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Actualités - CHRONOLOGIES

On parle déjà d’une troisième tranche de désignations

Cinq heures ! La première représentation du Soulier de satin de Claudel, dans les années cinquante, avait duré cinq heures d’affilée. Et Guitry de s’exclamer : «Heureusement qu’il n’y avait pas la paire !». La paire, justement, on se demande aujourd’hui si l’on y aura droit avec le deuxième train de nominations, qui tarde à entrer en gare. Plus exactement, on attend de voir si l’impair de la première édition est appelé à se répéter. C’est-à-dire si on va retomber dans le travers du partage (de midi, toujours l’inévitable Claudel) qui a vicié l’opération, du moins sur le plan des régions. On sait en effet que, comme par hasard et comme toujours, le cœur du pays politique chrétien, à savoir Jbeil-Batroun-Kesrouan, a encore été oublié dans la distribution des prix. Aujourd’hui, c’est la trêve des confiseurs, et les fêtes donnent du répit aux gouvernants. Mais il faudra qu’ils se décident, qu’ils fassent leurs choix avant le 9 janvier. Car c’est à cette date que le directeur de la Caisse nationale de la Sécurité sociale, M. Khalil Maged, sera autorisé à faire valoir ses droits à la retraite. Sa succession, on le sait, pose problème car elle oppose les appétences insatiables des présidents Nabih Berry et Rafic Hariri. Qui se font chacun un point d’honneur de ne pas céder un pouce de terrain, de n’accepter aucun compromis. En étendant du reste leur dispute au secrétariat général du palais Bustros où le président du Conseil entend placer (ou parachuter) un magistrat de sa communauté. Alors que les autres pôles d’influence se battent pour la promotion intra muros de l’ambassadeur Nagi Abou Assi qui assume d’ailleurs ces fonctions par intérim. Le Premier ministre n’y verrait pas d’inconvénient, dit-il tactiquement, à condition que l’on révise du coup tout le panel de la répartition des postes de la première catégorie sur des bases strictement confessionnelles. On n’ignore pas en effet que dans nombre de cas ni l’avis des ministres concernés ni celui du CFP n’ont été pris en compte. C’est ce que souligne un autre protestataire, le ministre des Télécommunications, M. Jean-Louis Cardahi. Pour sa part, le ministre berriyiste de l’Énergie, M. Mohammed Abdel Hamid Beydoun, continue à mener campagne en faveur du système en vigueur dans la plupart des pays évolués. C’est-à-dire qu’il propose que des candidatures soient posées, du cadre ou hors-cadre indifféremment, pour chaque poste à pourvoir, le soin de choisir devant être laissé aux organismes techniques de contrôle. Au besoin, par voie de concours. Ce serait, estime le ministre, un moyen radical de dépolitiser entièrement le dossier, puisque le Conseil des ministres n’aurait plus qu’à signer des décrets tout faits. Tandis que les ministres eux-mêmes ne seraient plus qu’une simple courroie de transmission, les candidatures étant présentées par leur truchement au CFP. Toujours est-il que la première tranche de désignations a été marquée par des disparités si flagrantes qu’elles ont suscité les préoccupations immédiates du chef de l’État. En effet, lors du Conseil des ministres de jeudi dernier, le président Émile Lahoud, prenant acte des récriminations de communautés chrétiennes discriminées, a prié le CFP d’établir rapidement un rapport de correction. Afin que l’on équilibre mieux la balance à travers un troisième train de nominations. Mais concrètement, une question se pose : comment compenser, par exemple, la perte de la direction de la Sûreté générale, de la direction des services de la présidence. Ou encore les postes de haute volée dans le staff administratif du Parlement comme de la présidence du Conseil, qui ont changé de confession après la mise à la retraite récente de leurs titulaires. Comment le jeu peut-il ne pas être faussé quand un seul des trois présidents, le chef de l’État, ne regarde que la compétence et ne se soucie pas de défendre des acquis communautaires. Enfin, comment s’en sortir quand les deux autres présidents en profitent pour se disputer avec acharnement le reste du fromage, comme c’est le cas pour la direction générale de la Sécurité sociale.
Cinq heures ! La première représentation du Soulier de satin de Claudel, dans les années cinquante, avait duré cinq heures d’affilée. Et Guitry de s’exclamer : «Heureusement qu’il n’y avait pas la paire !». La paire, justement, on se demande aujourd’hui si l’on y aura droit avec le deuxième train de nominations, qui tarde à entrer en gare. Plus exactement, on...