de l’opium n’est justifiée ni au plan social ni au plan économique parce que c’est d’elle que provient cette dangereuse matière qu’est l’héroïne, dont la consommation se répand dans notre société et cause tous les jours des dégâts considérables, auprès des jeunes notamment. Quand j’avais annoncé mon intention de lutter contre la culture et le trafic de drogue au Liban durant l’année 2002, d’aucuns ont pensé qu’il s’agissait d’une simple campagne médiatique qui restera lettre morte. Or, j’affirme aujourd’hui que même si la culture et le trafic de drogue se poursuivent, nous ne lâcherons pas la lutte». Interrogé sur une éventuelle résistance des agriculteurs, M. Murr a affirmé qu’ «aucun incident n’a été enregistré jusqu’à cette heure». «J’espère qu’il en sera toujours ainsi parce que ma décision est finale, a-t-il poursuivi. Je demande à tous les citoyens qui sont impliqués dans cette affaire de ne pas s’opposer aux forces de l’ordre. Nous ne leur demanderons pas de comptes sur le passé mais ils doivent se plier aux instructions dorénavant.» Et les cultures de substitution ? Sur les raisons de la fermeté de la décision ministérielle actuelle alors que tant d’autres n’ont jamais été appliquées, il a déclaré : «Les rumeurs courent dans le pays que quiconque prend de telles décisions doit auparavant avoir demandé la permission de le faire, ou qu’une interdiction quelconque a été levée, lui permettant d’agir. Pour ma part, j’ai tout simplement pris ma décision, j’en ai notifié les présidents de la République et du Conseil, je me suis réuni avec les forces de l’ordre concernées par l’exécution sur le terrain, et j’ai donné mes ordres. Je ne vois aucun problème à agir ainsi, bien au contraire. Je n’ai rencontré que soutien pour mon action autant de la part des autorités politiques que des partis influents dans les régions concernées, que des habitants de ces mêmes contrées qui, pour 99 % d’entre eux, ne sont en rien impliqués dans cette affaire. Je dois remercier également les forces syriennes qui portent assistance aux troupes libanaises». Cette lutte contre la culture des stupéfiants, dans une situation politique mondiale aussi délicate, peut-elle être considérée comme un prix à payer dans le cadre des rapports entre le Liban et les États-Unis ? «Je n’ai été contacté, ni je n’ai contacté aucun Américain, je peux vous l’assurer, a-t-il répondu. C’est de la réputation et de la crédibilité du Liban qu’il s’agit. Si un pays est en mesure d’aider le Liban, il ne faut pas lui donner un prétexte de ne pas le faire.» M. Murr a par ailleurs assuré que toutes les cultures de drogue, qu’il s’agisse de pavot ou de haschisch, seront englobées dans cette campagne de destruction. «J’insiste aujourd’hui sur l’opium parce qu’il est particulièrement dangereux», a-t-il souligné. «Mais le hachisch sera tout autant ciblé dans le cadre de cette opération». Il a précisé, en réponse à une question, que «l’opium a remplacé le hachisch sur de grandes superficies parce que les agriculteurs avaient compté sur une indulgence de l’État à l’égard de leurs agissements». Le timing, selon lui, a été décidé en fonction de la saison de récolte. Il a par ailleurs rappelé que «dix-neuf tonnes de hachisch ont été saisies la semaine passée», indiquant que «nul n’est à l’abri des poursuites». Le ministre de l’Intérieur a affirmé qu’il avait déjà effectué une tournée sur les sites dans la nuit du lundi à mardi, et qu’il allait se rendre plusieurs fois auprès des forces de l’ordre dans la Békaa durant cette semaine. Abordant le sujet des cultures alternatives que les agriculteurs libanais tardent à voir implantées chez eux, M. Murr, tout en rappelant que ce sujet dépassait les prérogatives de son ministère, a lancé un appel aux pays donateurs pour qu’ils tiennent leurs engagements. «Les agriculteurs sont dans le besoin sinon ils n’auraient pas eu recours à des activités interdites», a-t-il indiqué. Il a ajouté : «Les agriculteurs ne sont pas nos ennemis, ce sont les trafiquants que nous poursuivons. En un an, 1 536 d’entre eux ont été arrêtés. Selon nos statistiques, leur nombre total devrait s’élever à 2 500 environ. Les deux tiers sont déjà sous les verrous ou ont purgé leur peine, mais j’espère que le nombre d’arrestations s’élèvera à plus de deux mille en 2002». Rappelons que la culture de drogue avait repris dans la Békaa après une période de sept ans d’interruption. Les autorités libanaises avaient éradiqué une première fois la culture du pavot et du cannabis en 1993, mais n’avaient pas empêché la moisson en 2000, sous prétexte de la crise économique et de l’échec du programme de substitution. Suzanne BAAKLINI
Une vaste campagne de destruction des cultures de drogue, notamment de pavot, a été lancée hier par les forces de l’ordre dans les régions de Baalbeck, Hermel et Deir el-Ahmar (Békaa). L’objectif est d’éradiquer ces cultures qui s’étendent sur une superficie de quelque cinq millions de mètres carrés. Ce sont les Forces de sécurité intérieure (FSI) et la brigade...