Afghanistan - Visite historique du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan insiste à Kaboul sur la sécurité régionale(PHOTO)

Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, a fait une visite historique vendredi à Kaboul où il a rappelé que la sécurité régionale était fondamentale au rétablissement de l’Afghanistan et participé au lancement d’une nouvelle étape de transition pour l’administration intérimaire. M. Annan, premier secrétaire général de l’Onu à venir en Afghanistan depuis 1959, a réaffirmé que les Nations unies étaient prêtes à travailler «main dans la main» avec l’administration intérimaire pour «essayer d’appliquer les plans élaborés ensemble». Il a espéré qu’après la conférence des donateurs de Tokyo, où la communauté internationale a promis une aide de 4,5 milliards sur cinq ans, «le peuple afghan soutiendrait» cette nouvelle administration. «Nous avons bien commencé, mais il y a beaucoup à faire», a dit M. Annan. «Ce qu’il faut, c’est lancer les projets de reconstruction et que l’argent soit versé le plus vite possible», a-t-il dit. Mais pour que l’Afghanistan se rétablisse après 23 ans de guerre, il a averti que les États voisins ne devaient pas se mêler des affaires du pays. «Nous avons insisté auprès des gouvernements (de la région) pour qu’ils ne s’ingèrent pas dans les affaires afghanes, pour qu’ils ne répètent pas les erreurs du passé», a dit M. Annan lors d’une conférence de presse conjointe avec le président du gouvernement intérimaire, Hamid Karzaï. Avant l’Afghanistan, M. Annan a fait une visite au Pakistan, qui a créé de toutes pièces le régime taliban, et il devait partir dans la soirée pour l’Iran, allié de l’Alliance du Nord, qui est accusé par les autorités de Kandahar (sud-est) de vouloir déstabiliser le pays. Toutefois, selon M. Annan, la plupart des gouvernements de la région «commencent à accepter le fait qu’un Afghanistan stable et pacifique (...) est dans leur intérêt». Le secrétaire général de l’Onu a également participé au lancement d’une nouvelle étape pour la transition du pays prévue par les accords interafghans de Bonn du 5 décembre 2001, à savoir la formation et la composition d’une commission chargée de convoquer d’ici à cinq mois une Loya Jirga (assemblée traditionnelle) d’urgence, préparatoire à des élections. M. Karzaï, qui a donné la liste de ses 21 membres, dont au moins deux femmes, a qualifié cette commission de «tâche la plus importante» pour le gouvernement intérimaire et les Nations unies. «Nous avons mis en place un groupe qui sera indépendant, un groupe d’hommes et de femmes intègres qui sont hautement respectés par la société», a estimé pour sa part M. Annan. La «Loya Jirga d’urgence» que convoquera cette commission sera chargée de nommer une «autorité de transition» comprenant un gouvernement pleinement représentatif, qui gérera le pays pour une deuxième phase d’une durée de deux ans environ. Les problèmes de sécurité, qui ont suscité l’inquiétude de l’Onu ces derniers jours, ont été évoqués, mais la question d’un déploiement élargi de la Force internationale d’assistance pour la sécurité en Afghanistan (Isaf) n’a pas été abordée lors des discussions entre MM. Annan et Karzaï. Cette semaine, un haut responsable de l’Onu, M. Vendrell, s’est prononcé pour le déploiement de 30 000 soldats de la paix dans tout le pays, au lieu des quelque 4 500 prévus à Kaboul et ses environs, affirmant que cette idée recevait un large soutien en Afghanistan tant auprès des dirigeants que de la population. M. Karzaï s’est prononcé pour une présence de l’Isaf élargie au reste du pays. Beaucoup d’Afghans le lui ont demandé et «si c’est nécessaire, ils (les soldats de la paix) viendront et nous les aurons dans les provinces», a-t-il dit. Il a par ailleurs minimisé les incidents survenus récemment entre factions rivales, notamment dans le nord. Comparant le pays à un malade sortant d’une salle d’opération, il a prévenu que «l’Afghanistan connaîtra des escarmouches pendant longtemps». Dans la matinée, le chef de l’Onu avait pris le temps de visiter un lycée de filles récemment rouvert après avoir servi de centre d’instruction religieuse pour les combattants d’el-Qaëda et les soldats talibans. «J’ai été très encouragé par ce que j’ai vu, particulièrement par ces jeunes filles, par leur enthousiasme, leur joie d’être à l’école», a-t-il dit.