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Actualités - REPORTAGES

La crèche au Liban : - coutumes et folklore

Le Liban, ouvert à toutes les influences, est le point de convergence de toutes les écoles. Des nouvelles coutumes viennent sans arrêt se superposer à son folklore, et se fondre dans le creuset d’une race douée d’une extraordinaire puissance d’assimilation, à telle enseigne qu’il serait malaisé de remonter la filière des divers apports étrangers. Les enfants de la montagne, après une lutte acharnée et victorieuse, une lutte de huit heures, contre le marchand de sable qui voudrait les empêcher d’aller à la messe de minuit, sont heureux, au retour, d’admirer leur chef-d’œuvre, la crèche, montée toujours, de mémoire de chrétien et de père en fils, dans l’embrasure d’une fenêtre condamnée l’hiver, ou bien sur un vieux bahut bancal, ou bien dans un coin mystérieux de l’immense et unique pièce de famille, crèche ou voisinent l’historique petit Jésus plus ou moins ébréché, Marie et Joseph, legs des aïeux, le mouton en bois de sapin ou de cèdre amoureusement sculpté par le plus ingénieux des enfants, et ces féeries modernes de guirlandes, de bougies multicolores, et même, par endroits, de feux électriques. Là, se ressent encore la vieille querelle de l’ancien et du moderne, terminée à la ville, au profit de ce dernier. Et si le marché actuel nous offre des spécimens venus de tous les coins du monde, de France, d’Italie, d’Amérique, d’Allemagne ou du Japon via Taïwan, en concurrence avec les échantillons de nos artisans, lesquels, d’année en année, il faut le reconnaître, perdent un peu de leur grossièreté, c’est souvent une considération de prix qui préside au choix des clients, sans égard au style ni même à l’esthétique. Et l’on trouve de ces «grottes de Bethléem», petites ou grandes, peuplées de «santons» provençaux disposés autour de crèches d’une autre signature moderne, perdus au milieu de statuettes «César Amer» ou d’une autre signature locale, à côté de divers personnages d’Europe ou d’Extrême-Orient, sous le regard, tantôt sévère, tantôt bonhomme, d’un «Papa Noël» monumental, sans pour cela, fait très curieux, couper cet effluve de piété qui émane d’une construction sensée reproduire la plus fidèle des Bethléem, malgré la multiplicité des maisonnettes, des tours romaines ou des églises nordiques, échelonnées sur la pente d’une montagne de carton. Et le père Noël lui-même, quoiqu’étranger à la venue au monde du Christ, s’est tellement intégré à la crèche qu’on ne saurait actuellement les concevoir indépendants. Les cadeaux, jadis offerts à Jésus, sont aujourd’hui retournés au multiple par l’entremise de cet étrange personnage, à tous les enfants du monde. Souvent même, dans de familles, l’un des garçons s’affuble, la nuit de Noël, de la blanche livrée de ce vieillard de neige, ou bien s’enveloppe dans son large manteau rouge, lui emprunte son épaisse barbe et ses graves sourcils, et s’installe au pied de la crèche, pour vider sa hotte dans les mains de ses frères et sœurs émerveillés, se réservant, tel le lion de la fable, la plus belle part. D’autres, plus traditionalistes, cherchent à évoquer l’atmosphère primitive de la petite bourgade de la Judée. Sans parler des crèches d’églises, patronnées par les institutions et donc capables de réalisations grandioses, allant jusqu’à créer des personnages se mouvant au son d’une musique céleste, comme dans la crèche mobile de l’institution de Saint-Vincent, nous nous devons de reconnaître les louables efforts, souvent couronnés de succès, de tel mécène qui, par un habile tour de force, est arrivé à reproduire la topographie du site évangélique, avec une étonnante exactitude dans le plus petit détail. Dans cette maison où les enfants ne sont plus de l’âge du Père Noël, un tronc est placé à l’entrée du village de carton-pâte, pour permettre à la hotte d’arriver pleine auprès des pauvres petits frères de Jésus. Peut-on mieux honorer un Dieu, né dans le dénuement pour vaincre l’orgueilleux égoïsme de l’homme, et réchauffer d’un rayon de joie les cœurs déshérités ?
Le Liban, ouvert à toutes les influences, est le point de convergence de toutes les écoles. Des nouvelles coutumes viennent sans arrêt se superposer à son folklore, et se fondre dans le creuset d’une race douée d’une extraordinaire puissance d’assimilation, à telle enseigne qu’il serait malaisé de remonter la filière des divers apports étrangers. Les enfants de la montagne,...