SANTÉ - Engouement passager du consommateur libanais pour la « pilule de jouvence » Critiquée par les médecins, la DHEA est en vente libre dans les pharmacies (PHOTO)

On l’a appelée pilule de jouvence. À tort, disent les médecins, sceptiques quant à son efficacité, et prudents, vu les contre-indications et les effets secondaires découlant de son utilisation. À raison, disent ses adeptes, qui rêvent de garder une jeunesse éternelle et jurent par tous les saints qu’ils se sentent mieux depuis qu’ils en prennent. Librement commercialisée aux États-Unis depuis 1994 en tant que complément alimentaire, vendue sous ordonnance comme un médicament en Europe, elle continue de susciter une polémique en France, où elle a longtemps été vendue sous le manteau et où elle n’a encore aucun statut défini, alors que le Conseil de l’ordre des médecins français recommande de ne pas la prescrire. La DHEA est-elle réellement «l’hormone antiâge», telle que prônée par son inventeur ? Découverte il y a trente ans par le professeur Étienne-Émile Baulieu, la DHEA ou déhydroépiandrostérone est une hormone masculinisante sécrétée par les glandes surrénales et dont le taux diminue dans le corps à partir de l’âge de 25 ans. Si sa commercialisation a engendré un véritable engouement à l’étranger, voire même un phénomène de société, elle n’a, semble-t-il, suscité qu’un intérêt limité au Liban, bien qu’elle soit librement vendue en pharmacie. Deux endocrinologues libanais, les Drs Sélim Jambart et Kamal Hirbli expliquent les raisons de leurs réserves quant à l’utilisation de la DHEA et mettent en garde les utilisateurs contre les effets secondaires de cette hormone. Deux grandes pharmacies de la capitale parlent de l’engouement provisoire des consommateurs libanais pour la DHEA, alors qu’une poignée d’irréductibles continuent à rêver d’une éternelle jeunesse, jurant à qui veut bien les entendre qu’ils ne se sont jamais sentis aussi bien. Anne-Marie EL-HAGE