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Actualités - ANALYSES

Sécurité - L’extrémisme subversif y a droit de cité - Aïn el-Héloué, un camp qui est un baromètre régional

Serait-on proche d’un arrangement dans les Territoires ? Sans doute, puisque Aïn el-Héloué s’agite. Ce bastion du radicalisme palestinien, d’un extrémisme qui, à travers Abou Mahjane, patron de la fameuse Esbet el-Ansar, va jusqu’à flirter avec Ben Laden, constitue en quelque sorte la dernière cartouche des forces hostiles au processus de Madrid. L’armée campe sur ses abords, en contrôle de près les entrées, depuis 1999. Depuis le massacre, par des assassins en provenance de cette souche pourrie, de quatre juges libanais à Saïda. Or, voici que les activistes du camp s’en prennent ouvertement aux forces régulières libanaises. En fait, les provocations ont commencé il y a trois mois déjà, à la première annonce de (fausse) trêve dans les Territoires. Et bien entendu, après les attentats du 11 septembre et le déclenchement des opérations en Afghanistan, le mouvement s’est accentué. Mais il a pris ces derniers jours une allure de véritable déclaration de guerre à l’État libanais. Aussi, le commandement de Yarzé a-t-il lancé un sévère avertissement aux fauteurs de troubles palestiniens. Dans son communiqué, l’état-major affirme qu’il ripostera aux agressions par tous les moyens adéquats «pour parvenir à arrêter les coupables et les déférer devant la justice». Une petite phrase qui a l’air bien banale, mais qui est en réalité lourde de sens. Car elle signifie que, le cas échéant, l’armée ne tiendrait plus compte de l’extraterritorialité de fait consentie, à cause de considérations régionales, aux camps palestiniens de ce pays. Et qu’elle pénétrerait dans Aïn el-Héloué pour y traquer et y capturer les éléments subversifs. Cependant, des cadres sécuritaires locaux soulignent que Esbat el-Ansar pourrait justement chercher à entraîner l’armée à investir le camp. Pour que les Palestiniens se trouvent en mesure d’accuser le Liban de s’en prendre à leur cause. Tout en se trouvant eux-mêmes un prétexte pour réunifier leurs rangs autour du slogan du combat contre le nouvel ennemi. Une thèse qui semble à dire vrai un peu tirée par les cheveux. Mais il n’est pas certain qu’elle soit erronée, dans la mesure où il n’est pas du tout sûr qu’Abou Mahjane sache faire de justes calculs politiques. Car il est douteux qu’Arafat, qui garde un poids majeur dans le camp, veuille en ce moment se brouiller avec le Liban et a fortiori avec la Syrie. Tout comme il est évident que les organisations palestiniennes progressistes dites du refus, basées à Damas, n’envisagent pas de heurts avec leurs protecteurs via une confrontation avec les autorités libanaises. D’ailleurs, il y a eu dans les camps palestiniens une forte averse de communiqués condamnant les agressions contre l’armée libanaise. Mais personne n’a bougé pour mettre la main au collet des coupables. C’est dire si Abou Mahjane fait peur. Quoi qu’il en soit, les mêmes sources sécuritaires locales relèvent que Esbet el-Ansar sait parfaitement que l’État libanais n’est pas disposé à se laisser titiller. Qu’il compte faire appliquer la loi et exécuter les mandats d’arrêt dont les chefs de cette organisation font l’objet. Comment, en pénétrant dans le camp ? Non, répondent ces cadres, en organisant des montages pour attirer au-dehors les suspects recherchés. Plus facile à dire qu’à faire... surtout, d’ailleurs, si on le dit ! Toujours est-il que, selon ces sources, Esbet el-Ansar, s’apercevant que les poursuites devenaient sérieuses, tente de se trouver une couverture palestinienne généralisée. En poussant les autres fractions à se ranger à ses côtés, dans une bataille désormais ouverte avec des forces tierces. Mais les Libanais s’ingénient à déjouer ces visées. En ne cessant d’accabler d’éloges l’intifada et en soulignant que les pêcheurs en eau trouble n’ont rien à voir, bien au contraire, avec cet élan héroïque du peuple palestinien. Évidemment, au niveau de la dialectique, tous ces arguments peuvent paraître un peu primaires. Ce qui est normal, du moment qu’ils ne sont pas le fait de professionnels de la politique. À ce propos, il faudra attendre un peu pour voir comment le pouvoir va agir ou réagir aux provocations d’Abou Mahjane. Dès qu’elles se sont produites, Yarzé en a informé le président du Conseil qui se trouvait alors en Allemagne. Sur le moment, M. Hariri a donné carte blanche au commandement pour veiller à ramener l’ordre, tout en évitant que la discorde ne s’étende comme une traînée de poudre. C’est-à-dire d’user de ferme dissuasion, la couverture politique étant assurée. En attendant que la couverture régionale le soit également, pour une mainmise sur les camps palestiniens.
Serait-on proche d’un arrangement dans les Territoires ? Sans doute, puisque Aïn el-Héloué s’agite. Ce bastion du radicalisme palestinien, d’un extrémisme qui, à travers Abou Mahjane, patron de la fameuse Esbet el-Ansar, va jusqu’à flirter avec Ben Laden, constitue en quelque sorte la dernière cartouche des forces hostiles au processus de Madrid. L’armée campe sur ses...