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Actualités - ANALYSES

Certains milieux croient pouvoir conférer à l’affaire de Mar Roukoz une dimension régionale - Les loyalistes obsédés par le litige avec Washington

C’est Verlaine qui fredonnait : «De la musique avant toute chose, et pour cela préfère l’impair». Passe et manque. Certains loyalistes, pas tous heureusement, ne passent rien aux USA en ce moment. Et ne manquent pas de leur attribuer toutes les vicissitudes internes ou presque. Même au risque de paraître commettre un flagrant impair. Ainsi cette poignée de rares penseurs, que les haririens pour leur part renient, va jusqu’à soutenir que le tapage au sujet de la bévue gendarmière à l’Esib doit prendre fin au plus vite. Car le tohu-bohu risque d’être exploité par l’Oncle Sam. Pour obtenir la neutralisation du Hezbollah. Sans aller jusque-là, un ministre influent souligne que la pression exercée par Washington n’a cessé d’aller crescendo depuis le 11 septembre. Il y voit, comme l’ensemble des politiciens du reste, l’œuvre au noir du lobby prosioniste américain. Ce dirigeant, contrairement aux haririens classiques qui se veulent rassurants, n’exclut pas une diversification pénible des pressions US qui pourraient se traduire dans les phases à venir par des mesures coercitives, médiatiques, diplomatiques et économiques. Dans ce contexte précis, l’intervention nocturne musclée de la maréchaussée à Mar Roukoz «constitue, certes, un dérapage que l’opposition a pleinement le droit de soulever. Nous en prenons acte. Mais, en même temps, il est de notre devoir de rappeler à tous les Libanais que l’intérêt national bien compris prohibe pour l’heure toute secousse intérieure supérieure à 3 sur l’échelle de Richter. Il faut que chacun puisse dire son mot sur cette affaire, nous ne le contestons pas. Mais il est absolument nécessaire d’observer une certaine retenue, une certaine autodiscipline, pour que le jeu se calme. De notre côté, et nous nous y sommes engagés tout de suite, nous allons remettre les pendules à l’heure, en procédant à une enquête sérieuse pour déterminer les responsabilités dans les erreurs commises». Cela ne devrait pas être compliqué. Un simple rappel des faits : des indicateurs de police, des balances ou des mouchards comme on les appelle dans le milieu, ont rapporté aux FSI qu’on pouvait voir à l’Esib des drapeaux cerclés de deuils et des placards contestataires. Une notice d’information a été alors adressée par la direction générale, section du renseignement, à l’officier commandant la région du Mont-Liban. Qui, à son tour, a avisé le poste de Dekwané, en lui demandant de faire le nécessaire, puis d’en informer. Le commissariat a donc pris soin d’en référer au parquet local, qui lui a enjoint de gommer l’infraction, d’enquêter et d’établir un rapport. Aussitôt les agents se sont rendus sur les lieux, bien qu’il fût déjà minuit. En pensant du reste que, de nuit, cela permettrait d’éviter les heurts avec les étudiants. Comme le gardien les a laissé entrer, ils ont lacéré les emblèmes frappés de noir et les affiches. Puis ils ont pris contact derechef avec le parquet du Mont-Liban, qui leur a commandé de dresser procès-verbal et de poursuivre leurs investigations sur les auteurs de l’infraction. Sans trop se douter que la transgression n’était pas là où l’on pensait, dans l’enceinte de Mar Roukoz. Aussi, dès qu’il a été mis au courant, le chef de l’État a, en personne, exigé une contre-enquête au sujet des débordements judiciaires ou policiers. Même réprobation de la part du ministre de l’Intérieur, dès son retour à Beyrouth. M. Murr a en effet prié l’inspecteur général des FSI de déterminer au plus vite les responsabilités dans cette affaire. Parallèlement, les responsables ont tenté d’entrer en contact avec le père Sélim Abou, recteur de l’USJ, pour s’expliquer, mais il a refusé de les recevoir. C’est du moins ce qu’ils affirment, avant de reconnaître que le religieux a accepté de rencontrer, vendredi dernier, le commandant en chef de la gendarmerie et une délégation d’officiers supérieurs. Il leur a indiqué qu’il ne pouvait revenir sur son appel à une grève d’une journée, pour hier lundi. Entre-temps, comme on sait, l’opposition politique s’est déchaînée, en rapprochant cet incident du matraquage du 7 août devant le Palais de justice. Démarche qui conduit les loyalistes bon teint à soutenir que certains veulent à tout prix maintenir le fossé largement ouvert entre le régime et la rue chrétienne. En ajoutant que cela coïncide avec les pressions américaines. À un moment où une nouvelle délégation de Washington est attendue à Beyrouth. Ce qui fait dire à ces loyalistes que l’agitation opposante va affaiblir la position des autorités locales dans leurs négociations avec les Américains. En affirmant ensuite, sans sourciller, que le pouvoir n’a pas l’intention de casser du jeune «bien que le climat international se prête» à toutes les formes d’affirmation de l’autorité face à des mouvements de foule. L’opposition s’offusque de tels arguments. Et souligne que si le nécessaire disciplinaire avait été fait après le 7 août, l’incident de Mar Roukoz n’aurait probablement pas eu lieu. Comme quoi, on tourne politiquement en rond et il n’y a rien de vraiment nouveau sous le soleil. De plomb.
C’est Verlaine qui fredonnait : «De la musique avant toute chose, et pour cela préfère l’impair». Passe et manque. Certains loyalistes, pas tous heureusement, ne passent rien aux USA en ce moment. Et ne manquent pas de leur attribuer toutes les vicissitudes internes ou presque. Même au risque de paraître commettre un flagrant impair. Ainsi cette poignée de rares penseurs,...