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Actualités - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

Les casernes sont régulièrement bombardées par l’armée israélienne - Policiers SDF dans la bande de Gaza

On aperçoit parfois leurs combinaisons bariolées bleues en poussant la porte d’une villa ou d’un garage. Régulièrement bombardés par l’armée israélienne, qui les accuse de terrorisme, les policiers de la bande de Gaza ont déserté leurs casernes pour trouver un refuge où ils peuvent. C’est une maison abandonnée avec des parpaings pour tenir le toit, comme on en voit beaucoup dans les camps de réfugiés palestiniens. Sauf qu’elle sert de quartier général à quelque 150 policiers relogés depuis le début de l’année après un raid israélien contre leur unité à Gaza. Il y a des matelas posés par terre, quelques tentes dans le jardin, de vieilles chaises branlantes en formica mais guère d’espace pour s’entraîner. «On n’a pas de douche, pas d’hygiène. C’est très éprouvant physiquement et psychologiquement», dit un policier. «C’est une situation intenable, renchérit son chef. Nous sommes devenus de vrais SDF (sans domicile fixe). Impossible dans ces conditions de faire notre travail comme il faut». Quelques rues plus loin, à deux pas de l’état-major de la police palestinienne, réduit en ruines vendredi à l’aube lors d’une attaque de chasseurs F-16 israéliens, des hommes de la police antiémeutes ont installé leurs quartiers dans trois garages loués pour l’occasion. Là encore, quelques matelas fatigués, un vieux poste de TV posé sur un baril vide, un portrait du président palestinien Yasser Arafat et l’incontournable photo d’un «martyr», ici un de leurs collègues récemment tué par les soldats israéliens lors d’une incursion dans la ville autonome de Bethléem en Cisjordanie. «C’est surpeuplé. On est les uns sur les autres», râle un policier en tripotant une grenade dans ses mains. «La nuit, il fait froid, on n’a pas de chauffage. Les repas aussi sont froids», se plaint un autre. Si la nourriture arrive souvent froide, c’est parce que la cuisine aussi a été évacuée. Partie s’installer dans un petit entrepôt discret du camp de réfugiés de Chatti, au nord de Gaza. Dans cette salle crasseuse et triste, à peine éclairée par trois faibles ampoules suspendues à leur fil électrique, cinq marmites mijotent sur de gros réchauds reliés à une bonbonne de gaz. Des sacs de pitas (pain rond) traînent à même le sol, à côté de régimes de bananes. Dans deux heures, ce sera l’iftar, la rupture quotidienne du jeûne en période de ramadan. Trois camions s’apprêtent à charger les rations – soupe, viande, kebabs, salade et fruits – qu’il faudra distribuer à quelque 500 policiers. «Nos tournées, l’une au petit matin, l’autre en fin d’après-midi, font une vingtaine de kilomètres, explique Oussama, le chef de la cuisine. Forcément, en fin de chaîne, la nourriture arrive froide. Cela fait râler les policiers, qui mangent souvent debout dans la rue parce qu’ils évitent de rester dans leur campement». Les chauffeurs non plus ne sont pas très rassurés lors de leurs tournées. «Lundi dernier, je suis tombé en plein bombardement de l’héliport d’Arafat, se souvient Ibrahim, un chauffeur. Du coup, plus personne n’avait faim». À Rafah aussi, on a peur. Dans la nuit de vendredi à samedi, une petite caserne de cette ville frontière avec l’Égypte a été dévastée par six roquettes tirées par des hélicoptères israéliens. «C’est la deuxième fois en deux mois», raconte un soldat, obligé de trouver refuge sous les gradins d’un stade voisin. «On se sent vraiment très mal, dit-il. Il faut toujours être sur ses gardes et être prêt à décamper au moindre bruit suspect. On en oublie notre mission qui est d’abord de protéger la population».
On aperçoit parfois leurs combinaisons bariolées bleues en poussant la porte d’une villa ou d’un garage. Régulièrement bombardés par l’armée israélienne, qui les accuse de terrorisme, les policiers de la bande de Gaza ont déserté leurs casernes pour trouver un refuge où ils peuvent. C’est une maison abandonnée avec des parpaings pour tenir le toit, comme on en voit beaucoup...