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Actualités - ANALYSES

Un impératif pour l’État : l’austérité

La semaine dernière, le président de la République, le général Émile Lahoud, prévoyait pour l’année 2002 des éclaircies sur le plan social. De son côté, le Premier ministre Rafic Hariri fixait trois objectifs économiques prioritaires à son gouvernement : la signature de l’accord d’association avec l’Union européenne, la tenue de Paris II, et un train de privatisations à grande échelle qui permettrait essentiellement à rembourser la dette exorbitante de l’État. Le Libanais n’est pas dupe toutefois des propos lénifiants que lui tiennent ses responsables. Il se demande ainsi dans quelle mesure l’accord d’association avec l’UE serait nécessairement en faveur du Liban. En effet, même s’il est permis d’envisager des conséquences positives à cet accord, il est encore trop tôt pour se prononcer là-dessus. Or le pays a surtout besoin aujourd’hui d’un remède efficace et rapide à sa crise économique, financière et sociale. Par ailleurs, la tenue de la conférence de Paris II est loin d’être garantie. En effet, il s’agit d’abord pour le Liban de réunir un certain nombre de conditions, en l’occurrence : – S’assurer que les nominations administratives vont dans le sens d’une véritable réforme susceptible d’accompagner la relance économique du pays. C’est d’ailleurs pour cette raison que le chef de l’État a demandé aux organismes de contrôle d’élaborer, dans un délai de trois mois, un rapport sur le rendement des nouveaux hauts fonctionnaires désignés. Ceux qui, parmi eux, auront montré qu’ils sont incapables d’assumer leurs responsabilités, seront mutés à d’autres postes ou tout simplement démis de leurs fonctions. – L’État doit en outre persévérer dans sa politique d’austérité et mettre fin au gaspillage des fonds publics. – Il incombe aussi aux gens du pouvoir d’éviter autant que possible les polémiques et les tiraillements politiques, qui se répercutent toujours de manière négative sur la situation économique et financière. Cependant, même si toutes ces conditions sont remplies, la tenue de la conférence des pays donateurs dépendra aussi des développements sur la scène régionale et internationale. Or des sources diplomatiques craignent justement que la lutte contre le terrorisme prenne pour cible le Moyen-Orient après l’Afghanistan ; sans compter l’évolution du conflit israélo-palestinien, dont on ne connaît pas encore l’issue. Si le Liban officiel persiste à ne pas répondre aux exigences américaines concernant la lutte antiterroriste, Washington pourrait fort bien œuvrer à bloquer les aides et les prêts dont il a tant besoin pour régler sa crise économique et sociale. Il incombe ainsi aux responsables d’envisager toutes les hypothèses et de trouver des solutions de remplacement à tous genres de problèmes. Ils doivent tenir compte en effet de l’éventualité d’une guerre économique menée contre le Liban pour des raisons politiques. L’unité des rangs internes pourrait être également menacée. D’où la mise en garde du Premier ministre Hariri qui, la semaine passée, avait souligné la nécessité de «peser chaque mot prononcé». Il avait rappelé dans ce cadre que les attentats du 11 septembre aux États-Unis avaient complètement bouleversé le monde et l’Europe et qu’il était donc important «d’adapter notre comportement» à ces nouvelles circonstances. Par conséquent, il convient dans tous les cas de continuer à appliquer une politique d’austérité, de réduire autant que possible les dépenses, de mettre fin au gaspillage des fonds publics et de réduire le nombre de fonctionnaires en ouvrant la voie aux démissions ou en procédant à des coupes substantielles dans les salaires trop élevés. Toutes ces mesures qu’imposerait une éventuelle guerre économique livrée au Liban nécessitent de surcroît la consolidation des rangs internes. C’est là une condition essentielle à remplir pour que le pays soit en mesure de surmonter les difficultés et les obstacles auxquels il pourrait être confronté. Émile Khoury
La semaine dernière, le président de la République, le général Émile Lahoud, prévoyait pour l’année 2002 des éclaircies sur le plan social. De son côté, le Premier ministre Rafic Hariri fixait trois objectifs économiques prioritaires à son gouvernement : la signature de l’accord d’association avec l’Union européenne, la tenue de Paris II, et un train de...