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Védrine et Straw affichent leur souci de « travailler en commun » pour retrouver un processus de paix perdu Anglais et Français en Afrique désormais pour le meilleur

Paris et Londres, en organisant une mission de leurs ministres des Affaires étrangères pour réanimer le processus de paix en RDCongo, théâtre du plus grand conflit africain, tentent de dépasser Fachoda, historique point d’orgue de leur rivalité coloniale sur le continent. Tout au long de leur rapide visite dans quatre pays des Grands Lacs impliqués dans la guerre, Hubert Védrine et Jack Straw ont affiché leur souci de «travailler en commun» pour retrouver un processus de paix perdu. Ils ont affirmé que, depuis les affrontements des siècles derniers, notamment à Fachoda (sud Soudan) qui avait vu en 1898 une capitulation des Français devant les Anglais, Paris et Londres n’en sont même plus au stade des divergences mais à celui des «nuances». Concrètement, les deux ministres ont adopté à l’égard de leurs interlocuteurs enkystés dans leurs positions une tactique simple, mais qui pourrait faire avancer le dossier de la paix, tout au moins éclairer sur les responsabilités réelles des uns et des autres. Le Français Védrine a présenté l’Anglais Straw au président Joseph Kabila de la RDCongo, qui reproche à Londres son soutien à son ennemi rwandais. À Kigali, l’Anglais et le Français ont parlé d’une même voix au président Paul Kagamé. «Kagamé, habitué à des langages différents de la part de Londres et Paris, et jouant sur leurs rivalités, était étonné de constater l’accord, au moins apparent, des ministres», notait un diplomate. De même, à la sortie de leur entretien avec le président ougandais Yoweri Museveni, les deux ministres affichaient la même satisfaction au sujet d’une proposition du chef de l’État ougandais pour débloquer le processus de paix. Cette proposition a été gardée secrète, mais il semble qu’il s’agisse de la tenue d’une conférence avec tous les acteurs régionaux, notamment l’Afrique du Sud, sur la guerre en RDCongo. Le fait que les deux ministres ont su garder pendant ces trois jours une attitude commune avec leurs interlocuteurs habitués à jouer sur les antagonismes franco-anglais est en soi encourageant. Il n’en avait été pas de même entre les ministres de la Coopération, Charles Josselin et Claire Short, qui n’avaient pu cacher leurs profonds différends au cours d’un voyage en Guinée et en Sierra Leone en 2001. «Le fait que la France et la Grande-Bretagne rapprochent leurs positions limite le jeu des belligérants», notait Hubert Védrine. Pour autant, les «nuances» dont il est question seront à évaluer à l’épreuve des prochains mois, notamment la principale portant sur l’occupation par les forces rwandaises et ougandaises d’une partie importante de la RDCongo. Sur d’autres points chauds du continent, la bonne entente franco-britannique va être prochainement testée, comme vis-à-vis du Zimbabwe dont le président Robert Mugabé est dans le collimateur de Londres, alors que Paris est plus enclin à épargner celui qui a sauvé le pouvoir de Kinshasa en intervenant militairement contre le Rwanda. Au Soudan également, théâtre d’un vieux conflit entre Arabes du Nord et Noirs du Sud, les positions de Paris et Londres sont jusqu’à maintenant opposées. Paris est du côté de Khartoum, et Londres de la guérilla soudanaise. Enfin, les «courbes» de l’engagement global en Afrique des deux pays vont dans des sens, semble-t-il, opposés. Londres, par de récentes et vigoureuses déclarations de son Premier ministre Tony Blair, entend se réengager en Afrique et faire de cette action l’un des fers de lance de sa politique étrangère. La France, même si elle s’en défend officiellement, tend à réduire sa présence économique, politique et militaire, créant des espaces à l’arrivée d’autres acteurs. Sa nouvelle doctrine «Ni ingérence, ni indifférence» montre notamment ses limites dans la résolution de certains conflits, et il se pourrait paradoxalement, au jour de la nouvelle entente cordiale affichée, que Paris retrouve en Londres un «partenaire-concurrent» lui redonnant un second souffle en Afrique.
Paris et Londres, en organisant une mission de leurs ministres des Affaires étrangères pour réanimer le processus de paix en RDCongo, théâtre du plus grand conflit africain, tentent de dépasser Fachoda, historique point d’orgue de leur rivalité coloniale sur le continent. Tout au long de leur rapide visite dans quatre pays des Grands Lacs impliqués dans la guerre, Hubert...