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Actualités - CHRONOLOGIE

Le vote du budget 2002 renforce la certitude : pas de changement ministériel en vue

Le vote du budget 2002 – qui est venu clore un débat de cinq jours et qui a vu 83 députés soutenir le gouvernement – peut être considéré comme un véritable renouvellement de confiance au cabinet Hariri. Un vote qui semble, du coup, avoir mis le fin mot aux rumeurs sur un éventuel changement ministériel – des rumeurs qui circulaient bon train avant et pendant le débat budgétaire au sein de plusieurs cercles politiques. Cette idée de changement ministériel avait été envisagée depuis plusieurs mois. Débattue aussi, et même vulgarisée : différentes formules ministérielles ont été esquissées. Un changement que l’on justifiait par une volonté de créer un choc salutaire, qui aurait contribué à sortir le pays du marasme et de la monotonie. Notons d’ailleurs que ce projet n’a pas été discuté qu’entre responsables locaux, mais qu’il a été évoqué à Damas. Après confirmation de la volonté commune d’Émile Lahoud et de Rafic Hariri pour que changement il y ait. Sauf que le projet a été vite abandonné lorsqu’il s’est avéré que le Premier ministre n’avait pas de projet politique ou de plan économique clairs, qui reposeraient sur une maîtrise des dépenses, après qu’une réduction de 800 milliards de livres eut été réalisée – sachant que l’on pouvait également réduire les budgets de certains ministères. Et dans les coulisses de Koraytem, on dit que le Premier ministre ne peut logiquement pas suivre une politique d’austérité : son credo n’est-il pas l’abondance ? «L’austérité est le slogan de son prédécesseur, pas le sien… Et Sélim Hoss n’a eu de cesse que de dépenser, voilà pourquoi le président Hariri est dans l’incapacité de valider des mesures supplémentaires pour la réduction des dépenses». Des sources ministérielles, pour leur part, réaffirment que ce qui s’était passé à la veille de l’ouverture du débat budgétaire – lors du Conseil des ministres extraordinaire de dimanche – était, et reste, assez significatif. Dans le sens où le chef de l’État avait émis de nombreuses critiques à l’encontre du gouvernement – à l’encontre également de la performance de certains ministres. Des observateurs ont même estimé que les mots présidentiels ont ouvert grande la porte aux critiques des députés – opposants comme loyalistes. Comme si tout cela, en fin de compte, venait annoncer un compte à rebours. Et effectivement, les parlementaires s’en sont donné à cœur joie – certains d’entre eux ont même eu des propos extrêmement durs. Il est d’ailleurs apparu, plus tard, que si le général Lahoud avait eu cette initiative, c’est pour se laver les mains du gouvernement et de ses abus. Mais également pour mettre une certaine distance entre lui et cette équipe, pour éviter ainsi que les députés n’aillent s’imaginer qu’il couvre le gouvernement, qu’il le soutient – d’autant plus qu’il participe pleinement et dans les détails à chacun des Conseils des ministres. Ce qui fait, comme le dit l’un des ministres, que «ni le chef de l’État ni le Premier ministre ne peuvent échapper à leurs responsabilités». Dans tous les cas, les milieux haririens avouent ne rien savoir des mobiles ou des raisons qui ont poussé le locataire de Baabda à prendre pareille position. Surtout, disent-ils, que le président de la République faisait à chaque fois moult remarques, et qu’il ne se privait pas de donner les directives nécessaires. Et ces milieux haririens d’ajouter que le Premier ministre a lui aussi des remarques à faire, et beaucoup de griefs, «mais qu’il garde tout dans son cœur, sachant pertinemment que les pots-de-vin et le gaspillage sont de nouveau à la mode dans certains ministères. Sauf qu’il évite d’en parler, pour éviter de rajouter encore plus d’huile sur le feu. D’ailleurs, le président Hariri sent bien que le gouvernement ne peut pas continuer de cette façon. Et donc, qu’il faut changer l’équipe actuelle, surtout que certains ministres sont incompétents, qu’ils ont prouvé leur incompétence. Et leur échec. Sauf qu’il préfère que ce gouvernement poursuive son chemin, en attendant qu’un accord se fasse autour de la prochaine équipe». Et à ce sujet, un des parlementaires de l’opposition persifle, rappelant que le pouvoir a prouvé son incapacité à nommer un directeur général pour la CNSS et qu’il n’y est arrivé que grâce aux intermédiaires et à des pressions. Enfin, des cercles politiques opposants soulignent que le chef du gouvernement n’a apporté rien de nouveau dans sa réponse aux députés, et que l’annonce de «l’an 2002, année des privatisations» pourrait aider le gouvernement à durer. D’autant plus que ce projet de privatisations vient remplacer le projet politique de Rafic Hariri et le plan économique de son équipe, qui n’a pu être mis en place malgré les demandes pressantes du n°1 de l’État et de l’opposition. Philippe ABI-AKL
Le vote du budget 2002 – qui est venu clore un débat de cinq jours et qui a vu 83 députés soutenir le gouvernement – peut être considéré comme un véritable renouvellement de confiance au cabinet Hariri. Un vote qui semble, du coup, avoir mis le fin mot aux rumeurs sur un éventuel changement ministériel – des rumeurs qui circulaient bon train avant et pendant le débat...