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Actualités - CHRONOLOGIE

Vie politique - Le chef du PSP se déchaîne contre la classe politique et les services de sécurité Joumblatt : Défendre la « bourgeoisie nationale » contre les manitous de l’argent sale

Le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a déclaré hier qu’il était en faveur de l’abolition des agences exclusives, mais en soulignant que cette abolition ne devrait pas se faire aux dépens de la vieille bourgeoisie libanaise, qu’il est selon lui impératif de protéger contre les nouveaux riches dont la fortune est issue du blanchiment d’argent sale. M. Joumblatt a tenu ces propos à l’occasion de l’ouverture de l’assemblée générale du PSP, à l’hôtel Beau Rivage. Dans son discours, le leader druze s’est par ailleurs à nouveau déchaîné contre les services de sécurité et qualifié d’«arriérée» la classe politique libanaise. L’aboliton des agences exclusives est «une vieille revendication du PSP et de la gauche libanaise», a dit M. Joumblatt. Mais il n’y a pas un pays au monde qui ne cherche pas à protéger sa bourgeoisie nationale. On ne vend pas sa bourgeoisie nationale lorsqu’on vit, comme aujourd’hui, à l’ère de la «mexicanisation». «On ne l’échange pas contre une nouvelle bourgeoisie née des bienfaits du blanchiment de l’argent sale», a-t-il souligné. «Cette question, il faudra sans doute en débattre à la Chambre. Nous sommes en faveur de l’abolition des agences exclusives, mais nous sommes dans le même temps pour que ces agences demeurent entre les mains des Libanais», a-t-il lancé. «Nous avons voté une loi contre le blanchiment de l’argent pour défendre notre réputation et pour répondre aux exigences de l’économie mondiale, mais nous sommes incapables de l’appliquer, parce qu’il y a des îlots échappant à la justice», a pousuivi M. Joumblatt. «J’affirme qu’il existe (au Liban) des individus plus forts que l’État à qui sont destinés des sacs de jute remplis de dollars qui entrent régulièrement au pays. Nous assistons à des étalages de fortune d’un type nouveau avec lequel la bourgeoisie nationale libanaise n’a rien à voir», a-t-il accusé. Il a tout de même exhorté la «bourgeoisie nationale» à se dédouaner en prenant des initiatives à caractère social et politique, «pour son propre bien et pour celui des classes laborieuses, parce qu’elle a pu profiter des agences exclusives au détriment des consommateurs». Après avoir formulé l’espoir qu’il y aura un jour «une justice indépendante» au Liban, M. Joumblatt s’est attaqué à l’une de ses cibles favorites, les services de sécurité. «J’ai été le premier à lancer le cri d’alarme. À l’époque – il y a deux ou trois ans – j’avais parlé des “fantômes” et ce fut le tollé. Maintenant, je ne suis plus seul. Même un ministre qui jouit d’une grande immunité intérieure et régionale se plaint des chiens des services de sécurité», a-t-il noté, dans une allusion au ministre de la Santé Sleiman Frangié. «Certes, il n’y a pas d’État sans tâches sécuritaires. Mais, cela dit, il nous faut définir le rôle des services de sécurité, des renseignements de l’armée, de la Sûreté générale, de la Sécurité de l’État, etc... Il est très dangereux de laisser ces services au-dessus des politiques, de la justice et de toutes les considérations», a-t-il estimé. «En tout état de cause, a-t-il poursuivi, les services sont en train de creuser leurs propres tombes. On se souvient comment, dans le passé, les excès du Deuxième Bureau avaient conduit des hommes politiques comme Kamal Joumblatt, Raymond Eddé, Saëb Salam, Sleiman Frangié et d’autres à mener une révolution. Le Deuxième Bureau fut mis à la porte. Si les maîtres des services de sécurité veulent continuer à agir de la même façon, tant pis, ce sont leurs tombes qu’ils creusent de leurs propres mains». M. Joumblatt s’est par la suite interrogé sur le sort de l’enquête sur l’assassinat le mois dernier de l’ancien ministre Élie Hobeika. «Tout le monde sait que je n’avais pas de sentiment particulier d’amitié envers Élie Hobeika. Ce qui m’intéresse, c’est l’attentat en tant que tel. Hobeika était proche de certains milieux libanais et syriens et l’on suppose donc qu’il aurait dû être protégé. Or il a été assassiné dans une région qui fut une oasis de sécurité même au plus fort de la guerre. Et voilà qu’on enterre le dossier», a-t-il relevé. «Chacun de nous est menacé si l’enquête n’est pas menée clairement. Il est vrai qu’Israël pourrait être à l’origine de l’attentat mais, alors, il faudrait que nous sachions qui sont les agents d’Israël sur le terrain. Pour ma part, je parle sur le plan politique, mais la justice s’est préciptée et a donné des conclusions judiciaires avant l’enquête», a-t-il dit. «Nous savons que les services de sécurité nous observent, et que nous sommes sur écoutes téléphoniques. La bataille des écoutes, nous l’avions perdue. Ils nous observent pour des raisons bien précises, mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi il y a tant de voitures aux vitres fumées. J’aimerai savoir à qui appartiennent ces voitures qui poursuivent des citoyens libanais. Relèvent-elles des services libanais ou d’autres ? Peut-être appartiennent-elles aux renseignements israéliens ? Pour ma part, j’appelle les gens à jeter des pierres sur ces voitures. On ne peut pas faire confiance à des voitures qui vous poursuivent dans tous les sens», s’est-il écrié. Il a par ailleurs rendu hommage aux étudiants qui «s’étaient moqués de la classe politique en tapant sur des casseroles» devant le siège du Parlement. «Ils ont bien fait», a-t-il dit. S’opposant à la légalisation des atteintes au domaine public maritime, parce qu’elle signifierait qu’on a «vendu ce domaine aux requins de la finance», M. Joumblatt s’est demandé pourquoi «le procureur Adnane Addoum n’agit pas» et «pourquoi, alors que nous disposons de 70 000 soldats, de gendarmes, de Sûreté générale, etc... nous sommes incapables d’appliquer la loi. Nous sommes bons à imposer la TVA aux pauvres et à la classe moyenne. Et pourquoi pas aux biens-fonds maritimes ?». Il s’est aussi élevé contre «l’incapacité de l’État à fermer les carrières et à mettre fin au piratage des lignes téléphoniques», laissant entendre que des «partis politiques plus forts que l’État» en bénéficient. M. Joumblatt a d’autre part réclamé une révision de l’accord libano-syrien libérant les échanges de produits agricoles – «pour lequel l’ancien gouvernement de Sélim Hoss est à blâmer, et non la Syrie» – afin de le rééquilibrer au bénéfice de l’agriculteur libanais. Se défendant de mener une campagne «raciste» à l’encontre de la main-d’œuvre étrangère, il a plaidé pour le principe de la «préférence libanaise». Au sujet des privatisations, M. Joumblatt, qui avait fini par se rallier à contrecœur aux options de son allié, Rafic Hariri, a de nouveau fait machine arrière. L’ancien président argentin «Carlos Menhem avait vendu le secteur public pour 40 milliards de dollars. Cela n’a pas empêché le désastre, parce que l’argent a été mal utilisé». Il a en outre réaffirmé son hostilité à la conscription obligatoire, qui est devenue, selon lui, une «mascarade» tout autant qu’un «poids» pour le budget. Il a préconisé une initiative «plus large» qu’auparavant des députés pour réclamer l’abolition de cette mesure. Le chef du PSP s’est enfin prononcé en faveur des idées défendues par la «nouvelle gauche mondiale» et qui se sont concrétisées au «sommet» social de Porto Alegre, notamment dans l’opposition à la mondialisation libérale. «Nous devons, en tant que Parti socialiste progressiste, sortir de notre cocon et entrer dans le mouvement international antimondialiste», a-t-il dit. M. Joumblatt a conclu par une véritable claque à la classe politique. «Hier soir, j’ai dîné au centre-ville. J’ai vu autour de moi un Liban nouveau. Le Liban des jeunes y était réuni, loin de toute considération politique et confessionnelle. J’ai surtout mesuré la distance en années-lumière qui sépare cette nouvelle génération du Parlement tout proche. J’ai vu combien la classe politique était loin de la réalité, combien elle était arriérée, se figeant dans des slogans dépassés, face à une nouvelle génération assoifée de paix et de vie digne».
Le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a déclaré hier qu’il était en faveur de l’abolition des agences exclusives, mais en soulignant que cette abolition ne devrait pas se faire aux dépens de la vieille bourgeoisie libanaise, qu’il est selon lui impératif de protéger contre les nouveaux riches dont la fortune est issue du blanchiment d’argent sale. M....