DESIGN - Mabelle Serhal, créatrice de textile, chez « Artishow » - Tenues à l’ancienne et idées nouvelles

Il est assez difficile de classer les créations de Marie-Isabelle (Mabelle) Serhal, que présente, jusqu’au 1er décembre, «Artishow» (rue Baroudy, Furn el-Hayek, Achrafieh). Design de boudoir, stylisme «artistique», fabrication artisanale ? Un mixage entre les trois plutôt, entre créativité artistique et couture à l’ancienne. Cette jeune mère de famille façonne chez elle, depuis une dizaine d’années déjà, des tenues et des accessoires que l’on dirait sortis de vieilles malles datant de l’époque victorienne. Mais dont certains détails sont assez innovateurs. Sur base d’un mélange «baroque» de tissus récupérés, de textiles nouveaux, de pierres semi-précieuses et de cuivre trempé dans de l’or ou de l’argent, elle confectionne des sacs, des capes, des châles, des mitaines, ainsi qu’une ligne de bijoux (bagues, broches, colliers…) qui semblent sortis d’un autre âge. D’un temps où la féminité était précieuse, ouatée, festonnée, où la dentelle, les plumes, le velours dévoré, l’organza, le taffetas, la fourrure se portaient au quotidien. Du falbala Mabelle Serhal revendique d’ailleurs cette féminité, «anticombinaison en latex», destinée aux personnes qui n’ont pas peur d’afficher leur singularité et qui préfèrent les pièces uniques aux uniformes de la modernité. Autodidacte, Mabelle Serhal est tombée, il y a douze ans, dans ce domaine par pur hasard, en aidant sa sœur à réaliser une ligne d’accessoires. Depuis, elle court les brocantes, les boutiques de tissus, celles de passementeries, à la recherche de matières à travailler. La créatrice réalise tout elle-même, avec juste l’aide d’une couturière : dessin, choix des tissus, coupe, élaboration des bijoux… Cela donne une ligne de style très «falbala» (baptisée «Kabale»), où l’on peut piocher aussi bien des besaces en tissu gobelin (ou d’ameublement de toutes sortes), que des «bagues-sacs» (de petites bourses, en étoffes précieuses, suspendues au doigt par une bague, dont l’anneau est en tissu) ; des cabas en velours et passementerie ; des étoles et des sacs en patchworks de plusieurs textiles et anches en laine tricotée ; des sacs du soir en dentelle, en velours dévoré, avec plumes de paon ou de cygne, fermoir ou agrafe ancienne ; des cravates féminines avec broches à l’ancienne ; des colliers en dentelle et pierres ; ou encore des mitaines sophistiquées, incrustées de petites pierres… Des pièces anticonformistes, à mi-chemin entre l’accessoire et l’ornementation. Un stylisme, certes, plus expression artistique que prêt-à-porter. Original néanmoins.