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Actualités - OPINION

Émissaire américain pour discuter de la Finul

Ce n’est plus un carrousel diplomatique, mais une rafale de mitraillette. Et pas moyen de jouer sur d’éventuelles contradictions : Gephardt le démocrate a été aussi loin que Condoleeza Rice pour exiger la tête du Hezbollah. Annan, qui n’est pas l’ami Boutros-Ghali, y a été aussi de son grain de sel. En introduisant dans les pressions la donne d’une Finul qu’on menace de retirer. Si le Liban ne déploie pas son armée au Sud. C’est-à-dire s’il ne neutralise pas le Hezb. Prenant le relais, le délégué permanent des États-Unis à l’Onu, M. John Negroponte, se pointe mardi à Beyrouth. Officiellement pour traiter du renouvellement du mandat des Casques bleus. Dont les effectifs doivent être ramenés à 2 000 hommes dans les prochains mois. Leur mission restant la même, c’est-à-dire à peu près symbolique. Actuellement, chaque partie suspend une épée de Damoclès au-dessus de la tête de l’autre. Car si Washington et New York évoquent le désengagement de la Finul, le Hezbollah parle pour sa part de se réengager sur le terrain. Au moment qui lui semblera opportun. Précisant, si besoin était, qu’il n’est pas question de renoncer à la résistance armée. Ni au soutien apporté aux radicaux palestiniens partisans d’une poursuite, coûte que coûte, de l’intifada. Le calme, du reste relatif, qui règne ces temps-ci au Sud est donc de nature purement tactique. Certains loyalistes soutiennent à ce propos, et contre toute évidence, que la décision appartient aux autorités de ce pays. Alors que le lumineux M. de La Palice affirme pour sa part que la décision appartient aux décideurs. Dont la position est claire : ce n’est pas le moment de jouer les boutefeux et de prendre à rebrousse-poil le supergrand traumatisé par le 11 septembre. Ainsi, sans trahir leurs constantes de fermeté, réaffirmées dernièrement au Caire par M. Farouk el-Chareh, les Syriens répètent avec insistance qu’ils demeurent, avant tout et malgré tout, attachés au processus de paix. C’est ce qu’a confirmé tout récemment le président Bachar el-Assad, qui a en outre indiqué qu’en dépit des remous actuels, il reste optimiste. Dans l’ordre pratique des choses, force est de constater qu’après les attentats de Manhattan et de Washington, le Hezbollah avait effectué deux opérations du côté de Chebaa. À titre indicatif en quelque sorte, pour prouver par des actes qu’il était conséquent avec lui-même, qu’il ne se laissait ni impressionner ni dévier par des développements étrangers à sa propre cause. Mais par la suite, et bien que son nom eût été inclus dans la deuxième liste noire publiée par les USA, il s’est tenu à quia. Sans réagir vraiment, sinon par des déclarations enflammées ou quelques tirs sporadiques de DCA en réponse à des survols israéliens. Ce qui est du reste suffisant pour entretenir, voire pour attiser, l’hostilité américaine. Washington, qui n’est plus disposé à faire dans la dentelle après le 11 septembre, insiste donc lourdement pour la démilitarisation du Hezb. Et pour que Moghnyé et d’autres activistes lui soient livrés. En rappelant au Liban qu’en tout état de cause Chebaa ne lui appartient pas juridiquement, pour qu’il se réclame d’un quelconque droit de résistance active. Les opérations qui y sont menées par le Hezbollah sont donc classées comme terroristes. Ce qui n’est malheureusement pas le cas, Beyrouth ne manque pas de le souligner, pour les perpétuelles exactions ou transgressions israéliennes. La raison du plus fort est toujours la meilleure et l’État hébreu en profite au maximum. D’autant qu’il bénéficie en la matière de l’aveugle complaisance de Washington. Tandis que New York, embarrassé, fait de son mieux pour réfréner l’agressivité de Sharon. Ainsi son représentant itinérant, M. de Mistura, n’a pas manqué de signaler dans son rapport les bruyants raids aériens simulés, les survols israéliens qui ont même atteint Tripoli. Et M. Annan, du reste verbalement soutenu par l’Occident, a alors pressé le gouvernement israélien de cesser ses provocations. Pour rouvrir la voie à des négociations de paix. Quoi qu’il en soit, il convient de signaler un détail qui peut avoir son importance. L’accentuation des pressions pour une normalisation au Sud a amené les autorités locales à ordonner à la force mixte armée-FSI déployée à l’intérieur de la région Sud de patrouiller désormais régulièrement le long de la ligne bleue. Une première qui se veut un geste de bonne volonté. Jugé cependant insuffisant par le rapport Annan. Philippe ABI-AKL
Ce n’est plus un carrousel diplomatique, mais une rafale de mitraillette. Et pas moyen de jouer sur d’éventuelles contradictions : Gephardt le démocrate a été aussi loin que Condoleeza Rice pour exiger la tête du Hezbollah. Annan, qui n’est pas l’ami Boutros-Ghali, y a été aussi de son grain de sel. En introduisant dans les pressions la donne d’une Finul qu’on menace...