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Actualités - REPORTAGES

SOCIAL - Huit milliards de livres pour huit cents malades résidents et huit mille bénéficiaires externes - Dar al-Ajaza el-Islamia, plus qu’un asile de vieillards

Dans le quartier lourd de souvenirs tragiques de Sabra, à Beyrouth, parmi les immeubles délabrés, partiellement reconstruits ou même flambants neufs, se dresse une grande bâtisse en bleu et blanc. L’hôpital Dar al-Ajaza el-Islamia est un îlot de refuge qui accueille vieillards et malades mentaux, et procure des soins cliniques aux nécessiteux. «Notre principal objectif est l’assistance médicale et sanitaire, explique le directeur de l’hôpital, M. Azzam Houri. C’est ensuite que vient notre rôle social». Huit cents lits sont occupés à l’hôpital, répartis moitié pour les vieillards et moitié pour les malades mentaux. Dar al-Ajaza el-Islamia a été inauguré en 1954. Il comptait trente-trois vieillards dans ses locaux. En 1959 a été ouverte une section pour maladies mentales. «L’hôpital est aujourd’hui transformé en un centre spécialisé et nous bénéficions d’un laboratoire et d’une pharmacie, explique M. Houri. Nous tentons d’élargir nos domaines de soins. Nous souhaitons installer tout l’équipement nécessaire à un meilleur service médical». En plus des vieillards et des malades mentaux, l’hôpital procure gratuitement des soins externes à huit mille personnes. En tout, vingt-cinq médecins spécialisés, cinq psychiatres résidents, deux physiothérapeutes, trois cents employés sont quotidiennement actifs à l’hôpital, avec un budget de huit milliards de livres libanaises. Les soins sont totalement gratuits. Des cliniques de neuropsychiatrie, neurologie, chirurgie générale, pédiatrie, soins dentaires, ophtalmologie, cardiologie, rhumatologie, gastro-entérologie, ergothérapie, gynécologie, obstétrique et autres sont ouvertes à tout malade, résident ou externe. «Nous accordons une grande importance à l’étude du dossier médical et social du sujet, avant de lui faire intégrer l’hôpital», indique M. Houri. L’établissement compte également une bibliothèque médicale, un laboratoire bactériologique et une salle de récréation pour les enfants des infirmières, médecins ou employées. Tous les quinze jours a lieu également une conférence à thème médical dans les locaux de l’hôpital. Un centre d’études et de recherches a été inauguré en avril 2001, reconnu par l’OMS. «Parmi les centres similaires dans cinquante-trois pays, nous occupons la troisième place», déclare M. Houri. «Nous assistons à une explosion des services, ajoute-t-il. Malheureusement, nous n’avons pas assez de places pour aménager des cliniques pour toutes nos sections médicales». En effet, plusieurs salles sont divisées en deux cliniques différentes, afin d’accueillir le plus grand nombre de patients. Cet établissement ne ressemble nullement aux autres hôpitaux : les longs couloirs blancs sentant l’éther sont quasi inexistants. Sans s’en douter, le visiteur se retrouve à l’étage réservé aux vieillards. «Nous devons faire la différence entre troisième et quatrième âge, souligne M. Houri. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne ayant atteint les soixante-quatre ans est catégorisée “troisième âge”. Mais les personnes du quatrième âge sont celles qui ne sont plus indépendantes, en ce sens qu’elles ne sont plus capables de mener sainement leurs relations, de coordonner leurs actes et de régler leurs propres affaires intimes». Le personnel de l’hôpital prend soin de chaque vieillard individuellement, en procurant, hormis l’assistance médicale et sociale, un soutien moral. «Le sujet doit s’habituer à un nouveau cadre et à un nouveau mode de vie, poursuit M. Houri. Il est très important de vérifier les relations du vieillard avec sa famille. Nous nous sentons responsables d’assurer la continuité de ces relations. Malheureusement, la moyenne des visites de la part des familles ou amis est de 1/7. Les parents ont souvent tendance à s’estimer délivrés du poids consistant à prendre soin d’un vieillard chez eux. Mais dès que le sujet passe le seuil de notre institution, ce poids retombe sur nos épaules». Dans ses tournées, M. Houri, sans occuper de poste médical spécialisé, reste très proche de tous les patients. Il est assailli de toutes parts de saluts affectueux. Et pourtant, «nous ne sommes que des remplaçants ; nous ne pouvons pas tenir le rôle d’acteur principal que détient la famille dans l’entourage du patient, précise-t-il. Nous essayons d’encourager les visites, par l’intermédiaire des assistantes sociales surtout, mais il ne semble pas y avoir de réponse positive». Nous voici maintenant dans la section des malades mentaux. «Ceux-ci ne sont pas retardés mentalement, souligne M. Houri, ils sont quasiment malades, sans aucun espoir de progression». Ils sont visités régulièrement par les psychiatres, mais les infirmières qui s’occupent d’eux les assistent seulement dans leurs gestes quotidiens les plus simples, qu’ils ne peuvent faire eux-mêmes. Toute tentative de suivi éducatif s’est malheureusement révélée inutile. Parmi ces malades, des enfants, dont la moyenne des visites parentales est de 1/11. Outre l’assistance médicale, le personnel de l’hôpital s’emploie à organiser diverses activités pour distraire les malades et leur faire oublier leur solitude : sport, atelier de couture, atelier de menuiserie, cinéma, jeux de société… Tous les samedis, des fêtes d’anniversaire ont lieu ; les mercredis sont les jours de sortie : trente sujets s’engouffrent dans le bus, pour visiter les quatre coins du Liban. Les patients rédigent également des articles à thème libre, recueillis dans une revue. Le Conseil arabe pour les spécialisations médicales a reconnu, pour la quatrième année, l’hôpital Dar al-Ajaza el-Islamia comme un hôpital d’enseignement, spécialisé dans les maladies mentales et psychiques. Actuellement, quatre étudiantes terminent leur quatrième année à Dar al-Ajaza el-Islamia. L’établissement s’active également en vue d’une coordination avec les universités et instituts au Liban, en accueillant chaque année des étudiants pour leurs stages dans les différents domaines médicaux. Un contrat de coopération avec l’Université arabe de Beyrouth (UAB) a été conclu. Cet accord consiste à faire bénéficier les étudiants en médecine, pharmacie et soins dentaires de l’UAB d’un stage à Dar al-Ajaza el-Islamia. En contrepartie, les médecins de l’hôpital profitent des séminaires de spécialisations organisés par l’Université arabe. «Nous souhaiterions qu’il y ait, dans les universités, des spécialisations pour les étudiants en infirmerie, déclare M. Houri, car les soins procurés aux vieillards ne ressemblent pas à ceux procurés aux enfants, ni à ceux nécessaires aux malades mentaux». Pour financer ses activités, l’hôpital a conclu des contrats avec des institutions diverses qui le soutiennent. «Notre principal collaborateur reste le ministère de la Santé, explique le directeur de l’hôpital. Nous tentons aussi d’obtenitr des fonds par divers moyens, comme la vente d’un calendrier, les campagnes médiatiques et les donateurs divers. Nous invitons enfin tous ceux qui le désirent à visiter notre établissement, ou à explorer notre site Internet : “www.dar-ajaza-islamia.org.lb”».
Dans le quartier lourd de souvenirs tragiques de Sabra, à Beyrouth, parmi les immeubles délabrés, partiellement reconstruits ou même flambants neufs, se dresse une grande bâtisse en bleu et blanc. L’hôpital Dar al-Ajaza el-Islamia est un îlot de refuge qui accueille vieillards et malades mentaux, et procure des soins cliniques aux nécessiteux. «Notre principal objectif est...