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Actualités - CHRONOLOGIE

Partenariat euro-méditerranéen - Un accord à plusieurs volets, une chance à saisir De nouveaux horizons économiques et géopolitiques s’ouvrent au Liban

Si les Libanais savent, cette fois-ci, saisir la balle au vol, le 10 janvier 2002 pourrait constituer une date charnière dans l’évolution politico-économique du pays. En paraphant – au terme de longues négociations ardues – l’accord d’association avec l’Union européenne, le Liban s’est engagé dès hier de plain-pied dans une dynamique de longue haleine appelée à l’intégrer dans un vaste ensemble euro-méditerranéen formé des quinze pays de l’UE et de douze pays du sud de la Méditerranée. Lancé à Barcelone en novembre 1995, le partenariat euro-méditerranéen a pour ambition de faire du bassin de la Méditerranée une zone de stabilité, de coopération, de dialogue et, surtout, de «prospérité partagée», comme le souligne le chef de la délégation de la Commission européenne au Liban, Patrick Renauld. Contrairement à une idée préconçue, l’accord qui a été paraphé hier à Bruxelles ne se limite nullement au seul paramètre économique. Il englobe aussi deux autres volets tout aussi essentiels : le volet politique et de sécurité ; et le volet social, culturel et humain. Des accords d’association en tous points similaires (englobant ces trois niveaux) ont été signés ces dernières années entre l’UE, d’une part, et chacun des dix autres partenaires du Sud, d’autre part (la Syrie étant le seul pays à n’avoir pas encore achevé ses négociations sur ce plan). Parallèlement à ces accords bilatéraux, une coopération multilatérale est également prévue dans un vaste éventail de domaines. L’originalité du processus enclenché à Barcelone réside précisément dans cette approche globale et stratégique des relations entre les deux rives de la Méditerranée. Au terme d’un long débat interne, l’Europe des Quinze a en effet envisagé dès 1994 d’équilibrer ses rapports avec ses voisins directs de l’Est et du Sud, de manière à ne pas limiter sa politique d’ouverture uniquement à l’Europe de l’Est (comme l’a prôné pendant longtemps le bloc anglo-saxon). Le principe d’un partenariat euro-méditerranéen a ainsi été retenu par le Conseil européen réuni à Essen en 1994 et à Cannes en mars 1995. La portée et la dimension globale d’un tel partenariat résident dans le fait que les pays du sud de la Méditerranée ne sont plus considérés par l’UE comme un simple marché ou des fournisseurs de matières premières et de carburants. Ils sont désormais traités en véritables partenaires à part entière, dans le respect de leurs spécificités socio-culturelles. Dans le même temps, ce partenariat n’implique pas uniquement les gouvernements et les institutions publiques, mais il accorde un rôle de premier plan à la société civile et au secteur privé, l’objectif étant de développer des échanges, des dialogues, des rencontres, des concertations régulières et une coopération étroite entre les diverses composantes des sociétés civiles des 27 pays concernés afin de favoriser l’émergence d’une zone de stabilité, de paix et de prospérité au niveau du bassin méditerranéen. Effectivement, depuis 1996, de nombreuses rencontres ont groupé des journalistes, des hommes d’affaires, des universitaires, des experts et des responsables officiels des 27 pays, parties prenantes dans le partenariat. Le Liban a ainsi une opportunité historique et inespérée de sortir du carcan que l’on tente de lui imposer. De nouveaux et de larges horizons s’ouvrent à lui, aussi bien sur le plan économique qu’au niveau géopolitique. Il est appelé à s’intégrer à un vaste ensemble solidement ancré à l’Union européenne. Ce projet hautement stratégique est fondé, comme le souligne Patrick Renauld, sur les principes des droits de l’homme et de la démocratie. Des valeurs que le Liban partage (dans une certaine mesure) avec l’UE mais que d’aucuns tentent d’étouffer depuis quelques années. En adhérant au processus de partenariat, le Liban devra se conformer à des règles, des normes, des principes qui devraient le sortir de sa sclérose propre aux républiques bananières. La tâche à cet égard n’est, certes, pas aisée. Mais comme le précise le chef de la délégation de la Commission européenne, des réunions régulières auront lieu désormais entre l’UE et le Liban, au niveau des experts, des hauts fonctionnaires et des responsables officiels, afin de rechercher les moyens rationnels susceptibles d’aplanir les obstacles qui pourraient entraver la mise en application du partenariat, dans ses différentes dimensions. Cela implique, à terme, un changement de mentalité, de comportement et de méthode de travail auxquels devront s’adapter les deux secteurs public et privé. Des réformes en profondeur devront être mises en place ; des pans entiers de l’économie devront être restructurés ; des choix et des sacrifices devront être faits afin que les produits libanais puissent être compétitifs sur les marchés régionaux et européens, dans la perspective de la vaste zone de libre-échange euro-méditerranéenne appelée à voir le jour d’ici à une dizaine d’années. Sur le plan de la vie quotidienne, l’impact de l’adhésion au partenariat devrait se faire ressentir d’ici à quelques années en termes de relance de la croissance économique, d’accroissement du nombre d’emplois et d’augmentation du PNB. «L’exemple des pays du sud de l’Europe, les plus défavorisés, est dans ce cadre particulièrement significatif, souligne à ce propos M. Renauld. Si l’on compare le PNB et le nombre d’emplois dans ces pays avant leur adhésion à l’Union européenne et ces mêmes indicateurs cinq ans après leur adhésion, nous constatons une nette amélioration en un laps de temps relativement court (cinq ans)». Le partenariat pourrait avoir un impact similaire sur le Liban. Encore faut-il que les responsables officiels et les Libanais, en général, prennent leur destin en main et redoublent d’efforts pour s’engager sur la voie de la restructuration requise afin que le pays puisse profiter rapidement des acquis du partenariat. M. Renauld admet à ce propos qu’au niveau des autres partenaires du sud de la Méditerranée, les résultats de la mise en place du processus de Barcelone n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances. Pour certains pays du Sud, le processus est plus rapide que pour d’autres. Un tel partenariat à plusieurs vitesses ne constitue pas, toutefois, un handicap, aux yeux de M. Renauld. «Les meilleurs serviront de moteur aux retardataires, précise-t-il. On vous propose le moteur de l’Europe qui est suffisamment puissant pour ne pas se laisser ralentir». Aux Libanais, désormais, de savoir prendre le train en marche. Il serait désespérant qu’une nouvelle fois ils laissent s’estomper cette opportunité historique qui s’offre à eux. Michel TOUMA Les 27 pays concernés Le partenariat euro-méditerranéen concerne, au stade actuel, les quinze pays membres de l’Union européenne ainsi que douze pays du sud de la Méditerranée. Les 15 pays européens sont la France, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Grèce, l’Autriche, la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la Hollande, la Grande-Bretagne, l’Irlande, le Danemark, la Suède et la Finlande. Les pays méditerranéens sont : le Liban, la Jordanie, Israël, l’Égypte, la Palestine, le Maroc, Chypre, l’Algérie, Malte, la Syrie, la Tunisie et la Turquie. Le partenariat englobe ainsi une vaste zone géographique dont la population globale est estimée à plus de 600 millions d’habitants qui parlent quatorze langues différentes. Les trois volets du partenariat La déclaration de Barcelone adoptée le 28 novembre 1995 par les ministres des Affaires étrangères des 27 pays parties prenantes dans le partenariat euro-méditerranéen définit trois volets qui constituent les fondements du partenariat. – Le volet politique et de sécurité : il vise à favoriser la mise en place d’une zone de paix et de stabilité dans le bassin méditerranéen, sur base des principes des droits de l’homme, du respect des pratiques démocratiques et de l’édification d’un État de droit. Une charte de paix et de stabilité est prévue sur ce plan. Un dialogue politique est, en outre, maintenu par le biais de réunions régulières, notamment au niveau des ministres des AE. – Le volet économique et financier : il vise à créer d’ici à l’an 2010 une zone de libre-échange euro-méditerranéenne afin de transformer le bassin méditerranéen en un espace de «prospérité partagée». Des accords d’association bilatéraux, entre l’UE et chacun des douze partenaires du Sud, doivent permettre d’atteindre progressivement un tel objectif, parallèlement à une coopération multilatérale et régionale dans des domaines aussi variés que l’industrie, l’agriculture, les transports, le tourisme, l’énergie, l’environnement, les sciences, la technologie, la gestion des ressources en eau … – Le volet social, culturel et humain : il a pour but de développer la dimension humaine du partenariat en favorisant les relations entre les sociétés civiles des 27 pays partenaires, par le biais d’une coopération dans les domaines de l’éducation, la culture, la formation, les médias, la santé, la gestion des flux migratoires… Une coopération dans le domaine de la justice est également prévue pour lutter contre le terrorisme, le trafic de stupéfiants, la criminalité internationale et l’immigration clandestine.
Si les Libanais savent, cette fois-ci, saisir la balle au vol, le 10 janvier 2002 pourrait constituer une date charnière dans l’évolution politico-économique du pays. En paraphant – au terme de longues négociations ardues – l’accord d’association avec l’Union européenne, le Liban s’est engagé dès hier de plain-pied dans une dynamique de longue haleine appelée à...