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SANTE - Le Pr Sélim Jambart : Espoirs douteux, mais risques bien réels (PHOTO)

S’il comprend les motivations qui poussent les gens à lutter contre le vieillissement, le professeur Sélim Jambart affiche clairement son scepticisme vis-à-vis de la DHEA qui comporterait plus d’effets nocifs que bénéfiques, dont notamment des risques de cancer de la prostate et du sein. Depuis que la prolongation de la vie est devenue une évidence, les gens cherchent à mieux vivre, en évitant les complications du troisième âge, explique le professeur Sélim Jambart, sans compter que le désir de rester jeune est compréhensible, surtout qu’il est régi par l’effet de mode. C’est la raison pour laquelle la lutte contre le vieillissement prend une ampleur telle que de nombreux consommateurs, notamment aux États-Unis, se jettent sur certains produits comme la DHEA comme s’ils étaient des produits miracles. Un engouement qui s’explique par le fait que la DHEA, hormone sécrétée par les glandes surrénales, diminue dans l’organisme à partir de l’âge de 25 ans. «Mais, prévient le professeur, les consommateurs oublient que c’est une hormone masculinisante, qui doit diminuer avec l’âge. En donner, alors qu’elle doit diminuer, risque d’engendrer des problèmes. Cela vaut-il vraiment la peine de tomber malade pour rester beau ?», s’interroge-t-il, tout en doutant personnellement des vertus de cette hormone masculine qu’il qualifie de «faible». Risque de cancer de la prostate et du sein Aussi en énumère-t-il les nombreuses conséquences néfastes : les produits vendus sous le nom de DHEA, quelle que soit leur provenance, ne sont soumis à aucune régulation ni aucun contrôle, remarque le Dr Sélim Jambart. Ils peuvent contenir n’importe quoi, comme ils risquent de ne contenir aucune dose de DHEA. Par ailleurs, certains produits proposent des doses quotidiennes de 500 mg, pouvant entraîner un surdosage, alors que le taux quotidien recommandé est de 50 mg. De plus, reprend-il, cette hormone masculinisante entraîne une poussée des poils, une prise de poids, l’apparition d’acné et de maux de tête. Mais elle comporte aussi des risques plus préoccupants, celui du cancer de la prostate pour l’homme et du cancer du sein pour la femme. Et de déplorer la mise en vente de la DHEA suite à des expériences concluantes sur le lapin, mais sans faire l’objet, au préalable, d’aucune étude scientifique, à part le bouche-à-oreille. La première étude scientifique intéressante n’a été entreprise par le professeur Baulieu qu’en 1999 sur 280 volontaires et a donné de premiers résultats en avril 2000 puis en avril 2001. Mais les résultats se sont avérés décevants, note l’endocrinologue, et ont refroidi les espérances. Certes, quelques effets bénéfiques ont été constatés sur le bien-être, sur la libido et sur la minéralisation osseuse des femmes de plus de 70 ans, mais cela n’a pas été le miracle auquel on s’attendait. De plus, l’échantillon était tellement restreint que ces résultats ne pouvaient être réellement significatifs. Et d’expliquer que la DHEA étant une hormone naturelle, donc non brevetable, il est difficile de trouver la firme qui financerait des études longues et coûteuses sans garantie d’exclusivité. C’est la raison pour laquelle la DHEA pourra difficilement accéder au statut de médicament. Finalement, note l’endocrinologue, la lutte contre le vieillissement doit se dessiner au sein de limites bien définies. En effet, la race humaine a une limite de vie de 120 ans environ et si de plus en plus de personnes peuvent espérer l’atteindre, aucune ne pourra la dépasser. Par ailleurs, reprend-il, à quoi sert-il de prolonger la vie si on ne peut en profiter ? Et d’expliquer que la vieillesse est synonyme d’une plus grande fréquence de maux, de maladies, d’incapacités physiques. En guise de conclusion, le professeur Jambart donne un conseil au consommateur : «N’accordez qu’une confiance modérée à ces publicités pour produits miracles mis en vente sans aucun contrôle. Outre qu’ils contiennent le plus souvent de la poudre de perlimpinpin, leurs fabricants se soucient en général davantage de garnir leur portefeuille que de se pencher sur votre santé. Mieux vaut se méfier. Mais en tout état de cause, la prise de DHEA exige un suivi médical». Recourir aux pilules n’est pas à conseiller, selon les dires de l’endocrinologue. Aussi préconise-t-il plutôt une alimentation saine, de l’exercice physique ainsi que la diminution voire l’arrêt du tabac, tout en conseillant à chacun de rechercher les véritables causes d’une éventuelle fatigue. A.M.H.
S’il comprend les motivations qui poussent les gens à lutter contre le vieillissement, le professeur Sélim Jambart affiche clairement son scepticisme vis-à-vis de la DHEA qui comporterait plus d’effets nocifs que bénéfiques, dont notamment des risques de cancer de la prostate et du sein. Depuis que la prolongation de la vie est devenue une évidence, les gens cherchent à...