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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-UE - Paris souhaite que ce nouvel obstacle soit rapidement aplani - La clause antiterroriste incluse dans l’accord d’association

Comme le laissait entendre jeudi notre correspondant diplomatique au palais Bustros, l’Union européenne a décidé, à la demande notamment de la Grande-Bretagne, d’introduire dans le projet d’accord d’association négocié depuis six ans avec le Liban une clause de coopération antiterroriste qui risque de retarder la conclusion de cet accord. La France, qui s’était opposée à l’inclusion de cette clause, a souhaité hier que cette question soit «rapidement réglée». Crucial pour l’économie libanaise, l’accord d’association avec l’UE, visant à terme à l’abolition des droits de douane entre les deux parties, l’est devenu davantage depuis le vote de la TVA, mercredi à la Chambre, les recettes de la nouvelle taxe étant censées remplacer progressivement celles des douanes. Or, voilà qu’à peine la loi adoptée, l’accord, qui avait été annoncé comme imminent le 19 novembre par le président de la Commission européenne, Romano Prodi, se trouve pratiquement remis en question par la nouvelle exigence britannique, soulevée au dernier moment. Le représentant de l’Union européenne à Beyrouth, Patrick Renauld, et l’ambassadeur du Liban à Bruxelles, Fawzi Fawaz, ont confirmé hier l’inclusion d’une clause de coopération antiterroriste, identique à celle déjà demandée à l’Algérie et à l’Égypte. Selon M. Renauld, il ne restait plus entre les deux parties qu’un désaccord «sur les droits de douane sur les fleurs coupées que le Liban a augmentés de 30 % à 70 % le 6 octobre, en pleine négociation», a ajouté M. Renauld. Pour le reste, les exigences de l’UE «n’ont rien à voir avec» celles des États-Unis «concernant le Hezbollah», a souligné M. Renauld dans une déclaration à l’AFP. Les États-Unis, qui ont recensé le Hezbollah comme une entité terroriste, avaient réclamé le 2 novembre que le Liban gèle les avoirs de ce parti, ce que Beyrouth, qui insiste sur une distinction entre «terrorisme» et «résistance nationale» s’est refusé à envisager. Le lendemain, le Royaume-Uni s’était aligné sur la demande américaine, en demandant cependant que seuls les avoirs de ce qu’il avait qualifié d’«aile terroriste» du parti soient gelés, et non ceux du Hezbollah tout entier. Le 30 novembre à Bruxelles, devant des hauts fonctionnaires des Quinze réunis pour faire le point sur les négociations avec le Liban, le représentant britannique a évoqué l’inclusion de la clause de coopération antiterroriste. La France, l’Allemagne et la Grèce, notamment, s’y était opposées, estimant que soulever cette question à la dernière minute ne ferait que compliquer des négociations en voie d’achèvement, selon des sources diplomatiques. Jeudi, la Grande-Bretagne a néanmoins informé les autres pays de sa volonté de voir incluse la disposition en question, selon les mêmes sources. Une fois conclu avec la Commission européenne, un accord d’association doit être adopté à l’unanimité pour entrer en vigueur. D’après M. Renauld, la disposition proposée à l’Algérie et acceptée par l’Égypte «n’est pas exagérément contraignante» dans la mesure où les parties «conviennent de coopérer en vue de prévenir et de réprimer des actes terroristes dans le cadre de la résolution 1373 (de l’Onu) par un échange d’informations et d’expérience». Pour la Grande-Bretagne, «la question de la coopération contre le terrorisme avec le Liban (...) serait (posée) sur les mêmes bases que celles que d’autres pays arabes ont déjà acceptées», a assuré à l’AFP un diplomate européen. «Après le 11 septembre, il devenait difficile pour certains pays européens de ne pas réclamer l’inclusion d’une telle clause, demandée à d’autres pays comme l’Algérie, dont l’accord est en cours de négociation, ou à l’Égypte, dont l’accord a été signé», a indiqué un diplomate sous le couvert de l’anonymat. Le blocage pourrait cependant venir du Liban lui-même. Selon une source diplomatique, Beyrouth a, par le passé, refusé l’inclusion de ce genre de clause. La raison en était double, selon un diplomate européen : «Toute clause ayant des implications politiques doit être discutée à la fois entre les pôles du pouvoir et avec la Syrie, d’où un risque de complications». La situation financière du Liban étant ce qu’elle est, et l’UE étant son principal partenaire commercial, une attente excessive pourrait déclencher une crise de confiance et avoir des conséquences sociales et politiques imprévisibles, qui compliqueraient un règlement de paix au Proche-Orient, estiment certains pays de l’UE, dont la France. Le Premier ministre, Rafic Hariri, attendu aujourd’hui à Paris, doit rencontrer dimanche le président français Jacques Chirac, qui ne ménage pas son soutien au Liban, pour évoquer cette question. Hier, le Quai d’Orsay a souhaité que l’accord soit conclu «le plus rapidement possible», en espérant que la question de la clause antiterroriste soit «rapidement réglée». «La France souhaite la conclusion des négociations et la signature de l’accord d’association UE-Liban le plus rapidement possible. Elle a activement œuvré dans ce sens au cours des derniers mois», a déclaré le porte-parole adjoint du quai d’Orsay Bernard Valéro. «La question de la prise en compte, dans cet accord, de la coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, conformément aux conclusions du Conseil européen du 21 septembre, doit être rapidement réglée pour permettre l’achèvement de la mise au point dans les meilleurs délais de cet accord», a-t-il ajouté. Le porte-parole a souligné que «l’entrée en vigueur de cet accord constituera un signal de confiance et d’espoir pour le Liban».
Comme le laissait entendre jeudi notre correspondant diplomatique au palais Bustros, l’Union européenne a décidé, à la demande notamment de la Grande-Bretagne, d’introduire dans le projet d’accord d’association négocié depuis six ans avec le Liban une clause de coopération antiterroriste qui risque de retarder la conclusion de cet accord. La France, qui s’était...