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Actualités - CHRONOLOGIE

Agences exclusives - L’abolition, fruit d’une initiative désordonnée La décision gouvernementale engendre confusion et incertitude

L’approbation, jeudi, par le gouvernement, de l’amendement de la loi sur la représentation commerciale, qui doit mettre fin, trois mois après son approbation par le Parlement, aux monopoles commerciaux, continue d’être une source de grande confusion, en raison de la hâte avec laquelle elle a été décidée, de l’insuffisance des études qui l’ont précédée et de l’incertitude totale quant à ses résultats. Du fait aussi du caractère rudimentaire des instruments de contrôle dont est équipé le pays, et d’une mentalité archaïque qui n’a pas beaucoup changé depuis l’indépendance. Ce n’est pas du jour au lendemain, en effet, que le Liban se dotera d’un Service de protection du consommateur digne de ce nom. Ni que les marchandises introduites au Liban seront conformes aux normes et standards, pour ne rien dire de la protection du marché contre la contrebande. Dans un aveu surprenant de candeur, M. Fouad Siniora, ministre des Finances, a confié hier à la LBCI que le gouvernement s’est laissé prendre de vitesse et que le projet devait en principe être examiné avec les associations économiques concernées. Mais, a-t-il ajouté, «quelqu’un» l’a secrètement communiqué à la presse, ce qui a eu pour effet d’en précipiter l’adoption. M. Siniora a ajouté que le projet «pourra encore être discuté, avant d’être adopté», insinuant que le gouvernement ne fera pas marche arrière et que le Parlement est acquis au projet. L’insuffisance de la culture économique au Liban aidant, l’adoption de la loi a été marquée d’un certain nombre de contrevérités. C’est ainsi que, grâce à une chaîne de télévision privée, on s’est aperçu hier que l’émirat de Dubaï, que certains proposent comme modèle au Liban, protège la représentation commerciale exclusive, contrairement à ce qu’a affirmé hier, en Conseil des ministres, le chef du gouvernement Rafic Hariri. L’absence de chiffres À l’insuffisance de la culture économique s’ajoute aussi l’absence de chiffres, qui fait que le Liban avance encore dans le flou. Selon les milieux d’affaires, 6 000 marques sont protégées au Liban, alors que le ministre de l’Économie Bassel Fleyhane n’en admet que 400. La protection antidumping Présentés comme des projets de loi devant «corriger» les effets de l’abolition de la représentation commerciale exclusive, dans sa forme actuelle, la série de projets sur la lutte contre le monopole, le dumping et la protection du consommateur et l’organisation de la concurrence, a ajouté hier à la confusion, du fait qu’elle semblait aller dans le sens de la loi dont on cherchait à corriger les effets. Il n’a pas été possible d’en savoir beaucoup plus, hier, de la part des responsables, qui continuent de faire preuve d’un manque total de transparence vis-à-vis de l’opinion. On apprend toutefois qu’en Conseil des ministres, le chef de l’État a relevé les défaillances qui se sont manifestées lors de l’entrée en vigueur de la TVA et a affirmé qu’elles ne doivent pas se reproduire dans le cas de l’entrée en vigueur de la loi abolissant par étapes la représentation commerciale exclusive. M. Lahoud a également très fermement demandé que l’amendement de la loi sur la représentation commerciale soit accompagné de mesures globales et complémentaires, insistant sur le fait que ces lois doivent toutes être votées en même temps. Une loi antidumping doit faire partie de l’arsenal de n’importe quel pays qui entre dans l’ Organisation mondiale du commerce (OMC), a souligné à L’Orient-Le Jour, hier, l’ancien ministre de l’Économie Nasser Saïdi, qui avait fait approuver par le gouvernement un document exhaustif sur les lois à introduire ou changer, dans la perspective de l’adhésion à l’ OMC. Les agents concernés manifestent, pour leur part, et leur respect pour les dirigeants, et leurs réserves. La société Kettaneh Frères était toujours dans le flou, hier, au sujet des propositions du gouvernement. Reflétant le sentiment de ses confrères et d’une large frange de l’opinion, M. Nabil Kettaneh, apparaissant sur le petit écran, a regretté que le gouvernement ne se soit pas concerté avec les agents, avant de prendre sa décision. «Nous savons bien que le monde évolue vers l’abolition de ce genre de représentation, a dit M. Kettaneh, mais il faut nous donner le temps de nous y préparer, de fortifier notre économie, afin que nous puissions faire face à cette évolution». Et de critiquer la précipitation du gouvernement, qui a ajouté la confusion de l’abolition à la confusion de la TVA. Pour M. Hariri, la fin des monopoles doit entraîner «une baisse des prix» et «pave la voie» à l’adhésion du Liban à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en cours de négociation. Mais la mesure antimonopole risque aussi de profiter aux capitaux du Golfe, ou de la Syrie, en leur permettant de contourner les importateurs libanais, ou de les combattre par des moyens illégaux. Beaucoup redoutent, en effet, que la mesure proposée ne tourne à la spoliation des particuliers et à la domination économique du pays, ainsi qu’à l’affaiblissement de la liberté d’expression, par l’assèchement du marché de l’annonce publicitaire. Risques de licenciements massifs L’association de commerçants du Chouf a affirmé hier que l’amendement de la loi sur la représentation commerciale risque même de profiter à Israël. Selon l’association, il suffira d’un demi-milliard de dollars pour porter un coup mortel aux sociétés libanaises et entraîner leur faillite, à travers des réseaux qui travaillent pour Israël à l’extérieur du Liban, et sans que l’importateur libanais ne se doute de rien. On noiera le marché libanais avec des produits subventionnés, un an durant, qu’on vendra à des prix inférieurs à 30 ou 40 % aux articles identiques importés au Liban, ce qui suffira pour entraîner la fermeture des sociétés libanaises et le licenciement d’un nombre incalculable de Libanais. À ces cris d’alarme, les responsables, comme hier le ministre des TP Négib Mikati, répondent par des assurances verbales que tout ira bien et qu’il n’est pas nécessaire de voir les choses en noir. Toutefois, le président du syndicat des ouvriers et employés des sociétés importatrices de pétrole, Maroun Khaouli, s’est permis d’en douter, affirmant en particulier que la décision de libéraliser l’importation des carburants n’est que «de la poudre aux yeux», et que l’existence d’un «cartel organisé lié à la classe politique» rend très difficile tout approvisionnement hors des circuits existants, l’importation exigeant une infrastructure qui n’existe que chez cinq ou six importateurs. En attendant que les jours qui viennent apportent des éclaircissements à cette tornade de chiffres et d’avis contradictoires qui assomme les Libanais, le mot de la fin revient à l’ancien ministre des Finances, Gorges Corm, qui a affirmé hier à L’Orient-Le Jour «qu’entre la surprotection et le système d’ouverture totale, il doit y avoir quelque part un juste milieu à rechercher et à saisir». M. Corm, qui ne se fait pas d’illusion sur «la gestion médiatique» du pays par Rafic Hariri, pense toujours que «les vrais problèmes ne sont pas abordés». Fady noun
L’approbation, jeudi, par le gouvernement, de l’amendement de la loi sur la représentation commerciale, qui doit mettre fin, trois mois après son approbation par le Parlement, aux monopoles commerciaux, continue d’être une source de grande confusion, en raison de la hâte avec laquelle elle a été décidée, de l’insuffisance des études qui l’ont précédée et de l’incertitude...