Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - Au TDB : « Ardèle ou la Marguerite » de Jean Anouilh, mise en scène par Alain Plisson Il faut avoir la bosse de l’amour ! (PHOTOS)

C’est du vrai, du beau théâtre que nous offre Alain Plisson avec «Ardèle ou la Marguerite» de Jean Anouilh, au TDB*. Cette pièce courte, en un acte (75 minutes sans entracte), allie la qualité du texte à celles de la mise en scène et de l’interprétation. «Farce dramatique», Ardèle ou la Marguerite est un divertissement satirique qui – comme tout le répertoire d’Anouilh – est saupoudré de réflexions d’une philosophe amertume. Pièce ironique sur la comédie humaine, sur les jeux de l’amour et de la société, elle aborde, avec une lucidité drôle et sans acrimonie, les complexités des rapports de couple. L’intrigue, qui emprunte au vaudeville sa ronde échevelée de personnages, est construite autour d’un conseil de famille. Celui-ci se tient en 1913, à la veille de la Grande Guerre, dans le château du général Léon de Saintpé (Robert Arab). Le rideau s’ouvre sur un salon au décor raffiné (signé Louis Ingea) où sont réunis les membres de la famille du général : la comtesse sa sœur (Valérie Debahy) et son inséparable amant Villardieu (Emmanuel Labrande), son beau-frère le comte (Alain Plisson), son fils cadet Nicolas (Pierrick Madinier), sa bru Nathalie (Caroline Abou-Zaki). Ils sont tous là pour essayer de trouver une solution au problème posé par Ardèle, la sœur du général. Bossue et vieille fille, Ardèle s’est entichée d’un professeur de latin, bossu comme elle, et projette de fuir avec lui. Enfermée dans sa chambre, elle refuse d’en sortir tant que l’on n’aura pas admis sa liaison. Le général, la comtesse, le comte et Nicolas vont, tour à tour, essayer de «la ramener à la raison». Cette «raison», propre à la société bourgeoise, qui condamne un amour pur pour simple difformité d’apparence et… de classe sociale. Tous ces conseilleurs, ces moralisateurs, qui trompent leurs conjoints respectifs, et sacrifient leurs sentiments au profit des apparences, ne se doutent pas que ce sont les amants bossus qui vont leur donner une magistrale leçon d’amour. Toute en dialogues rapides, en mots qui font mouche, en humour qui alterne finesse verbale et grotesque de situation, Ardèle ou la Marguerite est de ces pièces à texte qui flattent l’intelligence du public tout en l’amusant. Parfaitement adaptée, dynamique et équilibrée, la mise en scène d’Alain Plisson soutient un jeu d’acteurs très harmonieux. Robert Arab est parfait en ancien militaire, macho, intolérant et grand coureur de femmes…de chambre. Ce qui a d’ailleurs rendu sa propre épouse folle (Renée Dick, dont le bref passage à la fin du spectacle est d’une grande intensité dramatique). Valérie Debahy campe à merveille cette comtesse quadragénaire affublée d’un amant toutou, mais dont l’amour propre est piqué au vif par la liaison de son mari avec une jeune couturière. Alain Plisson est remarquable de justesse dans le rôle du «cocu magnifique» résigné à supporter la présence permanente de l’amant de sa femme, mais qui, en voulant se consoler auprès d’une jeune maîtresse, prend, sans l’avoir recherché, sa revanche. Et la jalousie de son épouse n’est rien comparée à celle de Villardieu, l’amant soupçonneux, qui voit dans le mari cocu le pire de ses rivaux ! Même quand elle est «outrée» pour les besoins de la farce, l’interprétation des comédiens fait ressortir l’humanité des personnages. Car finalement ces êtres, ni totalement mauvais ni absolument purs, qui se démènent dans de factices bonheurs, essayent de composer avec ce que la vie leur offre pour oublier qu’elle n’est qu’une farce cruelle. Un constat amer, subtilement évoqué par les deux jeunes enfants de la famille Toto (Thomas Trad) et Marie-Christine (Mariam Assaf) qui clôturent la pièce en jouant à parodier férocement les attitudes des adultes. Ces adultes qui n’ont, assurément pas, la bosse de l’amour. Zéna ZALZAL * «Ardèle ou la Marguerite» se joue au Théâtre de Beyrouth (TDB ; Aïn-el-Mreisseh), tous les soirs (20h 30), jusqu’au 24 février.
C’est du vrai, du beau théâtre que nous offre Alain Plisson avec «Ardèle ou la Marguerite» de Jean Anouilh, au TDB*. Cette pièce courte, en un acte (75 minutes sans entracte), allie la qualité du texte à celles de la mise en scène et de l’interprétation. «Farce dramatique», Ardèle ou la Marguerite est un divertissement satirique qui – comme tout le répertoire...