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Actualités - REPORTAGES

Deux mille kilomètres en brousse

Pour parvenir à quatre des douze Centres de lecture et d’animation culturelle (Clac) mis en place par l’Agence intergouvernementale de la francophonie (AIF), il faut parcourir 2 000 kilomètres en brousse. Quitter Niamey, la capitale du Niger, et aller vers le sud du pays, vers la frontière entre le Burkina Faso et le Nigeria. Il faut se diriger vers le nord ensuite, pour arriver aux portes du Grand Sahara. Sur le chemin, on croise des caravanes de chameaux qui transportent des marchandises vers le nord, on s’extasie devant les paillotes blondes des nomades, ou devant l’architecture de petits villages en terre cuite. On s’arrête pour visiter un marché en plein air, où le système du troc n’a pas encore disparu. On découvre des hameaux, où vit uniquement une famille formée de plusieurs générations. Et l’on croise des tribus et leurs chefs qui préservent les traditions. Sorciers, chevaliers invincibles, guerriers du Sahel font leur spectacle avec bâtons de bois ou lames de fer. Chez les Peuls de Matayme, où un Clac a été installé, on se déhanche sur le rythme des tam-tams. Seuls les hommes ont le droit de participer à la danse traditionnelle, qui peut durer des heures. Mais il faut être fort, invincible, car tout en se déhanchant… on reçoit des coups de fouet. Les peaux se déchirent et saignent. Et celui qui tiendra jusqu’au bout, enivré par le rythme, la douleur, et probablement l’odeur du sang, sera récompensé : il épousera le soir même la plus jolie jeune fille du village. Aux portes du désert, plusieurs tribus habitent la même localité : Tanout. Dans cette bourgade qui mène sur la route d’Agadez, on croise des Touaregs dans leur costume bleu traditionnel. Ils se promènent, majestueux, à dos de chameau. Dans cette localité, les Clac ont pris de l’envergure. Grâce au local qui loge le centre, les habitants du village ont réussi à attirer un projet gouvernemental visant à soutenir les femmes. Dans ce cadre, un atelier de couture a été mis en place non loin des locaux du Clac. Les cours rassemblent une vingtaine de jeunes femmes. Parmi elles, Zeinoub. Elle a 22 ans et elle s’est éloignée de la machine à coudre pour allaiter son enfant, un nourrisson de quelques mois. Zeinoub travaille depuis deux ans dans cet atelier. Comme toute les autres femmes, elle tente d’écouler la marchandise à Zinder, la ville la plus proche du bourg. Grâce à son travail, Zeinoub a réussi à confectionner son propre trousseau. Mais elle ne s’est pas encore mariée. Moussa, le père de l’enfant, l’épousera dans les mois à venir. À Tanout, la cérémonie de mariage dure une semaine. Toujours au cœur de la brousse, Abdou Gardi, 70 ans, raconte que sa belle-fille, Hassia, est arrivée chez eux avec un trousseau de plus de trente marmites. Et pour montrer qu’il ne ment pas, il nous invite à visiter la maison, une hutte d’une dizaine de mètres carrés, celle de son fils nouvellement marié. Effectivement, de petites marmites sont entassées contre le mur en paille. Sa belle-fille aussi est venue à la maison conjugale avec un lit. Un meuble de grand luxe dans ce village, où les ustensiles de cuisine sont fabriqués à partir de légumes séchés. Ici par exemple, comme au marché ou ailleurs dans la brousse, les louches ne sont autres que des courges coupées en deux et séchées…
Pour parvenir à quatre des douze Centres de lecture et d’animation culturelle (Clac) mis en place par l’Agence intergouvernementale de la francophonie (AIF), il faut parcourir 2 000 kilomètres en brousse. Quitter Niamey, la capitale du Niger, et aller vers le sud du pays, vers la frontière entre le Burkina Faso et le Nigeria. Il faut se diriger vers le nord ensuite, pour arriver...