Rechercher
Rechercher

Actualités - BIOGRAPHIES

Le roi du Gobir, ancien cadre - de la banque nationale

La quarantaine, Abdou Bella Marafa est le roi des Haoussas, une importante tribu qui habite une région appelée Gobir, au sud du Niger. Il vit dans une grande maison de terre cuite. C’est la seule habitation peinte en blanc de tout le village. Le sol de la maison est couvert de moquette et de tapis. Sur les murs, les photos du roi avec des responsables nigériens et étrangers sont accrochées. Des ventilateurs aèrent la salle où le souverain reçoit les visiteurs. Lui, par contre, s’offre les soins d’une personne qui agite l’air à côté de lui à l’aide d’un grand éventail. Le roi est l’homme le plus puissant de Tibiri. Abdou Bella Marafa a fréquenté l’école et l’université. Il a été nommé ensuite cadre à l’Agence centrale du Niger, l’équivalent de notre Banque du Liban. Il habitait Niamey, la capitale du pays. Il portait des costumes cousus à l’occidental et se rendait en avion à Paris, Londres et dans d’autres capitales européennes. Plus maintenant. Il entretient actuellement une cour de plusieurs centaines de personnes. Sa porte est ouverte à tous, et il doit s’occuper de sa tribu. «Je représente Dieu sur terre, et je suis vénéré par mon peuple», explique-t-il. Pas question donc de partir en vacances en Europe. «Il faut emmener à ce moment-là toute la cour avec moi», assure-t-il. Quand en 1997, à Tibiri, le souverain, le chef de la province du Gobir, est mort, il a fallu assurer la succession. Abdou Bella Marafa, l’actuel roi, qui vivait tranquillement dans sa maison de Niamey, avait douze balafres au visage. Un signe qu’il porte avec 28 autres héritiers du roi et qui font partie de la famille. Quand l’ancien souverain est mort donc, on a dû choisir un nouveau roi. Les sorciers du village se sont rassemblés pour s’acquitter de cette mission. Ils ont interrogé la terre. Et la terre a répondu, il fallait qu’Abdou Bella Marafa remplace son aïeul. Seules neuf personnes de la tribu Gobir, ayant à leur tête une femme de soixante ans, Inna, sont aptes à interroger la terre pour désigner un nouveau souverain. Inna détient toutes les connaissances. Après le roi, elle est la personne la plus importante de la localité. Et Inna, qui guide et préside les sorciers de la tribu, ne se trompe jamais. Elle a vu et entendu la terre désigner Abdou Bella Marafa pour son nouveau poste. Et le nouveau roi fait bien son métier. Une fois ses visiteurs étrangers dépaysés et enchantés par le Gobir et les Haoussas, il revient à la vie quotidienne dans la brousse, au malheur des enfants de la province touchés par une maladie incurable : le syndrome de Tibiri. Une malformation osseuse qui touche les nourrissons et les jeunes enfants. L’eau de la localité contient un excès toxique en fluor, à un degré insupportable pour l’organisme humain. Elle déforme les os du crâne, du dos et des membres des enfants âgés de quelques semaines à douze ans. Actuellement, dans Tibiri et ses environs, plus de 600 enfants souffrent de troubles physiques, psychiques et physiologiques. L’eau a récemment été coupée pour protéger les habitants. Mais le mal est déjà fait. Jusqu’à présent, aucun remède n’a été trouvé. «Mais que faire de ceux qui sont déjà atteints de la maladie et qui grandiront handicapés ?» demande le roi, faisant appel à l’aide de la communauté internationale. Jusqu’à présent, sa question demeure sans réponse. Que fera-t-il si on lui offrait le poste de président de la République ? La question le fait rire. «Je refuserai bien sûr», répond-il, en expliquant qu’il n’y a pas «comme l’emploi que j’occupe maintenant pour être utile à mon peuple».
La quarantaine, Abdou Bella Marafa est le roi des Haoussas, une importante tribu qui habite une région appelée Gobir, au sud du Niger. Il vit dans une grande maison de terre cuite. C’est la seule habitation peinte en blanc de tout le village. Le sol de la maison est couvert de moquette et de tapis. Sur les murs, les photos du roi avec des responsables nigériens et étrangers sont...